J’ai été invité hier soir à découvrir la pièce Autun 1950 au Théâtre de Poche, un théâtre toulousain que je ne connaissais pas alors qu’il se trouve à deux pas de chez moi ! L’auteur de la pièce et directeur du théâtre Didier Albert met en scène Michèle Murat, Sébastien Lesault et Delphine Bentolila (que j’avais beaucoup aimée dans Vania et plus récemment dans Rachel) dans ce drame intimiste.
Autun 1950 : pièce en deux actes
Deux actes et trois acteurs. Camille est de retour à Autun qu’elle a quitté 8 ans plus tôt. Elle va y faire deux rencontres qui vont faire ressurgir le passé. Chaque acte met en scène Camille qui va devoir renouer avec son passé et choisir la manière dont elle veut poursuivre sa vie.
Retour de Camille après la seconde guerre mondiale, dans la ville qu’elle a dû quitter avec son mari écrivain et juif en 1942. Deux moments de vie. Deux rencontres. Une pour la mémoire et l’autre pour une reconstruction possible…
Le Théâtre de Poche
La pièce, par son contexte, aborde un sujet délicat. Sans voyeurisme ni sentimentalisme, les dialogues nous font entrevoir ce que fut le sort de millions de déportés dans les années 1940. La pièce a surtout pour intérêt de nous montrer la problématique du retour… Comment se reconstruire ? Comment retrouver une place dans le monde parmi ceux qui n’ont pas vu et n’ont pas vécu la tragédie ? Raconter les années 40 du point de vue de personnages dans les années 50 est vraiment brillant.
Delphine Bentolila porte la pièce à bras le corps. Fil conducteur d’Autun 1950 (elle est présente dans les deux actes), elle incarne une Camille bouleversante de sobriété. Elle raconte avec simplicité ce qu’elle a vu, ce qu’elle vécu et ce qu’elle a perdu mais elle le fait avec pudeur. Des détails insignifiants du quotidien rendent son témoignage extrêmement sensible et stimule notre imagination de spectateurs, sans déferlement d’émotions (ce qui serait pourtant facile avec un sujet comme celui-ci).
Pour lui donner la réplique, Sébastien Lesault (dans le premier acte) et Michelle Murat (dans la deuxième partie) jouent également la carte de la sobriété et de la justesse. J’ai été pendant cette pièce particulièrement sensible à la lenteur avec laquelle les scènes commencent et s’achèvent. On prend le temps d’installer une situation (un cabinet, une terrasse de café) puis à la fin de chaque scène de laisser l’émotion décanter. J’ai beaucoup aimé ce rythme.
Le Théâtre de Poche, un lieu qui porte bien son nom
Avec sa cinquantaine de places, le Théâtre de Poche est un lieu que j’ai adoré découvrir dans mon quartier. Sa petite taille et sa discrétion en font un écrin parfait pour des pièces intimes comme Autun 1950. C’est sûr que par rapport à L’île d’or que je venais de revoir la veille au Théâtre de la Cité, on est carrément dans une antithèse ! Mais j’adore ce grand écart et j’aime qu’une ville comme Toulouse propose à la fois des spectacles monumentaux et de petites formes délicates.
Pour sûr, le Théâtre de Poche fait désormais partie des salles dont je regarderai la programmation et dans lequel je retournerai avec beaucoup de plaisir. Et vous, connaissiez-vous ce petit théâtre de quartier ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.