Depuis quelques années, le street art a enfin obtenu ses lettres ne noblesse et est reconnu dans les milieux artistiques, aussi bien par les esthètes que par le public populaire. L’Hôtel de Ville de Paris a donc offert une grande vitrine aux street artistes avec l’exposition Capitale(s) consacrée à l’art urbain. J’ai profité d’un récent séjour à Paris pour aller voir cette exposition gartuite et passionnante.
Des œuvres et une ville capitale(s)
Blek le Rat, Jef Aérosol, Psyckoze, Nasty, Futura 2000, A-One, Kashink, JonOne, André, Zevs, Invader, Banksy, C215, JR, Obey, Fafi, Miss.Tic… tous ces noms ne vous sont peut-être pas inconnus. Ce sont les artistes – ou plutôt les pseudonymes des artistes – qui ont habillé les rues de Paris avec leurs collages et leur peinture depuis près de 60 ans. Certains sont devenus particulièrement identifiables.
Si je vous dis « un petit extraterrestre en mosaïque coloré et pixélisé », vous répondez aussitôt « Invader ».
Un smiley avec un œil en forme de croix ? C’est André bien sûr !
Une nymphette-bimbo-lolita ? C’est signé Fafi !
Chaque street artiste a sa patte, sa signature. Leur renommée est désormais suffisamment grande pour qu’on les (re)connaisse dans tous les coins du globe. Même quand leur identité réelle est encore un mystère ou fait débat (comme Banksy), leurs œuvres parlent pour eux. C’est d’ailleurs ce que j’adore dans le street art : l’œuvre passe avant l’artiste.
Déambulation dans les œuvres les plus emblématiques des dernières décennies
L’Hôtel de ville de Paris nous propose une véritable déambulation pour revivre les grandes heures du street art, des années 80 à nos jours. Les œuvres les plus célèbres sont ainsi mises en lumière pour être redécouvertes.
J’ai beaucoup aimé la première partie de l’exposition, qui nous rappelle le caractère souvent illégal de cette forme d’art. On peut ainsi lire différents procès verbaux adressés aux artistes avec les sanctions ou amendes correspondantes.
Petit coup de projecteur sur quelques street artistes
Nasty et Slice
Futura 2000
Né en 1955 à New-York, il a accompagné en 1981 le groupe The Clash pendant leur tournée pour peindre pendant leurs concerts. Il est l’un des premiers artistes à être passés des graffitis dans le métro aux toiles exposées dans les galeries.
Zevs (prononcé Zeus)
Connu depuis les années 1990 pour diverses œuvres d’art urbain dans les grandes capitales du monde entier, Zevs interroge l’espace public, l’art et le rapport de l’art au consumérisme. Son nom peut paraître pompeux, mais il l’a choisi en référence au nom du RER A « ZEUS » qui faillit l’écraser en 1992 alors qu’il réalisait un graffiti. En 1999, il crée avec Invader le collectif @nonymous, délaissant dès lors le graffiti traditionnel pour un travail plus conceptuel.
Invader
On ne présente plus Invader. Quelle que soit la ville dans laquelle vous habitez, je suis sûr que vous êtes déjà tombé sur ses petites mosaïques d’extraterrestres. L’exposition Capitale(s) propose même une carte de Paris pour géolocaliser toutes ses œuvres.
C215
Je vous ai déjà parlé de cet artiste auquel j’ai même consacré un article complet le mois dernier, puisque le Castelet à Toulouse le met à l’honneur dans une exposition sur le monde carcéral. Ses graffitis sont également visibles dans toute la ville rose (lorsque les services de propreté de la métropole ne les effacent pas en les confondant avec du vandalisme). On peut voir dans l’expo Capitale(s) l’une des boîtes aux lettres graffée à l’effigie de Simone Veil.
Vhils
Lors de mon dernier voyage à Lisbonne, j’avais adoré découvrir dans la rue de mon hôtel un mur où Vhils avait gravé un visage de vieillard. Dans l’expo Capitale(s), ce sont des affiches superposées qui ont été sculptées jusqu’à faire apparaître le même genre de visage émouvant.
Obey
Obey, a.k.a. Shepard Fairey, est l’un des street artistes les plus connus au monde. Et pour cause : c’est à lui que l’on doit le portrait de campagne officiel de Barack Obama en 2008 ainsi que celui de Marianne exposé à l’Élysée – dont un exemplaire était visible dans l’expo Capitale(s).
JR
J’éprouve beaucoup d’émotions à chaque fois que je vois des œuvres de JR, artiste profondément engagé. Le film auquel il a participé avec Agnès Varda, Visages Villages, avait été un immense coup de cœur en 2017.
Banksy
On ne présente plus Banksy, dont chaque œuvre est un coup d’éclat politique ou médiatique. Un mur entier est consacré à ses œuvres les plus emblématiques.
Une mise en scène très immersive
De nombreux autres artistes sont bien évidemment présents dans cette très riche exposition. Pour ma part, j’ai adoré cette expo pour sa mise en espace très immersive, où les œuvres n’étaient pas simplement photographiées ou reproduites mais débordaient sur chaque mur. Le résultat a vraiment été très réussi.
Si vous avez raté l’exposition Capitale(s), soyez rassuré : le street art a plus que jamais le vent en poupe et de nombreuses autres expos dans le même genre devraient fleurir un peu partout dans les années à venir, que ce soit à Paris ou dans les villes de province.
Et vous, quels sont vos street artistes préférés ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.