Le film du moment, c’est Civil War. Affiches, bandes-annonces, impossible de passer à côté du blockbuster sorti cette semaine et qui remet sous les feux des projecteurs Kirsten Dunst, devenue très rare sur grand-écran. L’idée centrale est prometteuse : les États-Unis d’Amérique ont sombré dans la guerre civile et la démocratie s’est effondrée. Mercredi soir, je suis donc allé assister à la première de ce film à grand spectacle. Mauvaise idée…
Civil War, un film sans scénario ni personnages
Je ne m’étais pas trop renseigné sur le scénario du film. Les bandes-annonces en disent d’ailleurs très peu à ce sujet. Et ça, en général, j’aime bien. Moins j’en sais sur un film (ça vaut aussi pour les livres et les pièces), plus j’apprécie la découverte. Mais là… mais là ! Tu comprends vite pourquoi le scénario n’a pas filtré : il n’y en a pas !
Il y a juste un fil, l’histoire de la photographe de guerre Lee Smith (Kirsten Dunst, donc) qui traverse les États-Désunis pour se rendre à Washington D.C. afin de réaliser une interview du président américain, avant que la Maison Blanche ne soit prise d’assaut et le pouvoir renversé. Un road movie, en somme. Bien long. Bien chiant.
Côté personnages, passez votre chemin, il n’y a rien à voir. Kirsten Dunst est toujours aussi peu expressive que dans ses films précédents (dans la famille des actrices neurasthéniques, elle a une belle place aux côtés de Kristen Stewart), à se demander comment une comédienne peut avoir une carrière aussi longue avec une palette de jeu aussi réduite. À ses côtés, les autres acteurs sont tout aussi oubliables. D’ailleurs, on n’éprouve aucune émotion lorsqu’il arrive quelque chose aux personnages, leur mort étant aussi anecdotique et fade qu’une chips sans sel.
N’attendez évidemment pas le moindre propos politique dans ce film. On pourrait être n’importe où et n’importe quand… la seule chose qui a intéressé le réalisateur Alex Garland, c’est que ça fasse « boum » le plus souvent possible, peu importe qui tire sur qui et pour quelles raisons. Or, s’il y avait un sujet à traiter, c’était bien celui-là : comment une grande démocratie peut-elle basculer si rapidement et s’effondrer ? Le film se garde bien d’y répondre et contourne allègrement la question. Difficile de faire plus creux… Ceci dit, pour un public d’Amerloques trumpistes, ça peut passer.
Anatomie du métier de reporter de guerre
Le film Civil War, par son point de vue, pourrait être considéré comme un portrait psychologique des reporters de guerre. Qu’est-ce qui les meut ? Pourquoi vont-ils au cœur des conflits les plus violents et dangereux du monde ? Quelles séquelles les scènes dont ils sont témoins leur laissent-elles ?
Eh bien les amis, c’est pas joli-joli. Est-ce parce que Kirsten Dunst est incapable d’incarner une émotion ? Ou bien est-ce une volonté de la part du metteur en scène ? En tous cas, on a vraiment l’impression que les journalistes de guerre sont des gens sans âme et sans cœur. Ils photographient et documentent la guerre comme ils le feraient avec n’importe quel sujet de la vie quotidienne. Pas de motivation particulière. Pas de vocation. Encore moins de mission. Juste un hobby. Parce que voir un être humain être brûlé vif, des enfants se faire torturer, des charniers avec des centaines de corps démembrés, ça peut faire une belle photo.
Pour nous faire oublier que le film n’a aucun autre message à faire passer, le réalisateur a tout misé sur les gros effets visuels et sonores. Des explosions à gogo, des détonations absolument tonitruantes (je me suis bouché les oreilles pendant une grande partie du film), de la musique totalement hors-sujet mais à fond les ballons pour bien vous casser les oreilles… Les scènes d’action, certainement jolies, sont illisibles et franchement stupides. Le film n’est même pas assez cool pour être juste divertissant… Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi stupide, qui de surcroît se prend au sérieux et essaie même de se la jouer intello.
Bref, vous l’aurez compris, Civil War est une grosse arnaque. Regardez bien la bande-annonce qui est clairement la synthèse de tout ce qu’il y a de meilleur dans ce film, et allez dépenser votre temps et votre argent en allant voir des choses plus intéressantes.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.