Diffusée sur Arte, Ceux qui rougissent est composée de seulement 8 épisodes de 10 minutes, et hop ! le tour est joué. Cette série, c’est un condensé d’émotions brutes, une exploration intime des inhibitions et des fragilités adolescentes. Le regard des autres, le poids des normes sociales, l’ancrage d’un modèle policé… tout cela est exposé, déconstruit, chamboulé.
Tous les gens que je connais qui ont vu cette série m’ont dit : « Faut vraiment que tu regardes, ça m’a fait trop penser à toi ». Et force est de constater que oui, en tant que professeur de théâtre en lycée, j’ai eu le sentiment de connaître parfaitement tous ces personnages depuis bien longtemps. Ces jeunes à fleur de peau, ces corps maladroits, ces émotions qui débordent, tout cela fait écho à mon quotidien. Ces personnages, je les connais. Je les vois éclore, grandir, oser, parfois lutter pour se libérer d’un carcan qu’ils ne comprennent pas encore pleinement. Alors, forcément, j’ai envie de vous recommander cette série pour plein de raisons…
Ceux qui rougissent : un miroir saisissant des fragilités adolescentes
En résumé et pour faire simple : on est dans un lycée où un groupe d’élèves d’option théâtre prépare un spectacle inspiré du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Un nouveau professeur arrive en cours d’année et va bouleverser les habitudes de travail.
Les dialogues ciselés et les angles de caméra intimes capturent cette tension si particulière de l’adolescence, entre retenue et explosion. On a les larmes aux yeux devant ces scènes où le violoncelle, si délicat, vient briser nos dernières défenses. La musique ajoute parfois une profondeur aux silences, aux regards, aux hésitations des élèves et du professeur.
Tout est vrai dans Ceux qui rougissent. L’audace d’un groupe, la magie du partage des émotions sur une scène, la force qu’on trouve dans la vulnérabilité… Ce que le théâtre permet aux élèves, cette alchimie entre eux, cette découverte de soi et des autres : la série le montre avec une puissance et une vérité qui m’ont cueilli parce qu’elle a fait écho à plein de situations déjà vécues.
Une ode à l’adolescence et au théâtre
J’ai toujours considéré l’adolescence comme un âge de cristal, matériau à la fois si fragile et si beau qui produit, quand on sait le faire chanter, une musique tellement magique ! C’est l’âge que je préfère entre tous et c’est pourquoi, auprès des lycéens, je me sens vraiment dans mon élément. En tant qu’enseignant, j’ai vu ces moments où la parole se libère, où le corps s’affirme, où un jeune découvre qu’il peut exister autrement, plus pleinement. C’est exactement ce que la série capture et célèbre.
Avec ses épisodes courts, rythmés, et son regard bienveillant, Ceux qui rougissent m’a rappelé pourquoi j’aime tant mon métier. Parce que le théâtre est un espace où – paradoxalement – les masques tombent, où l’on ose être soi, où l’on transforme les fragilités en forces.
Si vous trouvez que l’adolescence est un âge ingrat, regardez cette série. Vous y reconnaîtrez peut-être l’ado que vous avez vous-même été, un peu maladroit, un peu cabossé, un peu casse-pied aussi (oui, oui, il faut quand même l’admettre). Dans cette série, j’ai surtout retrouvé un écho à mon propre parcours (j’ai moi aussi été un de ces élèves il y a fort longtemps, avant d’être leur professeur) et un écho à mon attachement à ces jeunes petits humains qui grandissent sous mes yeux. C’est beau, c’est émouvant, et c’est une réussite totale. Vous l’avez compris, je vous recommande Ceux qui rougissent à 100 %.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.