La sensation du moment au cinéma, c’est Babylon de Damien Chazelle. Porté par une bande-annonce tonitruante annonçant des performances incroyables de Margot Robbie & Brad Pitt, je me suis laissée séduire au point d’aller passer 3h (3h09 exactement) dans une salle de cinéma. J’en ai pris plein les yeux et les oreilles. Et pas pour le meilleur…
Babylon ou la création d’Hollywood
Nous sommes à Los Angeles dans les années 1920. Le cinéma muet est au sommet, dans une industrie qui n’en finit plus de s’enivrer dans un monde de fêtes à la recherche de sensations extrêmes. Manuel Torres est larbin pour la société de production Kinoscope et rêve d’assister à un vrai tournage. Jack Conrad lui est la star incontestée du moment. Lors d’une soirée de débauche, Manuel – dit Manny – rencontre la débridée Nelly LaRoy, qui ne rêve que d’une chose : devenir une star.
Babylon, c’est avant tout l’histoire de cette période de l’expansion du 7ème art et de la création d’Hollywood. Nous sommes à une époque charnière, où le cinéma muet va laisser place au cinéma parlant. Face à cette révolution, certains s’adaptent, d’autres moins.
Trop de tout pour Babylon
Dès le début, le ton est lancé. Nous débarquons dans une fête fantasmagorique, décadente, dantesque. Sexe, drogue, alcool, perversion, tout se mêle & s’entremêle dans une promiscuité folle à grands renforts de fluides corporels divers & variés. Le tout sur une musique étourdissante et des effets tournoyants de caméra à nous donner le mal de mer. L’immersion dans la dépravation est totale, on comprend où nous sommes. Sauf que cela ne s’arrête pas là.
La surenchère s’abat quasiment sur tout Babylon sans se justifier la plupart du temps. Elle noie tout, au détriment d’un scénario qui n’arrive jamais à se positionner et de personnages qui ne sont quasiment que des pions dans cette mise en scène too much. Les effets comiques apportent un peu de respiration, mais enfin, 3h de trop, c’est… trop. Il y a une accalmie au milieu du film qui apporte la seule partie que j’ai trouvé intéressante. Mais enfin, c’est avant de s’enfoncer dans une fin mille fois trop longue qui avec très peu de subtilités entreprend de nous expliquer le propos limpide du film. Le tout sur un enchainé d’images digne d’un montage d’écolier qui souhaite nous rendre épileptique. Cet aspect est réussi : je suis ressortie avec un mal de tête tenace.
SOS personnages
Et au milieu de tout cela, on recherche désespérément de la profondeur aux personnages. Je suis passée totalement au travers de Nelly LaRoy, porté par Margot Robbie. Frontale et outrée, je ne lui ai trouvé aucune sensibilité. Les aspirations portées par Manny (Diego Calva) et le lien qu’il apportait entre les autres personnages principaux aurait pu être vraiment intéressants. Mais on le perd totalement dans un imbroglio qui n’apporte rien à l’histoire. Les rôles secondaires sont cruellement peu exploités, et on n’en saura pas plus sur ce qui anime Lady Fay Zhu & Sidney Palmer (superbes Li Jun Li & Jovan Adepo).
Le seul à sauver le film ? Brad Pitt. Son interprétation de l’acteur vieillissant Jack Conrad est impeccable, naviguant entre le risible et la mélancolie profonde. Lui seul insuffle un peu de cœur et de sincérité à ce scénario qui a oublié de se construire. La scène que Jack Conrad partage avec la critique Elinor St. John est extrêmement puissante. Il y avait tant à construire autour de cela. Mais…
Vous avez vu Babylon ? Qu’en avez-vous pensé ? Je suis vraiment curieuse d’avoir votre avis sur ce film tellement… particulier !
Qui a écrit cet article ?
Le nez dans les bouquins, le cœur dans les musées, les jambes à l'assaut du patrimoine et l'esprit en voyage ! Je partage avec vous mes découvertes culturelles du moment, diverses et variées, sans prise de tête. Éclectisme, je crie ton nom !
Serial blogueuse, retrouvez moi aussi sur mes blogs famille & lifestyle, Famille en chantier et Line&Color
2 comments
Je n’ai pas vu Babylon et suis étonné de ta critique, car j’ai vu tous les films précédents de Chazelle et j’aime beaucoup ce réalisateur. Surtout Whiplash. Ceci dit, la bande-annonce ne m’avait pas donné envie de me déplacer au cinéma pour celui-ci, ni la surenchère promotionnelle… Mais il paraît que face à la concurrence écrasante d’Avatar 2, Babylon peine à se faire une place.
Je n’ai vu aucun de ses autres films donc je ne peux pas te dire, mais là clairement pour moi c’était… douloureux ^^