Charlotte et moi-même vous souhaitons une excellente année 2024 ! Et comme une année sans spectacle ne saurait être une année réussie, nous entamons ce mois de janvier avec un nouvel agenda culturel pour vous présenter les spectacles que nous recommandons à Toulouse et dans ses environs ce mois-ci. Au programme, de la comédie, du drame, de la chanson… bref, tout ce qu’il faut pour recharger ses batteries et commencer 2024 sous les meilleurs auspices !
Le Songe, d’après Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare par Gwenaël Morin au Théâtre Garonne
Quand Gwenaël Morin, trublion de la scène française contemporaine, s’approprie Le Songe d’une nuit d’été, illustre comédie shakespearienne, avec sa renversante intrépidité coutumière, cela donne Le Songe, une farce totalement débridée – à la fois drolatique, poétique, érotique et cosmique. Une ode au théâtre comme lieu irréductible de tous les possibles.
Façonnant un théâtre très organique, Gwenaël Morin a choisi de représenter cette fantaisie majeure de William Shakespeare comme « une comédie libre et cruelle, à laquelle le rêve donne toutes les licences ». Il entraîne ici avec lui quatre (fidèles) interprètes – Virginie Colemyn, Julian Eggerickx, Barbara Jung, Grégoire Monsaingeon – qui incarnent non seulement les quatre protagonistes principaux (beaucoup plus jeunes dans la pièce) mais également divers autres personnages. Sollicitée pour la première fois par le metteur en scène, la chorégraphe et danseuse Cécilia Bengolea apporte, quant à elle, une touche d’extravagance corporelle à cette opération collective, joyeusement transgressive, tendue tout du long vers l’horizon libérateur de l’illimité.
Du 10 au 19 janvier – tarifs sur le site du Théâtre Garonne
Le Tartuffe, de Molière par Guillaume Séverac-Schmitz au Théâtre de la Cité
Je vous ai parlé récemment de ce metteur en scène à propos de son Richard III dont j’étais ressorti mitigé. Le Tartuffe avait déjà été présenté au Théâtre de la Cité en 2021 (retrouvez ici notre article d’alors). Séverac-Schmitz propose une version contemporaine et jeune de la comédie de Molière qui plaira sans aucun doute aux adolescents et les réconciliera avec le grand dramaturge français, parfois joué de façon poussiéreuse par d’autres compagnies. Ici, le spectacle se veut rock’n’roll sans pour autant trahir les mots ni l’esprit de la pièce originale.
Du 11 au 26 janvier – tarifs sur le site du Théâtre de la Cité
Les Goguettes à l’Aria de Cornebarrieu
Ils sont quatre et tracent une voie inédite dans le paysage français, entre humour corrosif et chanson à texte. Cette voie, celle des chansonniers, plutôt peu fréquentée ces dernières années, les a déjà menés jusqu’à l’Olympia. Formée à la dure école des cafés-concerts parisiens, rompue aux subtilités d’Internet, l’équipe des Goguettes, qui vient de célébrer dix ans d’existence, a prouvé qu’elle en avait sous la pédale. Et a su considérablement dépoussiérer le genre. Leurs cibles : l’actualité, les politiques, le quotidien. Leurs armes : un humour sans limites et un talent certain pour la chanson. Imparable.
Du 11 au 14 janvier – tarifs sur le site d’Odyssud (hors les murs)
Il n’y a pas de Ajar, de Delphine Horvilleur au Théâtre Sorano
« Au cœur de toutes ces obsessions identitaires qui nous assaillent et tentent de nous définir uniquement par notre naissance, notre couleur de peau, notre religion, ou nos orientations sexuelles… un homme peut nous sauver. Pas de chance : il s’est suicidé en 1980 ! Cet homme s’appelait Romain Gary et il a heureusement laissé dans le monde d’importantes traces. À commencer par son pseudo : Émile Ajar. Étrange histoire de fictions et de réinventions. Plus étrange encore est le voyage auquel nous vous invitons : rencontrer un homme, Abraham Ajar, qui dit être le fils d’Émile. Mais comment peut-on être le fils d’un type qui n’a jamais existé ? Abraham Ajar nous enseigne comment ne pas être uniquement ce que nous croyons être. Devenir un autre n’est sûrement pas un ajar ! » (dixit Delphine Horvilleur)
Du 23 au 26 janvier – tarifs sur le site du Théâtre Sorano
Focus, de Vérino à la Halle aux Grains
Cela fait des années que Vérino tourne avec son spectacle Focus, remis toujours au goût du jour au gré de l’actualité. Alors oui, c’est du stand-up et tout le monde sait que je n’aime pas ça, mais franchement Vérino fait ça avec classe ! Le petit plaisantin a vraiment un humour très percutant et sait décrire avec beaucoup de mordant les situations du quotidien. J’aime particulièrement quand il use d’autodérision ou s’en prend aux défauts de sa petite famille. Il revient à Toulouse et nous convie cette fois à la Halle aux Grains, une salle plus intime et chaleureuse que le Casino Barrière où nous l’avions vu en 2022.
Le 24 janvier – de 16 à 37 €
Coming Out, de Mehdi Djaadi au Casino Barrière
Contrairement à ce qui le titre laisse imaginer, ce spectacle n’est pas une pièce LGBT. Dans ce one man show autobiographique, Mehdi Djaadi nous raconte son parcours spirituel. Avec humour mais aussi beaucoup de poésie, il bat en brèche les préjugés et toutes les formes de fanatisme. Bref, un excellent numéro que l’on avait adoré voir en mars 2023 et qui revient ce mois-ci au Casino Barrière.
Le 24 janvier – à partir de 29,20 €
La Haye, de Sasha Denisova par Galin Stoev au Théâtre de la Cité
La pièce La Haye de l’autrice ukrainienne Sasha Denisova est une « fantasmagorie » grotesque, drôle et sinistre basée sur des faits et des personnages réels liés à la guerre russe en Ukraine. Le texte mêle des éléments réels de la réalité politique et idéologique de la Fédération de Russie avec des fragments d’histoires documentaires de guerre et de tragédies familiales pour créer un récit non linéaire qui construit une image de la guerre à travers le monde émotionnel d’une petite fille. Écrit peu de temps après le début de l’agression militaire, sa première représentation a eu lieu en février 2023 en Pologne. Sasha Denisova l’a ensuite mis en scène en juin 2023 au Théâtre Arlekin Players de Boston, aux États-Unis.
Galin Stoev, metteur en scène et directeur du Théâtre de la Cité, en parle : « Ce texte est une rencontre impossible entre Shakespeare et les Monty Python. Une sorte de version du (futur) procès contre Poutine et son entourage au tribunal de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité se déroule sous nos yeux, prenant place dans la tête d’une enfant. Un enfant qui sera le principal accusateur. En ce sens, La Haye est une fantaisie théâtrale, à la fois comique et effrayante. C’est la première fois que je travaille sur un projet théâtral qui a un lien aussi direct et précis avec notre réalité immédiate. J’explore la possibilité d’une coexistence harmonieuse ou, au contraire, paradoxale entre politique et poésie, documentaire et musique, mythe et actualité. Cela donne lieu à des vertiges émotionnels et intellectuels et forme un champ de réflexion de nature purement artistique. Sur ce terrain de jeu, les fragments de « normalité » que nous avons perdus à cause de la guerre entrent en interaction directe les uns avec les autres. Cela construit une sorte de labyrinthe permettant au public d’explorer les limites de sa compréhension personnelle du bien et du mal. Tout comme un enfant, contraint par les circonstances, à devenir adulte ».
Les 24 & 26 janvier – de 0 à 20 €
La Femme sans ombre, de Richard Strauss à l’Opéra National du Capitole de Toulouse
La fille du Roi des Esprits est devenue l’épouse d’un Empereur asiatique au prix de la perte de son essence surnaturelle. Mais, privée d’une ombre, elle ne saurait appartenir pleinement au monde des humains. Pourra-t-elle négocier un échange avec de simples mortels ? Strauss et Hofmannsthal signent un conte fascinant au sens inépuisable, d’une opulence poétique et orchestrale inouïe. Pour cette œuvre surhumaine sont réunis des interprètes d’exception sous la baguette du grand Beermann, dans la production de Nicolas Joel, sublimée par les décors de Frigerio et les costumes de Squarciapino, d’une beauté à couper le souffle.
Du 25 janvier au 4 février – de 10 à 113 €
Chansons de là où l’œil se pose, par Juliette à la Halle aux Grains
J’essaie de ne jamais rater les passages de la chanteuse Juliette à Toulouse. De plus, j’ai adoré son dernier album Chansons de là où l’œil se pose dont je vous parlais ici. Pour bien commencer l’année 2024, Juliette revient à Toulouse pour un tour de chant dont elle a le secret, dans l’écrin tant aimé de la Halle aux Grains.
Le 31 janvier – de 16 à 37 €
Pour passer un excellent mois de janvier, voilà un agenda prometteur ! Alors, qu’irez-vous voir pour bien commencer l’année 2024 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.