Ce n’est pas la première fois que je vous parle de François Gremaud sur Culture déconfiture. Et pour cause : son spectacle Giselle… a cartonné la semaine dernière au Théâtre de la Cité, et il avait déjà conquis les cœurs toulousains avec le génialissime Phèdre ! en décembre dernier. Mais alors que dans les deux spectacles cités il mettait en scène 2 autres interprètes (Samantha van Wissen et Romain Daroles), dans Aller sans savoir où, il est la fois auteur, metteur en scène et comédien.
François Gremaud, seul en scène
Déjà en 2022, Gremaud était venu à Toulouse jouer Aller sans savoir où – que j’avais malheureusement raté à l’époque. Mais en voyant Allegretto (où il joue également seul) et après avoir vu Phèdre ! et Giselle… (qui sont deux spectacles que j’ai adorés), je me suis dit que je ne pouvais pas manquer cette semaine d’aller enfin voir ce spectacle dont on m’avait dit beaucoup de bien.
Comme dans les spectacles précédemment cités, le dispositif scénique est très simple : un tapis blanc sur la scène noire… et tout le reste est bâti par l’imagination. Dans ce one man show passionnant, le dramaturge se propose de nous expliquer – sous forme de conférence gesticulée, en quelques sortes – son propre processus de création lorsqu’il écrit un spectacle. Et ce faisant, le spectacle s’écrit et se joue sous nos yeux ! Un art poétique performatif, en somme !
François Gremaud a pensé et conçu une « conférence spectacle » qui, en décrivant son propre processus d’écriture, aborde – outre des questions de modes opératoires – les questions de joie, d’idiotie et de réel qui sont au cœur du travail de son auteur.
Théâtre de la Cité
Conférence-manifeste, Aller sans savoir où est un écrit sur le théâtre écrit pour le théâtre, un spectacle sur une manière d’écrire des spectacles, une « conférence sur l’acte créatif, phagocytée par l’urgence du monde, un journal de création dont les pages – en creux – disent, aussi, la vie qui passe ».
Bientôt de retour… Youpi !
S’il y a bien un mot pour synthétiser mon sentiment à l’idée que François Gremaud sera bientôt de retour à Toulouse pour clore sa trilogie sur les héroïnes et jouer une dernière fois Aller sans savoir où, ce serait « Youpi ! » Et ceux qui ont déjà vu le spectacle savent à quel point ce mot est riche de sens quand on parle du théâtre de Gremaud !
Donc, comme je le disais, si vous n’avez pas eu la chance encore de voir les spectacles de ce dramaturge suisse, votre cas n’est pas – encore – totalement désespéré. En effet, après Phèdre ! et Giselle…, le Théâtre de la Cité programmera Carmen. du 23 au 27 avril. Et le jour de la dernière représentation, Gremaud montera une ultime fois sur scène pour interpréter Aller sans savoir où. Bref, il vous reste encore quelques occasions d’aller découvrir son univers singulier, qui nous rappelle à chaque mot et à chaque geste pourquoi on aime tant le théâtre !
Une oratrice prétextant parler de la pièce dont vous lisez actuellement le synopsis, finit par raconter et interpréter l’opéra Carmen de Georges Bizet, d’après le livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy.
Théâtre de la Cité
De la même façon que dans Phèdre ! Romain Daroles raconte, seul en scène, la célèbre pièce de Racine et que dans Giselle… Samantha van Wissen raconte le ballet éponyme, Rosemary Standley prend seule en charge l’évocation de cette pièce qui a en commun avec les deux autres, outre de porter un prénom féminin et de voir son héroïne mourir sur scène, d’être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de son genre (ici, l’opéra).
De plus, je crois que l’on me dit dans l’oreillette que le Suisse reviendra au cours de la prochaine saison théâtrale, avec une version retravaillée d’Allegretto dont je vous avais parlé ici-même (mais chut, ce n’est pas encore officiel).
Alors, prêt·e·s à prendre vos places pour les prochains spectacles de François Gremaud ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.