L’agent Ron Stallworth fait ses premiers pas en tant qu’officier du Colorado Spings Police Department, mais l’arrivée de cet afro-américain ne plait pas à tout le monde en ce début des années 70, où une forte ségrégation fait encore rage aux Etats-unis. Bien décidé à faire ses preuves, il est d’abord chargé d’enquêter sur un groupe d’activistes noirs proches des Black Panthers, puis il décide de s’intéresser à un groupuscule de suprémacistes blancs de la région, une organisation affiliée au Ku Klux Klan. Mais comment infiltrer un réseau raciste quand on est soi-même noir ? C’est là qu’entre en scène Flip Zimmerman, un coéquipier blanc (mais juif) avec qui il va former un duo de choc.
BlacKkKlansman ose le mélange des genres, avec des scènes qui alternent entre situations hilarantes et forte tension. Malgré un sujet extrêmement grave, le film ne sombre jamais dans la violence visuelle. Spike Lee nous épargne des scènes de brutalité sans pour autant édulcorer la réalité. Seul l’épilogue, qui fait le parallèle avec les événements de 2017, fait un terrible effet de choc (je m’en serais d’ailleurs passé, car comment ne pas penser à l’Amérique contemporaine quand on regarde ce film ?).
On peut trouver les personnages un peu caricaturaux (les suprémacistes blancs totalement teubés, les activistes noirs intellos et super cools) mais l’ensemble fonctionne plutôt bien, avec un rythme soutenu qui fait que l’on ne s’ennuie jamais, et des situations comiques qui ne font pas oublier la gravité du sujet abordé.
Et que dire de la musique, grandiloquente à souhait, à grands renforts de violons et de guitare électrique ? Spike Lee semble parfois aller un peu loin dans le kitsch !
John David Washington (fils de Denzel) m’était totalement inconnu et il a parfaitement assuré dans le rôle de Ron qu’il incarne avec justesse et charisme. Mais c’est surtout Adam Driver qui crève l’écran dans le rôle de Flip, de la même façon qu’il irradie à chaque fois que je le vois dans un film (dernièrement le rôle principal de L’homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam, ou celui de Kylo Ren dans les nouveaux épisodes de Starwars). Bref, le réalisateur a misé sur le casting idéal pour incarner les héros de son film.
Bref, BlacKkKlansman est un superbe pamphlet politique qui dénonce intelligemment les dérives de l’Amérique d’aujourd’hui à travers cette histoire vraie dont le sujet reste tristement toujours d’actualité.
Et vous, qu’avez-vous pensé de ce nouveau Spike Lee ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.