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Coup de cœur pour EXIT ABOVE d’après la tempête

by Julien
exit-above © Anne Van Aerschot

La Biennale 2024 frappe de plus en plus fort. Après une première semaine en demi-teinte, voilà que le dernier week-end s’ouvre avec une explosion d’émotions ! Après avoir vu Koulounisation au CUB, je me suis rendu dans la grande salle du Théâtre de la Cité pour découvrir EXIT ABOVE d’après la tempête, la dernière création d’Anne Teresa De Keersmaeker. La chorégraphe belge fonce à pleine vitesse et après une carrière de presque 5 décennies, nous surprenant encore une fois par son audace et son inventivité.

Dès le lever de rideau, le ton est donné : la scénographie, composée de motifs colorés, circulaires et géométriques au sol, annonce la marche emblématique de De Keersmaeker, une marche qu’elle sait transformer en véritable danse. Une fine bâche de plastique, agitée par un ventilateur, évoque déjà la tempête shakespearienne promise dans le titre. Tout semble donc en place pour une performance attendue, et pourtant, cette pièce va bien au-delà des habitudes de la chorégraphe.

EXIT ABOVE, un renouvellement surprenant

Porté par une voix cristalline (la chanteuse Meskerem Mees) et une guitare délicate (le musicien Carlos Garbin), ce spectacle est une sorte de résistance optimiste face à une tempête qui gronde de façon sous-jacente. Entre mélancolie et douceur, la nouvelle pièce de la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker entraîne une dizaine de danseurs dans un tourbillon poétique. Et les spectateurs sont entraînés dans le courant…

exit-above © Anne Van Aerschot
EXIT ABOVE, d’après la tempête (Anne Teresa De Keersmaeker) © Anne Van Aerschot

Fidèle à sa maxime « My walking is my dancing », De Keersmaeker rappelle que la marche, élément simple et universel, peut devenir un puissant vecteur de mouvement et d’émotion. La chanson Walkin’ Song de Mees, inspirée du Walking Blues de Robert Johnson, lance le spectacle avec une énergie contenue mais irrésistible. Pied gauche, pied droit, et l’on avance, malgré les remous, sur le chemin de l’avenir.

EXIT ABOVE est un retour aux sources, plus précisément à un croisement : aux fondements de la pop, du blues, avec des mystérieuses « notes bleues », zones troubles et ambiguës, situées quelque part entre le chagrin et la joie.

Programme de la Biennale 2024

Dans EXIT ABOVE, d’après la tempête, Anne Teresa de Keersmaeker renouvelle son approche du mouvement. Toujours centrée sur la marche et la relation entre danse et musique, elle explore ici de nouvelles possibilités grâce aux jeunes danseurs de la compagnie Rosas. Leurs corps deviennent les instruments d’une recherche profonde, abordant des thèmes écologiques, politiques et sociaux d’une grande résonance.

Le mouvement devient ici un langage universel, ancré dans la contemporanéité. Les danseurs, à travers des solos, des duos ou de grandes scènes collectives, expriment la fluidité d’un monde en perpétuel mouvement, mêlant des styles aussi variés que le voguing, la samba, le pantsula et la house dance.

Une danse aux multiples sens

Les chansons de Meskerem Mees et les airs de guitare de Carlos Garbin apportent à la pièce une dimension émotionnelle et intellectuelle forte. À plusieurs reprises, je me suis surpris en train de pleurer, sans bien savoir si c’était de joie ou de tristesse… Ah ! Ces fameuses « notes bleues » sont irrésistibles !

Et puis ces costumes créés par Aouatif Boulaich… Ils m’ont laissé sans voix ! Quelle beauté dans les couleurs et dans les formes, qui évoquent à la fois le maillot de sport et la tenue de danse. Chaque habit est floqué de citations poétiques, souvent shakespeariennes, qui font écho avec les chansons du spectacle. Quelle intelligence !

exit-above © Anne Van Aerschot
Meskerem Mees, habillée par Aouatif Boulaich dans EXIT ABOVE, d’après la tempête © Anne Van Aerschot

Les moments d’arrêt, où les danseurs nous fixent du regard, créent un lien intime avec le public, même au milieu d’une tempête symbolique. Chaque geste, chaque image, des tornades aux révoltes silencieuses, interpelle. L’explosion énergique des corps, exaltés par un rythme qui emporte tout sur son passage, propage une émotion qui ne peut laisser indifférent.


Je suis ravi de finir cette Biennale avec ce spectacle en guise de point d’orgue. Vous avez encore jusqu’à demain pour découvrir ce ballet exceptionnel au Théâtre de la Cité. Ne manquez pas cette occasion !

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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