En 2049, dans un Los Angeles sombre et pluvieux, la société est un melting-pot ou se confondent maîtres humains et esclaves androïdes (aussi appelés réplicants). Les Blade Runner sont des agents de police chargés de contrôler ces réplicants et d’éliminer les modèles défectueux ou rebelles. Un jour, l’agent K découvre le cadavre d’une réplicante, dont les ossements révèlent qu’elle a été enceinte et a donné le jour à un enfant… Une enquête est ouverte pour comprendre le mystère de cette naissance et découvrir le destin de cet enfant.
Cette semaine, j’ai enfin vu Blade Runner 2049, un film que j’attendais avec beaucoup d’impatience. Tout d’abord, parce que le premier opus de 1982 est une référence absolue de la science-fiction ; ensuite, parce que Denis Villeneuve (qui signe ce nouvel épisode) est un réalisateur que j’adore. Il m’avait subjugué dernièrement avec Premier contact, sa première incursion dans la SF. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour une alchimie parfaite.
Pourtant, lorsque la bande-annonce du film a été révélée il y a quelques mois, j’ai éprouvé un fort sentiment de déception. Il y avait dans cette dernière une esthétique troublante et l’introduction de nouveaux personnages qui, au premier abord, ne me séduisaient pas. La bande-annonce faisait très américaine et m’a immédiatement fait penser à la récente adaptation de Ghost in the shell, que je n’ai pas beaucoup aimée.
Finalement, par son rythme et sa narration, le métrage est assez éloigné de ce que laissait imaginer la bande-annonce. Comme dans le film de 1982, le scénario et les dialogues tiennent sur très peu de lignes, et l’intérêt repose sur l’atmosphère et l’ambiance générales. Les personnages et leur quête sont assez creux, et c’est justement dans ces creux que se forme le sens puisque les deux films nous interrogent sur la vacuité de l’existence et sur la nature de l’âme humaine. Pour incarner ce vide, Ryan Gosling est vraiment l’acteur idéal, avec son expressivité de planche en bois (à quand une collaboration avec Kristen Stewart, où ils joueraient ensemble le rôle d’une étagère Ikea ?).
Le film dure un peu plus de 2h40. Pendant la séance, plusieurs spectateurs sont sortis de la salle, probablement ennuyés. En ce qui me concerne, je n’ai pas vu le temps passer, et j’ai même éprouvé au final une petite frustration et le désir de voir prochainement en DVD une version longue, car il m’a semblé qu’il me manquait quelques éléments significatifs pour bien comprendre tous les enjeux de cette histoire.
L’aspect le plus incomplet du film concerne le personnage de Wallace (Jared Leto), un méchant presque caricatural aux ambitions démiurgiques. Je n’ai pas vraiment compris pourquoi il agissait (à part pour mettre des bâtons dans les roues du héros) et le film est d’ailleurs si peu cohérent dans le traitement de ce personnage qu’il ne prend même pas la peine de nous indiquer ce qu’il devient à la fin de l’histoire. Il disparaît purement et simplement du scénario… Avouez que cela a de quoi décevoir dans un film qui a été aussi scrupuleusement peaufiné !
L’autre déception concerne une bande d’androïdes que l’on voit dans une scène du film et qui annoncent qu’ils sont en train de monter une armée pour orchestrer une grande rébellion… Ça sent à mort la mise en place d’une franchise façon Matrix 3, Hunger Games 3 (part. 1 et part. 2), Harry Potter 5 (part. 1 et part.2), etc. Bref, toutes ces séries construites exactement sur le même modèle, terriblement prévisibles, et qui n’ont d’autre pour raison d’exister qu’une logique économique. Reste à découvrir qui va se coller au scénario de cet inévitable Blade Runner 3 et à sa réalisation…
A part ces deux bémols, tout m’a plu et toutes mes craintes ont été déjouées. Villeneuve a su prolonger l’intrigue du premier Blade Runner sans le trahir ni le répéter. Si l’on a finalement très peu avancé sur le plan de l’intrigue, les scénaristes ont néanmoins réussi à concevoir une histoire qui tient la route, à la fois très simple et suffisamment captivante, bien que l’on n’atteigne pas le sommet de grâce du premier opus (ce nouvel épisode étant enserré dans un cahier des charges trop visible). Le pari était très risqué, mais Villeneuve a une fois de plus prouvé qu’il était l’homme de la situation, à notre grand soulagement.
Et vous, qu’avez-vous pensé de ce Blade Runner 2049 ? Et quel pronostic faites-vous sur sa prochaine adaptation de Dune, le roman de Franck Herbert dont la version de Jodorowsky fut l’échec le plus désespérant de toute l’histoire de la SF ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.