Suave et nonchalent, Alexis HK est actuellement en tournée avec son spectacle Georges & moi, consacré à l’indémodable Georges Brassens.
Avec Simon Mary à la contrebasse et Loïc Molineri à la guitare pour l’accompagner, HK interprète les chansons de l’artiste Sétois dans ce tour de chant parsemé de commentaires, anecdotes et récits. En effet, l’ex-Deschiens François Morel a prêté sa plume pour l’écriture de ce spectacle, qui se présente comme un dialogue entre Alexis et Georges (ou plutôt un monologue d’Alexis pour Georges). En cela, l’affiche du concert est fort parlante : Alexis sur le divan et Georges en psychanalyste : concept idéal pour que le chanteur s’épanche, raconte le monde contemporain et souligne à quel point les textes de Brassens étaient visionnaires et intemporels. Tout y passe de l’irrévérence à la liberté de penser, en passant par la misogynie et l’amitié.
De ce fait, le spectacle s’inscrit entre le tour de chant et le théâtre. Alexis HK est plus qu’un interprète, il est aussi un personnage. Il excelle sur les deux tableaux !
Sur le plan de la musique, le concert est une réussite. Le contrebassiste et le guitariste sont des virtuoses qui accompagnent de manière subtile la voix de velours du chanteur à l’articulation sans faille. Le spectacle joue d’ailleurs avec ce fameux préjugé selon lequel les musiques de Georges Brassens sont toutes semblables, composées avec trois accords identiques et sur le même rythme. Sans dénaturer les œuvres originales, HK et ses compères ont réorchestré les standards de Brassens, démontrant par la même occasion que sa musique est naturellement beaucoup plus riche que ce que l’on croit habituellement.
Quant au choix des titres, il est extrêmement intéressant. Alexis HK a sélectionné à la fois de grands classiques (Trompettes de la Renommée, 95 fois sur cent, La femme d’Hector) et des chansons moins populaires (La rose, la bouteille de vin et la poignée de main, Le roi boiteux…). Il a sans doute était très difficile de faire un tri parmi tous les titres tant on pourrait en citer. HK a néanmoins su faire des choix cohérents qui donnent au spectacle son charme et son équilibre. La précision de son interprétation a suscité une écoute des plus attentives et chaque mot atteint sa cible. Cela m’a paru d’autant plus flagrant lors du dernier rappel, lorsqu’il a chanté l’un des titres de son propre répertoire (Le dernier présent) : dès le deuxième couplet, j’avais décroché…
En parlant de rappels, on peut également citer la magnifique chanson du “cerisier tordu depuis la guerre”, qui n’est pas de Brassens mais de Jean-Claude, le propre père d’HK. Un très beau geste pour signifier que non, Alexis HK n’a pas besoin de Brassens en guise de père putatif, qu’un père, il en a déjà un, et que des chansons, lui aussi il en écrit de très belles. Idéale conclusion pour un spectacle en forme de psychanalyse !
La tournée continue partout en province et je ne peux que vous encourager à aller écouter HK s’il passe près de chez vous ! On peut noter en particulier la date du 20 juin où le chanteur et ses musiciens joueront à Sète, la ville de Brassens ! Alors, vous achetez votre billet ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.