À partir d’aujourd’hui et jusqu’au vendredi 2 juillet, le Théâtre Sorano (Toulouse) présente le seul en scène À vie. Sébastien Bournac y met en scène le comédien François-Xavier Borrel. J’ai eu l’occasion de voir ce spectacle le mois dernier ; voici ce que j’ai retenu et mon avis sur À vie.
Le texte est inspiré du témoignage d’un homme condamné à perpétuité pour un double meurtre à la fin des années 60. Sous la forme d’une interview, Klaus Antes et Christiane Erhardt en avaient fait un livre, qui inspira lui-même Fassbinder pour son film Je veux simplement que vous m’aimiez. Le film a marqué le metteur en scène Sébastien Bournac qui a donc imaginé ce seul en scène. Le spectacle revient sur la vie de Peter Jörnschmidt et nous fait remonter le fil de son existence jusqu’à son point de bascule.
Une parole spontanée qui trébuche, qui raconte quelques souvenirs insignifiants, déroule peu à peu une histoire terrible qui prend à la gorge. Rien ne laisse prédire ce qui arrive, et c’est l’irréparable.
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En travaillant sur Fassbinder, Sébastien Bournac a découvert ce témoignage judiciaire bouleversant d’un détenu condamné à perpétuité extrait d’une étude allemande des années 1970, entre sociologie et psychiatrie. Il en a commandé la traduction à Irène Bonnaud.
Dans une trompeuse simplicité, on parcourt la parole brute de Peter Jörnschmidt et les chemins obscurs qui ont conduit au meurtre ce jeune homme comme les autres qui essayait seulement de vivre avec ses contemporains et de s’intégrer.
Mais s’avouer qu’on est un raté est difficile. Et l’avouer à ceux qui l’ont toujours su, c’est pire…
Mon avis sur À vie de Sébastien Bournac.
Le comédien François-Xavier Borrel pose sa voix sur ce témoignage devant une caméra qui l’enregistre et pulvérise son image aux quatre coins de la scène. En effet, le plateau est constellé d’écrans qui diffusent l’image du personnage sous tous les angles. Mise à distance, analyse sociologique, l’effet est à la fois sobre, brut et impactant.
Le texte rappelle J’espère qu’on se souviendra de moi dont nous vous parlions en octobre 2016, une pièce de Jean-Marie Piemme par le même metteur en scène, dans laquelle on retrouvait ce regard sociologique sur une affaire de meurtre et une image diffractée par une multitude de miroirs (remplacés aujourd’hui par des écrans vidéos).
À vie est un spectacle qui sera à l’affiche jusqu’à vendredi. N’hésitez pas à aller sur le site du Sorano pour réserver votre place.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.