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Dans la Dèche avec Luc Onnen, au Théâtre de Poche

by Julien
la deche Luc Onnen George Orwell

Hier soir, j’ai eu le plaisir d’être invité au Théâtre de Poche, le petit théâtre de la rue d’El Alamein que j’affectionne particulièrement depuis que j’y ai vu Autun 1950 en novembre 2022 et La Jeune fille et la mort en avril dernier. Cette semaine – et jusqu’à samedi soir – le Théâtre de Poche accueille un spectacle de Luc Onnen intitulé La Dèche, très librement inspiré d’un récit autobiographique de George Orwell : Dans la Dèche à Paris et à Londres. Mis en scène par Yohann Villepastour, le comédien Luc Onnen est seul en scène et nous entraîne dans le quart-monde.

La Dèche, une libre adaptation d’Orwell

Un homme se réveille dans la rue sans mémoire, sans adresse, une poignée de porte dans la main. Elle le ramènera peut-être chez lui, dans la vie qu’il menait avant, de l’autre côté. Car pour ceux qui sont dans « la dèche », le monde se divise en deux espaces : le dehors et le dedans. Toute la complexité est de comprendre comment ceux qui ont toujours vécu « dedans » ont pu un jour se retrouver « dehors », et comment ceux qui sont « dehors » pourront un jour remonter la pente et retourner « dedans ».

Sur son chemin – pérégrination aux allures d’épopée misérable – notre vagabond rencontre des personnages étranges, à la folie joyeuse, prêts à tout pour s’en sortir. Le roublard Boris, la vieille Jennie, ou bien un duo de gardiens de prison, un vagabond aux airs de baudroie abyssale… autant de personnages que Luc Onnen incarne tour à tour avec brio. La performance d’une heure est impressionnante.

Une mise en scène en clair-obscur

L’un des points forts de cette mise en scène, c’est l’utilisation des lumières. Elles permettent de créer un clair-obscur des plus intéressants. Tantôt sous un lampadaire, tantôt dans un cadre de néons dont la lumière vacille, ou bien avec une lampe frontale qui lui donne l’air d’une baudroie, le visage et la silhouette du comédien se découpent de manière interlope dans une semi-obscurité parfois inquiétante.

Le spectacle a d’ailleurs initialement été créé pendant le Festival de Caves et joué dans des espaces encore plus petits que le Théâtre de Poche (qui pourtant porte bien son nom). La proximité avec le comédien est saisissante, on se sent « dans la dèche » avec lui, entouré de pénombre.

Le seul en scène d’un touche-à-tout

Ce seul-en-scène, teinté d’humour absurde et piquant, nous entraîne dans les bas-fonds d’un monde étrangement familier. Sans voyeurisme ni complaisance, il dresse un portrait vivant de ces habitués du mont-de-piété où l’espoir et l’infortune se livrent un duel épique. Luc Onnen impressionne par sa faculté à tout gérer : auteur de l’adaptation, interprète, compositeur, musicien et chanteur… J’en reste baba.


Si vous voulez voir La Dèche, vous pouvez encore découvrir ce spectacle ce soir et demain soir à 20h30 au Théâtre de Poche. C’est un spectacle tout public qui vaut la peine d’être découvert dans l’intimité d’un petit théâtre de quartier.

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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