C’est une fin de saison majestueuse que nous offre l’Opéra National du Capitole de Toulouse avec le spectacle Daphnis et Chloé. Orchestre, ballet et chœur s’associent pour quatre magnifiques représentations à la Halle aux Grains qui mettent à l’honneur le chorégraphe Thierry Malandain et les compositeurs Claude Debussy et Maurice Ravel.
L’Après-midi d’un faune et les adieux à la scène de Davit Galstyan
J’étais présent à la représentation du mardi 28 juin, date importante car elle marquait les adieux à la scène du danseur étoile Davit Galstyan. Pour l’occasion, il a donc interprété L’Après-midi d’un faune tel que le ballet fut revisité par le chorégraphe Thierry Malandain. On ne retrouve donc pas les costumes ni les pas de danse immortalisés par Vaslav Nijinski en 1912 mais une chorégraphie totalement contemporaine dans laquelle le danseur est seul sur scène. Exit les nymphes, cet Après-midi d’un faune est un solo épuré mais qui ne renonce pas au potentiel très sensuel et érotique de ce ballet.
Ce solo fut un moment très émouvant puisque Davit Galstyan, Étoile de la première heure au Ballet du Capitole, faisait ses adieux à la scène. Une fin de carrière saluée par Christophe Ghristi et Kader Belarbi et les applaudissements chaleureux du public toulousain.
Daphnis et Chloé, création mondiale
Sur la musique de Maurice Ravel, Daphnis et Chloé est un des plus beaux ballets que j’ai eu l’occasion de voir. Vous me direz, c’est une affaire de goût, et effectivement il faut aimer l’esthétique néo-classique pour apprécier pleinement ce spectacle. Entre trois colonnes ioniques, les danseurs enchaînent les tableaux pour raconter l’histoire d’amour du berger Daphnis et de la belle Chloé, protégés par le dieu Pan.
Devant autant d’harmonie, de géométrie et de précision, on pense à Cocteau mais aussi aux figures égyptiennes dessinées sur les murs des temples antiques. Tel un coryphée, Alexandre De Oliveira Ferreira (Pan) mène la danse et entraîne les danseurs du corps de ballet dans sa folie.
Natalia de Froberville et Ramiro Gómez Samón incarnent quant à eux les deux amoureux avec une grâce éblouissante. J’ai particulièrement aimé la deuxième partie du ballet, lorsque Chloé manque de se faire enlever par des Pirates. Le tableau de la danse guerrière produit un effet de haka néo-classique en parfaite adéquation avec la puissance de l’orchestre et les chants du chœur qui surplombe la scène.
Ce grand moment contraste avec des ors de la troisième partie et particulièrement « le lever du jour » considéré comme le sommet de l’art orchestral de Maurice Ravel.
Il vous reste deux soirs pour voir ce magnifique spectacle. L’Après-midi d’un faune et Daphnis et Chloé seront à l’affiche mercredi 29 et jeudi 30 juin à 20h à la Halle aux Grains, un programme à ne manquer sous aucun prétexte !
Photos © David Herrero
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.