Difficile de parler du dernier roman de Nancy Huston, Le Club des miracles relatifs, tant j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire… Y suis-je seulement parvenu à un moment donné ? Difficile à dire. Tout au long de ma lecture, je n’ai cessé de répéter : « je ne comprends pas, je ne comprends pas… » Au bout du compte, j’ai un peu mieux compris, mais qu’est-ce que ça a été long !
En résumé : S’il fallait résumer ce roman (exercice ô combien difficile), je dirais que c’est une rencontre entre 1984 et Le cercle des poètes disparus. Vous ne voyez pas le rapport entre ces deux chefs-d’œuvre ? Alors disons que le héros du roman, Varian, est un être un peu spécial, hors-norme, très sensible et à la limite de la schizophrénie. Poète au fond de son cœur, il vit dans un monde brutal qui broie les hommes dans un but de profit perpétuel. Difficile pour Varian d’y trouver sa place. Employé dans un site d’exploitation des énergies fossiles, il finit par être soupçonné d’appartenir à une organisation écologique et sera pour cela emprisonné et torturé. S’adressant à un avocat imaginaire, le jeune homme, infirmier au Club des miracles relatifs, raconte son histoire.
Une structure en 7 x 4 : Le roman est divisé en sept parties qui comportent chacune quatre chapitres (soit 28 chapitres au total). Chaque premier chapitre nous raconte l’incarcération de Varian. Chaque deuxième chapitre est un épisode de l’enfance du personnage (en particulier ses rapports à sa mère). Chaque troisième chapitre est le portrait d’une femme qui a croisé le chemin de Varian. Chaque quatrième chapitre est le monologue intérieur de Varian qui raconte son histoire à un avocat imaginaire.
Le style : Si la structure en 7 x 4 est assez simple à comprendre, le style est vraiment ardu. On passe sans transition d’une narration externe à la troisième personne à un monologue intérieur (à la première personne ou en discours indirect libre) au sein d’un même chapitre, d’un même paragraphe, voire d’une même phrase ! Mots inventés, terminologie de dinosaures pour décrire les rapports sociaux, segments de phrases espacés de manière aléatoire et illogique, on patauge souvent dans l’incompréhension la plus totale…
Impossible non plus de comprendre quels faits sont reprochés à Varian, ni son degré de culpabilité (même si on le devine, dans une certaine mesure, coupable d’autres crimes ou faits de violence que ceux qui lui sont reprochés).
Mon avis : Je n’ai pas vraiment adhéré à l’ensemble de ce roman. Les troisièmes chapitres de chaque partie (ceux qui font des portraits de femmes) sont ceux qui m’ont le plus emballé, même si je pense n’avoir pas bien compris ce qu’ils impliquaient par rapport au reste du récit. La syntaxe hachée qui traduit l’halètement de Varian m’a beaucoup gêné dans la progression de ma lecture et tout simplement dans la compréhension du sens littéral de cette œuvre. Heureusement, les 28 chapitres sont courts, mais il me semble que les clés du récit arrivent beaucoup trop tard (le sens du titre, par exemple, n’est donné qu’à la page 230 alors que le roman en compte 295 !) ce qui fait que l’on passe à côté des tenants et des aboutissants. Le roman mériterait donc probablement une deuxième lecture, mais je ne me donnerai pas cette peine !
Le Club des miracles relatifs est le deuxième roman de Nancy Huston que je lis, après Lignes de faille, et si ce dernier avait été pour moi un coup de cœur extraordinaire, Le Club des miracles relatifs est en revanche une vraie déception.
Et vous, avez-vous déjà lu Nancy Huston ? Que pensez-vous de ses romans ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
J’aime beaucoup Nancy Huston, ligne de faille qui est vraiment un chef d’oeuvre, j’avais également apprécié l’empreinte de l’ange…le dernier en date dans mes lectures c’était danse noire : moins axé sur l’impact de la seconde guerre mondiale sur les familles juives, mais tout aussi touchant.
J’avoue par contre que celui dont tu parles me tente moins.