Cette semaine, j’ai lu Annette, une épopée d’Anne Weber. Que dis-je “lu” ? Je l’ai dévoré. Il ne m’a fallu que deux petites journées pour parcourir les 233 pages de ce roman exaltant qui fait portrait (biographique) d’une résistante peu connue : Anne Beaumanoir.
Le récit…
Cette Bretonne est née dans la première moitié du vingtième siècle et n’avait pas vingt ans quand la deuxième guerre a éclaté. Mais la lecture – en particulier celle de La Condition humaine d’André Malraux – a agi comme une révélation sur la jeune fille qu’elle était alors. Pour elle, il est hors de question de rester passive alors que les nazis envahissent la France : elle rentre en Résistance !
La première moitié du roman va donc se centrer sur cette période et sur l’engagement total d’Annette contre l’occupant. Mais le récit se poursuit ensuite sur les “événements” en Algérie (que l’on n’appelle pas encore “guerre”) et la part qu’Annette y a prise alors qu’elle était devenue une femme mariée, rangée et respectable.
La biographie d’Anne Beaumanoir permet en filigrane de faire le tableau de la France de la deuxième moitié du vingtième siècle, tantôt pays envahi, tantôt pays envahisseur. La lutte de l’héroïne apparait alors moins nationaliste qu’existentielle et humaniste : il ne s’agit pas pour elle de se ranger coûte que coûte du côté de son pays, mais de prendre toujours le parti des oppressés et des persécutés.
Un roman en vers…
Formellement, ce roman est assez étonnant. En terme de récit biographique, on est dans la forme la plus tradionnelle qui soit : la naissance, la généalogie, l’enfance, l’adolescence, l’occupation, la maturité, la guerre d’Algérie, l’époque actuelle. Plus classique, tu meurs !
Mais dans la manière de raconter, Anne Weber a choisi d’imiter l’épopée, comme le titre du roman le revendique. Evidemment, avec le personnage d’Annette, on est face à une héroïne au sens le plus épique du terme ! C’est pourquoi Anne Weber a choisi le vers (libre) pour raconter cette grande aventure qui court sur plus d’un demi-siècle. Cela m’a fait penser au roman Charlotte de David Foenkinos, qui racontait aussi en vers libres le parcours tragique d’une artiste juive pendant l’occupation. A ceci près que dans Annette, une épopée, les vers semblent découpés de manière très arbitraire : aucune logique syntaxique ou métrique ne gouverne à cette mise en vers, on a l’impression qu’Anne Weber a simplement marqué un retour à la ligne toutes les douze syllabes environ, sans y chercher de sens (en tous cas, je ne l’ai pas trouvé). Cela ne m’a pas particulièrement gêné, j’ai fini par lire ce roman comme de la prose, mais je sais qu’une amie (celle qui m’a offert ce livre et que je remercie) a eu plus de mal à rentrer dans le récit précisément à cause de cette mise en page.
J’ai été enchanté de découvrir la vie de cette femme que je ne connaissais pas. Si vous voulez lire une grande aventure au souffle épique, je vous recommande Annette, une épopée.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.