Il vous reste encore deux soirs pour voir Art de Yasmina Reza au Théâtre Garonne à Toulouse, mis en scène par le TgSTAN et Dood Paard. Art : une pièce qui parle forcément au rat de musée que je suis, servie de surcroît par l’une de mes compagnies de théâtre préférées.
Résumé : La pièce met en scène un trio d’amis. D’abord, il y a Serge qui a acheté 200 000 euros une œuvre contemporaine, « une toile d’environ un mètre soixante sur un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et s l’on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins liserés transversaux […] Un tableau blanc avec des liserés blancs. » Demandant son avis à son ami Marc, ce dernier a la malheureuse honnêteté d’en rire… un rire qui n’a rien pour plaire à Serge qui se sent personnellement jugé, attaqué et blessé. Yvan, le troisième de la bande, est donc appelé à jouer l’arbitre, mais son tempérament complaisant l’empêche d’exprimer un avis en faveur de l’un ou de l’autre. D’autant qu’il est davantage préoccupé par l’organisation infernale de son mariage à venir, dont Marc et Serge doivent être les témoins.
Marc, Serge et Yvan : une amitié précaire ? (Art, Yasmina Reza, TgSTAN, Dood Paart)
Mon avis : Cette pièce est une vraie autopsie des relations amicales. Jusqu’où peut-on être sincère ? Quel est le poids réel des mots dans un dialogue entre amis ? En quoi des remarques en apparences futiles peuvent-elles révéler des fissures dans les relations ? Autant de thèmes que j’avais déjà adorés dans Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, qui sont ici renouvelés.
Et puis bien sûr, il y a la question de l’art et du marché. Quelle est la valeur réelle d’une œuvre d’art ? Peut-on juger objectivement de la qualité artistique d’une œuvre ? L’art contemporain va-t-il trop loin ? Si vous avez suivi mes récents comptes-rendus des expositions de la Fondation Louis Vuitton, du Guggenheim ou du musée de la Reine Sofia, vous savez probablement ce que j’en pense !
Enfin, il y a les TgSTAN et Dood Paard : Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel, Frank Vercruyssen, acteurs belge et néerlandais délirants qui nous donnent moins à voir un spectacle figé qu’un travail en perpétuelle transformation, presque une répétition. Incartades permanentes, jeux avec le public, accidents réels ou provoqués… tout est prétexte à faire exploser l’illusion réaliste et bourgeoise du théâtre parisien. Tout le dogmatisme est récusé au profit d’un jeu au sens strict du terme : les acteurs s’amusent et nous font participer ! C’est vraiment tout ce que j’aime au théâtre, cette complicité sur la scène et dans la salle et qui ne prend pas le spectateur pour plus bête qu’il n’est. C’est amusant et en plus c’est intelligent !
Avez Bella Figura le mois dernier à Odyssud, Yasmina Reza a le vent en poupe dans la région toulousaine ces derniers temps. Alors, vous laisserez-vous tenter par l’humour ravageur de cette autrice et les propositions iconoclastes du TgSTAN ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
