Ce n’est pas parce que le mois de février est le mois le plus court de l’année qu’il faut faire des concessions sur le nombre de spectacles que l’on ira voir ! Voici notre agenda des concerts, opéras et pièces de théâtre à ne pas manquer en février 2025 à Toulouse et dans ses environs.
THÉÂTRE
■ La nuit se lève, de Mélissa Zehner (Théâtre Sorano)
Comme à leur habitude, elles se sont réunies : elles vont parler, chanter, célébrer une défunte qu’elles ont connue intimement… Cinq femmes s’immergent dans un passé trouble souvent évité – les abus sexuels vécus enfant au sein du foyer.
Les Palpitantes convoquent le pouvoir des mots et de la musique pour nous embarquer dans les méandres d’une mémoire traumatique. Elles composent, avec délicatesse et parfois même avec humour, une narration qui sonne infiniment juste. La puissance de ces femmes réunies sur le plateau nous cueille au plus profond de nous-mêmes et dénonce la fabrique du silence qui entoure l’inceste.
Un objet artistique kaléidoscopique, salvateur et vivifiant, pour mieux rendre la violence palpable sans jamais pour autant se départir de la tendresse.
Du 4 au 6 février
■ Illusions, d’Ivan Viripaev par Galin Stoev (Théâtre de la Cité)
Déjà présentée au Théâtre de la Cité en mai 2024, Illusions est de nouveau programmé ce mois-ci. Et si vous êtes des lecteurs assidus de Culture déconfiture, vous savez que j’adore cette pièce d’Ivan Viripaev.
Illusions explore notre capacité à créer du réel à partir de notre imagination et c’est la quintessence même du théâtre. Sept jeunes interprètes racontent, creusent et incarnent la beauté, l’humour et les paradoxes de la vie amoureuse de deux couples qui se trouvent à la fin de leur vie. Ils traversent avec ferveur et espoir les souvenirs de ces vieux personnages pour nous parler du sentiment amoureux. Au fil de la confession et du dévoilement de soi, chacun∙e se réactive et réanime la vie sentimentale de Sandra, Dennis, Margaret et Albert. Une histoire tendre et ironique fondée sur la tentative de réconcilier la soif d’amour inconditionnel et l’impossibilité de trouver « un minimum de constance dans ce cosmos changeant ».
Du 5 au 14 février
■ Ahouvi, de Yuval Rozman (Théâtre Garonne)
Ahouvi veut dire « mon amour », en hébreu. Car c’est d’amour dont il s’agit : entre Thamar, née à Jérusalem, et le Français Virgile, comment l’amour est né et s’est déployé, magnifiquement, chaotiquement, puis violemment, puis tristement, avant de se recroqueviller tout à fait pour enfin disparaître.
C’est d’ailleurs à l’instant de sa disparition que nous entrons comme par effraction dans l’intimité de ce couple – spectateurs installés autour d’une scène blanche et nue qui lui donne les airs d’un ring. Avec, en guise de témoin silencieux, tendre et attentif, leur chien Yova : par sa simple présence, il commente sans mots les soubresauts de cette tragicomédie qui nous balade avec un humour de l’anecdote plus ou moins familière à l’histoire, bien plus vaste, d’une relation électrique entretenue par une frontière tout autant invisible qu’infranchissable par ces deux êtres comme par deux peuples.
Avec Ahouvi, c’est toute la puissance d’un sentiment aussi intense que destructeur qui vient nous (re)saisir, et nous rappeler que la violence de l’extase et l’inexorable de la catastrophe ne sont jamais loin.
Du 5 au 8 février
■ Le Jeu du Boulevard, d’après Feydeau, Tardieu & Labiche par l’Atelier de la Gare (Théâtre du Pavé)
L’Atelier de la Gare joue actuellement son tout nouveau spectacle Le Jeu du Boulevard, que les acteurs de la troupe ont présenté en novembre dernier à la Gare aux Artistes de Montrabé. En février 2025, c’est le Théâtre du Pavé à Toulouse qui leur ouvrira ses portes.
Le Dindon, La Puce à l’oreille, La Dame de chez Maxim’s… ces pièces sont toutes considérées comme de grands classiques dans le registre du boulevard. L’Atelier de la Gare, qui aime se frotter à chacune de ses créations à de nouveaux styles, a donc plongé dans ces grandes comédies du siècle dernier pour en donner sa propre version, sous le signe du rire, du chant et de la danse.
Le 12 février au Théâtre du Pavé et le 15 février à Bruguières (salle Xéraco)
■ Le Cercle des poètes disparus, de Tom Schulman par Olivier Solivérès (Salle Horizon Pyrénées / Muret)
Oh Capitaine, mon Capitaine… Cette réplique du Cercle des Poètes Disparus résonne toujours. Pour la première fois en France, le film est adapté au théâtre avec dans le rôle du magnétique John Keating, Stéphane Freiss. Ce professeur charismatique et iconoclaste inspire ses jeunes élèves s’ouvrant à la vie, loin du carcan des conventions qu’incarne leur établissement. Histoire émouvante et contemporaine, la pièce célèbre l’amitié, l’émancipation, la transmission au moment où se dessinent personnalités et destins.
Un cri à la vie ! Un cri à la Liberté ! Carpe Diem ! Carpe Diem !
Le 21 février
DANSE
■ Bate Fado, de Jonas&Lander (Théâtre de la Cité)
BATE FADO est une performance hybride, entre danse et concert de musique, conçue pour quatre danseur∙se∙s, un chanteur de fado et quatre musiciens. Comme la plupart des mouvements musicaux urbains, tels que la samba ou le flamenco, le fado a aussi ses propres danses. À Lisbonne, la danse qui s’est le plus exprimée fut le fado batido, inspirée d’une danse à claquettes énergique et virtuose. Dans ce spectacle, Jonas&Lander souhaitent réinterpréter et récupérer l’acte de danser (taper) le fado, où la danse émane de la qualité d’un instrument de percussion en dialogue avec la voix et les guitares.
BATE FADO se révèle comme le premier pas pour récupérer la danse que le fado a perdu.
4 & 5 février
■ Extra Life, de Gisèle Vienne (Théâtre de la Cité)
Poursuivant mon travail sur les systèmes de perception, leur construction, leur sens et leurs déplacements possibles, cette nouvelle création développe et déplie l’expérience d’un moment. À la fin de la nuit, après une fête, une sœur et son frère, adultes, se retrouvent. Le lien fusionnel entre les deux enfants, dans un contexte familial violent, s’est trouvé brutalement déchiré par un drame, 20 ans auparavant. Le système qui a provoqué cette expérience traumatisante, cette toile, est défait, et c’est l’ouverture à la sensibilité et la nouvelle capacité d’analyse qui vont permettre la construction d’une autre architecture, d’un autre système, un champ d’action possible à venir.
Gisèle Vienne
12 &13 février
VARIÉTÉ
■ Clara Luciani (Zénith)
On vous a souvent parlé de Clara Luciani sur Culture déconfiture. De ses albums ici ou de ses concerts là. Bonne nouvelle : la chanteuse pop fait son grand retour au Zénith pour un nouveau spectacle et de nouvelles chansons à ne pas manquer.
7 février
■ Marianne James, Tout est dans la voix (Halle aux Grains)
Une masterclasse déjantée. L’histoire de la voix, des Australopithèques à Céline Dion. Marianne James poursuit son histoire d’amour avec le public d’Odyssud, inaugurée au début des années 2000 avec Ultima Recital et son personnage de cantatrice fantasque Maria Ulrika Von Glott. La redoutable membre du jury du talent show de La France a un incroyable talent revient cette fois avec un seule-en-scène musical au concept unique : une histoire de la voix chantée, conçue comme une expérience interactive à la découverte de sa propre voix. Le franc-parler et l’humour décapant de la diva sont bien là, la sensibilité et la douceur aussi. Un cours presque particulier à ne rater sous aucun prétexte, que vous ambitionniez une carrière de chanteur professionnel ou envisagiez simplement de briller lors de votre prochaine soirée karaoké.
8 février
■ ERA (Zénith)
Le concept ERA, une exploration musicale de mondes ésotériques imaginatifs, où les langues se mélangent en un sabir inédit. Redécouvrez les titres mythiques de ERA dans une formule live, moderne et puissante.
19 février
CLASSIQUE & OPÉRA
■ Lambert Wilson chante Kurt Weill (Halle aux Grains)
En suivant la vie du compositeur et ses émigrations, nous assistons aussi au bouleversement d’un monde qui déplace progressivement son centre culturel, pendant que l’Allemagne perd pied.
La chanson fait partie de la vie de Lambert Wilson depuis bien longtemps, et il s’y consacre de plus en plus intensément à côté de son immense carrière de comédien. Avec ce spectacle dédié à Kurt Weill, il trouve un répertoire demandant du talent dans ses deux arts de prédilection. À cheval entre opéra et cabaret, l’œuvre de Weill qualifiée de « dégénérée » par les nazis a su trouver son chemin vers la culture populaire, avec par exemple Alabama Song, Speak Low ou Mack the Knife.
31 janvier & 1er février
■ Orphée aux Enfers, de Jacques Offenbach par Olivier Py (Opéra du Capitole)
Satirique et désopilant, ce premier grand succès d’Offenbach, où dieux et héros dansent au rythme grivois du french cancan, inaugure un genre nouveau et d’une irrévérencieuse modernité. La fine fleur du chant français jubile et nous fait jubiler dans une mise en scène de grand opéra, menée tambour battant par un Olivier Py bien décidé à déployer une monumentale et infernale folie !
Jusqu’au 2 février
■ Evgeny Kissin (Halle aux Grains)
Un quatuor de stars pour commémorer le cinquantenaire de la disparition de Dimitri Chostakovitch ! Grand témoin de l’histoire de son pays, prodigieux contempteur de la nature humaine, le compositeur nous laisse une œuvre déchirante. Tragique, grandiose et provocatrice, elle ne nous laisse pas indifférent. Les artistes Gidon Kremer, Maxim Rysanov & Gautier Capuçon sont réunis autour d’Evgeny Kissin et nous promettent une soirée mémorable.
10 février
■ Les musiques de John Williams & Hans Zimmer (Zénith)
Interstellar, Jurassic Park, The Dark Knight, Harry Potter, Inception, Star Wars ou encore Pirates des Caraïbes… redécouvrez vos musiques de films préférées lors d’un concert symphonique exceptionnel avec plus 70 musiciens sur scène !
Des mélodies inoubliables signées John Williams et Hans Zimmer qui participent depuis plusieurs décennies au succès des plus grands films hollywoodiens !
15 février
■ Tarmo Peltokoski & l’ONCT (Halle aux Grains)
Tarmo Peltokoski, passionné par l’opéra et les deux compositeurs, Strauss et Mozart, se fait le metteur en scène musical d’un passionnant florilège, au côté de la soprano australienne Siobhan Stagg.
Ce n’est pas un hasard si l’Opéra de Vienne ouvre ses portes avec Don Giovanni en 1869 : un siècle plus tôt, Mozart créait dans cette ville certains de ses plus grands chefs-d’œuvre, comme Les Noces de Figaro ou La Flûte enchantée. Grâce à sa collaboration fructueuse avec le librettiste viennois von Hoffmansthal, Strauss laisse quant à lui des opéras passionnants, peuplés d’héroïnes à la psychologie complexe. Vienne est le théâtre de leur Chevalier à la rose, vibrant hommage musical à Mozart, et la ville où est créée leur Femme sans ombre.
20 février
■ Jules César, de Georg Friedrich Haendel par Damiano Michieletto (Opéra du Capitole)
Jules César vient de vaincre Pompée en Égypte. Mais il doit faire face au souverain égyptien Ptolémée, lui-même en conflit de pouvoir avec sa sœur Cléopâtre. C’est aux célèbres amours de César et Cléopâtre que l’on doit la fin heureuse du plus inspiré des opéras de Haendel. Les airs se succèdent avec une inépuisable invention mélodique, les nombreux rebondissements font balancer l’action entre épisodes burlesques et scènes pathétiques. Pour l’entrée au répertoire de ce chef-d’œuvre baroque, une distribution prestigieuse rivalise de virtuosité, tandis que Damiano Michieletto signe une mise en scène d’une sombre beauté.
Du 21 février au 2 mars
■ Tarmo Peltokoski & Sol Gabetta (Halle aux Grains)
Un grand concert symphonique sous la direction de Tarmo Peltokoski, accompagné de la violoncelliste Sol Gabetta. Après avoir triomphé avec la Symphonie n°1 « Titan » de Mahler dans la salle mythique du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de son nouveau directeur musical Tarmo Peltokoski, l’Orchestre national du Capitole la présente à la Halle aux grains. Œuvre fascinante par son hétérogénéité (qui lui fut beaucoup reprochée), cette symphonie reprend notamment des éléments de musique juive. Avec la soliste Sol Gabetta, tout devrait n’être au contraire qu’authenticité et fraîcheur.
27 février
Vous voyez, les propositions ne manquent pas, même en février ! Alors, qu’irez-vous voir et écouter ce mois-ci ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.