Dans Capharnaüm, Zain, garçon de 12 ans, poursuit ses parents en justice pour l’avoir mis au monde. Un film choc sur l’enfance maltraitée et l’exclusion, mais aussi le courage et la débrouille d’un enfant qui décide de se rebeller contre l’injustice de sa condition.
La réalisatrice Nadine Labaki nous confronte de plein fouet à la dureté de la vie pour une frange de la population invisible (ou que l’on ne veut pas voir), celle des familles précaires, qui n’ont aucun droit, qui n’ont même pas de papiers, qui ne vivent que de petites combines et n’ont personne sur qui compter. Si comme moi vous avez grandi devant Princesse Sarah, alors vous n’avez encore rien vu… La vie du petit Zain dans les bas-fonds de Beyrouth ressemble plus à de la survie. Ce misérable des temps modernes ne se laisse pas abattre pour autant. Au gré des rencontres (un vieillard simplet cousin de Spiderman – dont l’emblème est un cafard – et une éthiopienne mère-célibataire), il va peu à peu tracer sa route pour tenter de s’en sortir.
Racontée avec élégance, cette aventure jette un coup de projecteur nécessaire sur un capharnaüm des temps modernes (comprendre plutôt “bidon-ville”) dans lequel Zain est notre guide.
Les jeunes comédiens (Zain Al Rafeea, 14 ans, et Boluwatife Treasure Bankole, moins de 2 ans) sont éblouissants et semblent écrire une nouvelle page essentielle du cinéma sur l’enfance, dans la lignée des Quatre cents coups et de Jeux inderdits. Un film qui fera date, espérons-le, et qui aidera peut-être à faire bouger les choses pour que les enfants qui naissent au vingt-et-unième siècle cessent de vivre dans des conditions infâmes.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Bluffée par le jeu de ces jeunes acteurs. Le jeune Zain porte le film du début à la fin et ce tout petit bout’chou, Yonas est incroyable. La misère du XXIème siècle ne semble n’épargner en rien cette population déjà au fond de l’abîme. Quelques heures après la projection, les personnages des Misérables de Victor Hugo sont venus se superposer à ceux de ce film…c’est étrange comme Hugo décrivait déjà si bien cet état de pauvreté et comme le film montre aujourd’hui une aussi grande injustice à ne devoir survivre et non vivre. Suis d’accord avec votre article Julien, notamment son titre ! Allez voir ce film.