Avez-vous entendu parler du dernier roman de Jonathan Coe, Billy Wilder et moi ? L’auteur britannique se glisse dans la peau d’une compositrice de musiques de film pour nous raconter les souvenirs d’un été des années 1970 au cours duquel Billy Wilder réalisa son avant-dernier film, Fedora.
Billy Wilder et moi en résumé
Lorsque Calista traverse une passe difficile, elle a aussitôt un réflexe : manger du brie de Meaux. Et ses filles jumelles lui donnent plutôt du soucis. L’une quitte la maison pour la première fois tandis que l’autre est tombée enceinte et s’apprête à avorter… Mais d’où Calista tient-elle cette habitude de trouver inspiration et réconfort dans le Brie de Meaux ?
En savourant une de ses tartines au fromage, Calista se remémore sa propre jeunesse, lorsqu’elle quitta sa Grèce natale pour faire son premier voyage aux Etats-Unis en 1977. C’est là qu’elle rencontra sur la côte Ouest deux pontes du cinéma américain : le réalisateur Billy Wilder et son scénariste Iz Diamond. Ces deux-là comptent justement aller en Grèce dans les prochains mois pour le tournage de leur nouveau film, Fedora. Calista pourrait les accompagner pour leur servir d’interprète sur place.
Une rétrospective dans le cinéma des années 70
Les souvenirs de Calista sont surtout un prétexte à faire un panorama du cinéma des années 70. Tandis que le grand réalisateur Billy Wilder est au (boulevard du) crépuscule de sa carrière, de jeunes cinéastes barbus (Spielberg, Scorsese…) signent leurs premiers chefs-d’œuvre et font souffler un vent de panique sur le box-office américain et mondial. Difficile d’admettre pour le réalisateur de Certains l’aiment chaud que les actrices du standing Marilyn Monroe ne font désormais plus le poids contre le requin mécanique des Dents de la mer.
Pourtant, c’est le même jeune cinéaste (Spielberg) qui réalisera quelques années plus tard un film d’auteur : La liste de Schindler. Comme quoi, il peut y avoir des points de rencontre entre les réalisateurs de toutes les générations.
Billy Wilder et moi, un récit au style inégal
Si l’histoire et son principe de flash-back géographique m’ont plutôt séduit, j’ai été plus mitigé avec le style du roman. Le chapitre “Munich” est presque entièrement écrit à la manière d’un scénario de film. Le propos est pourtant passionnant : comment l’autrichien Samuel “Billie” Wilder est devenu l’américain Billy Wilder au tournant des années 30.
Certains paragraphes sont également d’une légèreté qui confine à l’ennui :
Le matin, nous avons décidé de nous faire monter un petit-déjeuner au lit. Nous avons commandé du café, du jus d’orange, des viennoiseries, des œufs brouillés au bacon, des fruits frais et du yahourt.
L’amour, étais-je en train de découvrir, vous donne un appétit d’enfer.
Billy Wilder et moi, Jonathan Coe (nrf Gallimard, page 251)
Franchement, si j’avais envie de lire la liste des commissions, je regarderais directement le post-it sur mon frigo, pas besoin de lire un roman pour ça !
D’autres passages, heureusement, sont beaucoup plus réussis. Notamment les scènes dans lesquelles s’exprime l’amitié de Billy Wilder et Iz Diamond, deux énergumènes dont l’humour détonnant cache un regard très singulier et parfois cynique sur le vingtième siècle. Jonathan Coe s’est d’ailleurs particulièrement bien documenté pour recueillir des anecdotes et des citations truculentes.
Bref, le roman Billy Wilder et moi est un agréable moment de lecture que je recommande vivement aux amoureux du cinéma de l’âge d’or d’Hollywood. Vous retrouverez dans ce récit l’atmosphère et l’esprit d’une époque crépusculaire, celle où de grands génies du septième art tirèrent leur révérence.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.