Parmi vos bonnes résolutions, on espère qu’il y a notamment celle d’encourager le spectacle vivant en allant voir de nombreux spectacles en 2025, et ce dès le mois de janvier. Pour vous aider à faire le tri entre les différents programmes, nous vous proposons notre petit agenda dans lequel on a sélectionné les 16 spectacles les plus intéressants à voir en janvier 2025 à Toulouse et dans les environs. Il y a en a pour tous les goûts. Lesquels irez-vous découvrir ?
Concert du Nouvel An de l’ONCT (Halle aux Grains / Toulouse)
Pour bien commencer l’année, rien de tel qu’un concert du nouvel an avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (ONCT) dirigé par Tarmo Peltokoski. Au programme : la Symphonie n°9 de Beethoven. En toute simplicité !
1er & 2 janvier
Tarmo Peltokoski et l’ONCT (Halle aux Grains / Toulouse)
Tarmo Peltokoski vous invite pour un voyage au long cours puisque l’Orchestre du Capitole donnera l’intégralité des symphonies de Vaughan Williams.
Il ne bénéficie pas de la célébrité d’autres compositeurs anglais, et pourtant, Ralph Vaughan Williams a largement contribué au rayonnement de la musique de son pays, au point d’être enterré au côté d’Henry Purcell. Sa première symphonie exalte la beauté de la mer comme sa cruauté, d’où son titre A Sea Symphony. Solistes et chœur y chantent presque sans interruption : avec Chen Reiss, Sir Simon Keenlyside et le chœur Orfeón Donostiarra, le voyage devrait être spectaculaire !
11 janvier
Kaz Hawkins (Salle Nougaro / Toulouse)
Laissez-vous emporter par le phénomène Kaz Hawkins, la plus américaine des divas irlandaises. Quand on découvre la voix de Kaz Hawkins, on est tout de suite emporté sur les rives du Mississippi ou dans les rues de Memphis en compagnie des grandes chanteuses de la soul & du blues. Elle est pourtant née à Belfast. Elle a trouvé, au plus près de ces musiques afro-américaines qui lui ouvrent des bras réconfortants, le moyen de s’évader d’un quotidien marqué par la guerre civile et par la violence. Il faut dire que sa voix et son tempérament sont taillés pour ces musiques jalonnées par des chanteuses au groove inégalable, qu’elle parvient à concurrencer. Franck Le Masle, au piano, enveloppe cette puissance vocale d’une grande délicatesse, soulignant des cicatrices et des fêlures qui teintent de noir sa voix de feu.
22 & 23 janvier
Orphée aux Enfers, de Jacques Offenbach par Olivier Py (Théâtre du Capitole / Toulouse)
Satirique et désopilant, ce premier grand succès d’Offenbach, où dieux et héros dansent au rythme grivois du french cancan, inaugure un genre nouveau et d’une irrévérencieuse modernité. La fine fleur du chant français jubile et nous fait jubiler dans une mise en scène de grand opéra, menée tambour battant par un Olivier Py bien décidé à déployer une monumentale et infernale folie ! On avait aimé Dialogues des Carmélites, La Gioconda et Boris Godounov. Il n’y a aucune raison pour ne pas adorer Orphée aux Enfers !
24 janvier – 2 février
Claire Gimatt (Théâtre du Pavé / Toulouse)
On ne vous parle pas assez souvent de Claire Gimatt ! C’est pourtant l’une des artistes toulousaines les plus intéressantes de sa génération. Alors si vous n’êtes toujours pas allés l’écouter en concert, ne perdez pas cette occasion qui vous est donnée le 28 janvier au Théâtre du Pavé.
28 janvier
Lambert Wilson chante Kurt Weill (Halle aux Grains / Toulouse)
La chanson fait partie de la vie de Lambert Wilson depuis bien longtemps, et il s’y consacre de plus en plus intensément à côté de son immense carrière de comédien. Avec ce spectacle dédié à Kurt Weill, il trouve un répertoire demandant du talent dans ses deux arts de prédilection. À cheval entre opéra et cabaret, l’œuvre de Weill qualifiée de « dégénérée » par les nazis a su trouver son chemin vers la culture populaire, avec par exemple Alabama Song, Speak Low ou Mack the Knife.
31 janvier & 1er février
La Réunification des deux Corées, de Joël Pommerat (L’Estive / Foix)
Quand Joël Pommerat ne vient pas à Toulouse, ça vaut la peine de faire une petite heure de route pour aller le voir à Foix. Qu’est-ce que l’amour ? La Réunification des deux Corées dissèque ce sentiment dans toutes ses facettes et ses pluralités, sous les traits de neuf acteurs métamorphes. Ils incarnent tour à tour des amoureux transis, des parents inquiets, des déclarations, des ruptures, des deuils… Des êtres ordinaires, qui dévoilent toutes leurs fragilités, dans une pénombre intime.
2 janvier
Cosmos, de Kevin Keiss et Maëlle Poésy (Théâtre de la Cité / Toulouse)
Aux USA, dans les années 60, un groupe de femmes pilotes d’avion intègrent un programme clandestin pour la conquête spatiale…
Au fil de ce récit, inspiré d’une histoire vraie, s’entremêlent les discours intimes de chercheuses en astrophysique actuelle, mais aussi les confidences des comédiennes et artistes de cirque dites « aériennes » présentes au plateau. C’est une enquête sur le rapport au temps, à l’espace, au risque, aux limites, qui est menée.
Comment la pratique du cirque ou de la science modifie-t-elle notre rapport à la réalité terrienne ? À nos limites, à nos forces de réinvention ? Mais surtout qui sont les rêveuses obstinées dont les voix ont ouvert des voies ?
8-11 janvier
Women in Troy, As Told by Our Mothers, de Tiago Rodrigues par Dood Paard (Théâtre Garonne / Toulouse)
Manquer la première française du nouveau spectacle écrit par Tiago Rodrigues : hors de question ! Le collectif néerlandais Dood Paard retrouve le dramaturge portugais pour réinterpréter l’histoire mythique de Troie à travers le regard des femmes et plus particulièrement des mères. Leur Iliade au féminin, Femmes de Troie, racontées par nos mères est une pièce sur la guerre, l’oppression patriarcale mais aussi l’amour, qui trouve son écho dans les conflits actuels.
Si depuis plus de 3 000 ans l’histoire de Troie avait été racontée par les femmes, les guerres auraient-elles encore lieu aujourd’hui ? Nul ne peut le savoir car le récit de la guerre de Troie a été écrit uniquement par des hommes, Euripide et Homère, qui en ont glorifié la violence et les actes héroïques des guerriers. Aujourd’hui, Tiago Rodrigues décide de faire entendre les voix et les histoires de ces femmes. En collaboration avec les membres de Dood Paard – rejoints par l’actrice ukrainienne Alesya Andrushevska – il a forgé sa propre version de l’Iliade, fusionnant passé et présent, récit personnel et mythique. Sur scène, deux femmes et deux hommes fabriquent ensemble un large couvre-lit en crochet et dialoguent avec leurs propres mères dont certaines ont vécu ou traversent encore des guerres de Troie sanglantes. Elles sont les Hélène, Hécube (héroïne de sa pièce qui a triomphé en Avignon), Cassandre et Andromaque d’aujourd’hui. Écoutons-les, enfin.
9-11 janvier
Va aimer ! d’Eva Rami (L’Aria / Cornebarrieu)
Comment se libérer des carcans qui empêchent d’aimer, avec humour, dérision et poésie.
Après ses deux premiers « seule en scène » qui l’ont révélée à Avignon en 2018 et 2019, Eva Rami revient avec un grand sujet, le seul qui compte finalement vraiment : l’amour. « Personne n’aime voir un oiseau enfermé, mais est-il si simple d’ouvrir sa cage ? » En partant de cette question pourtant basique, l’autrice et comédienne se livre totalement et nous fait sentir tout ce dont une femme doit parvenir à se libérer pour aimer. Grâce à sa présence scénique hors du commun, elle campe 18 personnages à elle seule, et mêle à l’humour une profondeur poignante. Un sujet auquel elle s’identifie au point de donner comme titre à ce spectacle un anagramme de son nom !
14 janvier
Trois petits cochons – Les monstres courent toujours, de Marion Pellissier (Théâtre Sorano / Toulouse)
En s’inspirant de la fable des Trois petits cochons, le spectacle raconte le rapport au danger de trois frères et sœurs poursuivis par le passé de leurs parents. L’histoire questionne la transmission volontaire ou involontaire des drames familiaux. Que faire des monstres qui nous hantent et de l’héritage qu’ils nous laissent ?
Pour raconter ce drame familial, les interprètes empruntent des genres narratifs différents qui varient selon les enjeux des scènes. Du thriller au vaudeville en passant par la nouvelle vague, les acteur∙rice∙s puisent dans divers codes de jeu pour donner leur point de vue sur la fable populaire et attiser encore et toujours notre rapport au récit.
21-23 janvier
20 000 lieues sous les mers, par la Cie Point Fixe (Théâtre de la Cité / Toulouse)
Récompensé en 2016 par un Molière, ce spectacle nous entraîne à bord du Nautilus, le sous-marin imaginé par Jules Verne, pour une plongée dans laquelle les artifices du théâtre font éclore toute la fantaisie des grandes profondeurs. Commandés par le Capitaine Nemo, cette incroyable machine et ses passagers sont lancés dans un tour du monde sous les océans, plein d’aventures et d’émerveillements. La singularité de l’univers de Jules Verne et la dimension spectaculaire du texte original trouvent dans cette création hybride un écho d’une originalité folle mêlant acteurs et marionnettes. Aux manettes, le sociétaire de la Comédie-Française Christian Hecq et la plasticienne Valérie Lesort, duo rompu à faire naître sur scène des mondes fascinants, excellent à représenter la beauté des mystères marins.
22-25 janvier
Je préfère regarder par la fenêtre, de Lucie Lataste (Théâtre de la Cité / Toulouse)
Comment se rappelle-t-on les choses ? Se rappelle-t-on de ce qu’on a vécu ou de ce qu’on nous a raconté ? Le corps se souvient-il mieux ? Est-ce que les lieux réveillent les souvenirs enfouis ? Les gestes participent-ils à ces retrouvailles ?
À travers l’histoire d’une fille qui apprend que son père n’est peut être pas son géniteur, et qui a éclipsé ce jour, voici une quête poétique sur la question des racines, mettant en doute la nécessité d’y donner une réponse rationnelle, réveillant nos intuitions oubliées.
La mémoire remet en jeu les actions passées. Nous voici alors presque hors du temps. Dans le souvenir de l’instant, le retraversant. Les jours de brume, où regarder pour connaître nos origines fondamentales ?
23-30 janvier
Caligula, d’Albert Camus par Jonathan Capdevielle (Théâtre de la Cité / Toulouse)
Cette pièce de Camus intéresse particulièrement Jonathan Capdevielle (Adishatz) car elle questionne tout autant l’endroit du pouvoir et ses vices que le sens à donner au sentiment amoureux, à la mort, au tragique ; ces grandes thématiques sont explorées à travers le geste artistique impulsé par le personnage de Caligula.
Un empereur artiste au pouvoir, qui exerce sa tyrannie, en imposant les règles d’un jeu absurde, drôle, pervers, cruel, et sans limite. Il met à l’épreuve son entourage rompu à l’exercice de la politique et, non sans humour, il déstabilise ses patriciens et fait tomber les masques d’un système vieillissant, tout en s’attachant avec passion à la jeunesse.
29-30 janvier
Ma part d’ombre, de Sofiane Chalal (L’Aria / Cornebarrieu)
Sur scène, un corps hors norme défie les codes de la danse et les lois de la physique. Danseur et chorégraphe, Sofiane Chalal l’assume sans ambages : « On me rencontre deux fois, comme si mon corps prenait toute la place, même la mienne. »
Cette dualité presque schizophrène entre sa vie sur scène et sa vie à la ville est le sujet de Ma part d’ombre, son premier spectacle en tant que chorégraphe et son premier solo. Presqu’un rite initiatique, où il est question de sujets très personnels, donc universels : le corps comme allié et ennemi, et le paradoxe, parfois stimulant, parfois douloureux, entre ce que nous percevons de nous-mêmes et ce que voient les autres. Sofiane Chalal les aborde avec beaucoup de sensibilité, et une gestuelle caractéristique qui charrie à la fois la puissance du hip hop et la fragilité du mime.
30-31 janvier
Okina, de Maxime Kurvers (Théâtre Garonne / Toulouse)
Ce spectacle fait suite à 4 questions à Yoshi Oïda, dont nous vous avions parlé en septembre 2024. Poursuivant son ambitieuse recherche créatrice autour des formes théâtrales, Maxime Kurvers se livre avec Okina, sa nouvelle pièce, à une approche critique du nō, illustre style de théâtre dansé japonais, abordé ici du point de vue des femmes. Seule au plateau, Yuri Itabashi porte le récit prospectif d’un spectacle inatteignable.
C’est lors d’une résidence à Tokyo que Maxime Kurvers s’est intéressé aux modes de jeu des acteurs et actrices de nō, genre de théâtre dansé traditionnel japonais, joué en majeure partie par des hommes. Au fil des discussions, un élément du répertoire du nō a retenu son attention : Okina, un ballet strictement codifié que les femmes n’ont pas le droit d’interpréter. Relevant de la cérémonie bouddhique, ce mime liturgique se structure autour de trois danses sacrées qui convoquent des figures divines. Comment une actrice peut-elle aujourd’hui contourner, voire dépasser, cet interdit ? Que peut restituer l’imagination face à ce qui nous est refusé (ici, des danses) ? Voilà deux des questionnements qui sous-tendent la pièce, palpitante enquête réflexive transmise sur scène par Yuri Itabashi, remarquable actrice déjà vue chez Toshiki Okada. Apparu au mitan des années 2010, le metteur en scène français Maxime Kurvers réalise des pièces très originales qui véhiculent une réflexion en profondeur sur le théâtre, ses conditions de réalisation et ses modes d’apparition. À l’instar de Théories et pratiques du jeu d’acteur·rice (1428- 2021), projet encyclopédique au long cours, ses travaux les plus récents accordent une place cruciale aux interprètes.
31 jan & 1er février
Vous voyez, vous avez l’embarras du choix. Alors, quels spectacles irez-vous voir pour bien commencer l’année 2025 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.