Le mois d’avril a été plein de belles découvertes sur le plan culturel. Comme le veut notre tradition, c’est parti pour le bilan culturel !
Il reste encore demain, de Paola Cortellesi
En Italie, ce film a dépassé au box office les mastodontes de l’été Barbie et Oppenheimer. Et pour avoir vu les 3, je confirme que Il reste encore demain est le meilleur, que ce soit par sa forme ou par son propos (dont je ne veux pas trop parler, pour ne rien divulgâcher).
Ne vous fiez pas à son apparent classicisme ou académisme, ce film en noir et blanc est extrêmement moderne, voire radical par certains choix esthétiques et de mise en scène (notamment le traitement de la violence). Paola Cortellesi, réalisatrice mais également actrice principale du film, est d’une élégance folle (je ne parle pas seulement de son physique, mais surtout de son engagement et sa force morale). En contrepoint, Valerio Mastandrea qui joue son mari est grandiose et détestable.
Du vrai, grand et beau cinéma italien comme on aime en voir ! Une proposition très différente de La vie est belle de Benigni ou La Grande Bellezza de Sorrentino (pour ne citer que les chefs-d’œuvre les plus récents), mais tout aussi réussie dans son genre.
Civil War, d’Alex Garland
Quatre journalistes traversent les États-Désunis d’Amérique pour aller interviewer le président à Washington. C’est long. C’est creux. C’est tout pété…
Tom Na Fazenda, de Michel-Marc Bouchard par Rodrigo Portella
Bravo au Théâtre Sorano pour cette production portugaise qui nous a bouleversé. L’équipe de Tom Na Fazenda (Tom à la ferme) a été particulièrement impressionnante, avec un message fort à transmettre : « Résister à l’exclusion de tout être humain ». Bravo !
Un air de famille, de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui par Pierre Matras
Le Grenier de Toulouse s’est emparé de cette comédie grinçante, qui fut un immense succès à l’Escale de Tournefeuille. Un repas de famille vire au règlement de comptes quand Arlette, la belle-fille, figure aux abonnés absents. Les langues se délient et les apparences se fissurent.
Mention spéciale pour Claire de Beaumont dans le rôle de la mère, que l’on avait déjà adorée dans Les Chaises de Ionesco.
Carmen. de François Gremaud
Après le succès de Phèdre ! et de Giselle… François Gremaud était de retour une nouvelle fois au Théâtre de la Cité avec cette troisième héroïne emblématique qu’est Carmen. Après le théâtre et la danse, c’est au tour de l’opéra d’être revisité. Pour l’occasion, la chanteuse Rosemary Standley prête sa voix à tous les personnages de ce chef-d’œuvre de Bizet.
Bien que la prestation soit plus fragile que celle de ces deux prédécesseurs, Rosemary Standley a su captiver et conquérir le public toulousain. Bravo ! Monsieur Gremaud, revenez-nous vite !
La Jeune fille et la mort, d’Ariel Dorfman par Stéphane Batlle
Je me suis rendu au Théâtre de Poche que j’aime tant pour découvrir ce huis-clos oppressant dans lequel une ancienne victime de la dictature chilienne retrouve son supposé tortionnaire. La pièce a été popularisée par son adaptation cinématographique signée Roman Polanski, avec Sigourney Weaver en 1994.
J’ai beaucoup aimé voir cette version théâtrale, très intime et intense. Bravo aux trois comédiens qui nous ont tenu en haleine jusqu’à la dernière seconde !
L’Apprenti sorcier, par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse
Ce mois-ci, l’ONCT avait donné rendez-vous au public toulousain à la Halle aux Grains avec un concert qui mettait à l’honneur les compositeurs du début du XXème siècle : Stravinski, Debussy et Dukas.
Impossible de ne pas penser à la petite souris de Disney quand l’orchestre a interprété L’Apprenti sorcier. Un moment enchanteur !
Mörk, de Ragnar Jónasson
Dans cette série de polars, nous suivons les enquêtes d’Ari Thór Arason, et même si tous les livres sont connectés entre eux, ils peuvent être lus indépendamment et dans le désordre. J’ai donc commencé par Mörk (qui s’appelait Náttblinda en VO… ne me demandez pas pourquoi un titre islandais est traduit par un autre titre en islandais) qui ne m’a pas emballé des masses : enquête gentillette, pas assez glauque pour moi, pas assez de suspense non plus…
Sótt, de Ragnar Jónasson
Comme je suis du genre persévérant (et que The Times a affirmé que “Jónasson est le meilleur auteur de polars de notre époque“), malgré ma déception à la lecture de Mörk, j’ai enchaîné avec Sótt (Rof en VO) auquel j’ai beaucoup plus accroché. Un vrai page turner qui se dévore, avec tous les ingrédients du genre parfaitement dosés.
Et puis il y a le cadre islandais qui me rappelle plein de souvenirs, et des descriptions comme si on y était : le froid, la nuit, les fjords isolés… Mais ce n’est pas le coup de foudre comme j’ai pu l’avoir il y a quelques années avec les polars de Pierre Lemaitre, que j’avais trouvés bien plus saisissants.
Ce mois-ci, l’Opéra National du Capitole a également présenté sa saison 2024-2025 dont nous vous parlions ici. Côté série, nous vous avons parlé de Icon of French Cinema, Sex Education, It’s a Sin et Bardot.
Et vous, qu’avez-vous vu et lu de beau en avril ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.