Ne me demandez pas comment c’est possible, mais j’avais raté la sortie du nouvel album de Corto Maltese sorti en octobre 2024. J’ai donc mis à profit de fait que je suis en vacances d’hiver pour me procurer La ligne de vie et me plonger frénétiquement dans la lecture de cette aventure, une nouvelle fois signée Juan Días Canales & Rubén Pellejero.
Cette fois, l’aventure nous entraîne en 1929. Le marin Corto Maltese est au Mexique et accepte une nouvelle mission de la part de Bouche Dorée : il doit négocier un lot d’antiquités mayas auprès d’un archéologue sans scrupule. Mais comme toujours, rien ne va se passer comme prévu et notre marin se retrouve contraint de convoyer un chargement d’armes pour les christeros, ces révoltés catholiques qui se battent contre le gouvernement républicain et ses nouvelles lois anticléricales. Il retrouvera parmi eux deux de ses vieilles connaissances, Raspoutine qui a rejoint les ordres, et Banshee O’Danann, la révolutionnaire irlandaise.
La ligne de vie, le destin périlleux de Corto Maltese
Si vous êtes comme moi un grand fan des aventures de Corto Maltese, vous savez que la divination joue un grand rôle dans sa vie. Fils d’une gitane sévillane, les lignes de sa main son souvent évoquées dans les albums d’Hugo Pratt. Alors qu’une chiromancienne s’étonnait de ne pas trouver de ligne de chance dans sa paume, Corto aurait alors répondu : « La chance, c’est moi qui la fait ! » et il se serait lui-même entaillé le creux de la main avec un rasoir de son père.
Dans les premières pages de ce nouvel album, c’est Bouche Dorée qui joue les chiromanciennes : « Écoute Corto. Je ne plaisante pas ! La mort te guette et elle parle espagnol. » Alors forcément, partir à l’aventure en terre mexicaine après une prédiction comme celle-là, ça fait réfléchir…
Juan Días Canales & Rubén Pellejero, dignes héritiers d’Hugo Pratt
C’est la cinquième fois que Juan Días Canales & Rubén Pellejero signent un album de Corto Maltese. Et il faut dire qu’ils ont repris le flambeau avec beaucoup de talent, tant dans l’écriture que dans le dessin.
Alors que je me refuse catégoriquement de lire les nouveaux albums signés Bastien Vivès & Martin Quenehen (question de valeurs et de principes), ceux de Juan Días Canales & Rubén Pellejero sont vraiment des régals dans lesquels je trouve toute la saveur des aventures originales, écrites et dessinées par Hugo Pratt.
Je vous avais parlé avec enthousiasme de Sous le soleil de minuit, Équatoria et Le Jour de Tarowean qui étaient tous trois des préquels (puisque leur actions se passait au tout début des années 1910, donc avant La Ballade la mer salée), j’étais un peu resté sur ma faim avec Nocturnes berlinois, qui nous plongeait dans la république de Weimar, minée par les organisations d’extrême-droite.
La ligne de vie est donc l’aventure la plus tardive dans la chronologie, et les dernières planches laissent imaginer que ce ne sera peut-être pas la dernière, et ça, ça fait très plaisir ! Et vous, vous suivez les aventures de Corto Maltese depuis que ce n’est plus Hugo Pratt qui les signe ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.