Un landau qui dévale les marches de l’escalier d’Odessa… On a presque tous en tête ce plan le plus connu du film Le Cuirassé Potemkine, qui est lui-même le film le plus connu du réalisateur russe Sergueï Eisenstein. Ce film, même quand on ne l’a jamais vu (c’était mon cas jusqu’à hier soir), on sait qu’il est réputé comme l’un des dix plus grands films de tous les temps. Grâce à la Cinémathèque de Toulouse qui propose cette semaine un cycle complet autour des films d’Eisenstein, je comprends mieux cette réputation.
En cinq actes, le film nous montre comment les marins du cuirassé, affamés, exaspérés d’être nourris de soupe à l’eau et de viande avariée, se sont mutinés et ont contaminé de leur fièvre révolutionnaire toute la Russie.
A l’origine, ce film devait commémorer les vingt ans de l’année 1905. Le Cuirassé Potemkine (1925) n’était donc qu’un chapitre d’une immense fresque ambitieuse, qui ne sera finalement pas réalisée. Tout ce qu’il devait y avoir dans ce film-fleuve, Eisenstein l’a concentré dans les 64 minutes du Cuirassé.
Le film est d’une efficacité terrible. Obéissant à la structure de la tragédie classique, on y voit naître la colère des marins, la révolte prendre forme et déborder sur le port d’Odessa avant de s’achever dans une bataille navale épique. Quelle modernité ! Des figurants à en perdre la tête, des scènes de furie, des personnages pittoresques… Les images sont splendides, au service d’un épisode plein de souffle et d’espoir.
Pour accompagner les images muettes, la cinémathèque propose un concert de piano en direct, comme dans l’ancien temps. Bref, vous êtes dans les conditions idéales pour découvrir ou redécouvrir les chefs-d’œuvre d’Eisenstein qui est à l’honneur jusqu’à samedi.
Pendant les derniers jours que la Cinémathèque consacre à Eisenstein, vous pourrez voir aujourd’hui à 19 heures Ivan le terrible (première partie) suivi à 21 heures par Que viva Mexico. Demain vendredi 2 février, Tonnerre sur le Mexique à 19 heures et Octobre à 21 heures en ciné-concert accompagné par Michel Lehmann au piano. Enfin, samedi 3 février, projection à 17 heures de la deuxième partie d’Ivan le terrible et à 21 heures du film Alexandre Nievski.
Alors, rendez-vous à la Cinémathèque (69 rue du Taur, Toulouse). De 3, 50 € à 7 € la séance. De 3,50 € à 13 € le ciné-concert.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
4 comments
“ont contaminé de leur fièvre révolutionnaire toute la Russie” = n’oublions pas que c’est un film de propagande 😉 Il y a eu plusieurs révoltes de marins, celle du Potemkine est la plus connue, notamment grâce au film !
Tu as bien raison de le préciser Allychachoo, le film doit être resitué dans son contexte : il ne s’agit pas d’un documentaire historique et objectif, mais bien d’une fiction de propagande ! Et quelle efficacité en la matière !
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