Vous avez forcément entendu parler de Blackwater, la saga qui fait sensation cet été et que l’on voit dans toutes les librairies et sur les réseaux sociaux. Étrangement, cette hexalogie à succès parue aux USA en 1983 n’avait jamais été traduite et éditée en français avant 2022. Son arrivée en France après presque 40 ans d’attente est un véritable phénomène.
Blackwater ressuscite le mythe de la sirène
Au printemps de 1919, dans une petite ville d’Alabama, la rivière Blackwater connaît une crue exceptionnelle qui va bouleverser la vie de ses riverains. C’est lors de cette catastrophe qu’Elinor Dammert, une jeune femme au passé mystérieux, entre dans la vie des Caskey, famille puissante de cette région.
L’intrusion de cette jeune femme à la beauté froide et aux cheveux couleurs d’argile ne plaît pas à tout le monde. Si le jeune Oscar Caskey est attiré par cette créature sauvée des eaux, la matriarche Mary-Love voit l’arrivée de cette intruse d’un mauvais œil. Les relations familiales et les tensions vont donc se retrouver au cœur de ce premier tome.
Les relations verticales vous touchent au plus profond. Elles sont comme des poutres plantées en vous, et il y a plus de drames exploitables dans des relations auxquelles vous êtes attachés comme à des tuteurs. C’est pour cette raison que j’écris sur les familles.
Michael McDowell
Entre magie et fantastique, ce premier tome pose les premières pierres de la saga et en présente les principaux personnages. Le mystère central est bien sûr celui d’Elinor et de ses origines, qui nous fait évidemment penser au mythe de la Roussalka, de l’Ondine ou de la Sirène maléfique. Mais l’auteur Michael McDowell maîtrise suffisamment l’art du suspense pour que la vérité ne soit pas si facile à percer dès les premiers tomes !
Une saga en 6 romans fantastiques par l’auteur de Beetlejuice
La Crue est le premier tome de Blackwater et inaugure une saga en 6 volumes (parus tous les six en France chez Monsieur Toussaint Louverture au premier semestre 2022). Dès sa parution, Blackwater est instantanément devenu un best-seller dans toutes les librairies. Impossible d’échapper à la déferlante de ce roman.
Son auteur n’est d’ailleurs pas un inconnu au bataillon. Si ses romans ne sont pas très connus en France, il est en revanche l’auteur de grands succès nés de ses collaborations avec Tim Burton. Scénariste de Beetlejuice, il est aussi le co-auteur du scénario de l’un de mes films d’animation préférés : L’Étrange Noël de Monsieur Jack.
Passionné d’univers fantastiques et de cinéma, McDowell a aussi participé à l’adaptation de plusieurs romans ou nouvelles de Stephen King. On retrouve d’ailleurs à la lecture de Blackwater un style visuel très marqué.
Une lecture un peu trop facile
Les éditeurs ont fait un travail magnifique en ce qui concerne le packaging : les couvertures des 6 romans sont magnifiques. Un travail aussi minutieux est plutôt rare pour les éditions de poche et cela mérite d’être salué.
Mais en ce qui concerne le roman en lui-même, j’en ai trouvé le style un peu trop enfantin. C’est pourtant ce qui fait le succès de cette saga et que McDowell revendique ouvertement. Pour lui, la littérature doit être accessible et avant tout divertissante. C’est malheureusement la raison pour laquelle on peut aussi trouver cette écriture un peu creuse et superficielle.
J’écris pour que les gens prennent du plaisir à lire mes livres, qu’ils aient envie d’ouvrir un de mes romans pour passer un bon moment sans avoir à lutter.
Michael McDowell
Je comprends parfaitement ce genre de projet et il explique parfaitement pourquoi je n’ai pas accroché : justement ce que j’aime dans un livre, c’est qu’il résiste un peu, qu’il faille lutter au moins un minimum. Je ne poursuivrai donc pas ma lecture de cette saga, mais si vous avez des ados dans votre entourage, je suis sûr que Blackwater est le genre de livre qui pourrait leur plaire, voire les réconcilier avec la lecture s’ils sont un peu fâchés !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
5 comments
Je n’étais pas du tout attirée, encore moins avec cette omniprésence sur les réseaux sociaux qui paradoxalement a fini par me dégoûter. Ta critique me confirme que ça risque de ne pas être trop mon genre de littérature, mais en même temps… tu cites Stephen King alors…
C’est vrai qu’il y a eu un sacré matraquage… Au moins, maintenant je sais de quoi on parle quand je vois des articles sur ce phénomène et je peux en parler en connaissance de cause. Heureusement que c’est très court, j’ai moins l’impression d’avoir été arnaqué.
Quant à Stephen King… il l’a adapté au cinéma (en tant que scénariste), mais sur le plan littéraire on est très loin du maître. C’est un autre continent. Une autre planète !
J’ai lu le 1er tome, et je vais m’arrêter là. Le rythme est si lent… pas étonnant qu’il faille 6 tomes pour aller au bout de l’histoire! J’ai aussi pensé que c’était pas mal pour des jeunes ados pas encore aguerris à des lectures complexes. Et quand même, cette couverture est magnifique!
Magnifiques couvertures, c’est la plus grande qualité de ce roman… On dit généralement qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture pour dire qu’une chose d’apparence rebutante peut en fait être très plaisante. Ici, c’est tout l’inverse (mais le proverbe marche quand même) !