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Déception au Palais de Tokyo

by Julien

Rester vivant Houellebecq4Depuis une semaine, le Palais de Tokyo accueille dans ses murs l’exposition de Michel Houellebecq Rester Vivant, jusqu’au 11 septembre 2016.

Michel Houellebecq est un auteur que je lis seulement depuis une dizaine d’années et qui m’a fait découvrir bien des horizons. Après avoir lu Les particules élémentaires et La possibilité d’une île qui m’ont passionné, je me suis intéressé à sa biographie et à ses nouvelles. C’est notamment parce qu’il a consacré en 1991 un essai à H.P. Lovecraft que j’ai lu La maison de la sorcière, Les montagnes hallucinées, Le cauchemar d’Innsmouth et bien d’autres nouvelles du mythe de Cthulhu. C’est également à cause de sa nouvelle Lanzarote et ses réflexions sur la secte raëlienne que je suis allé avec enthousiasme aux Canaries en 2014 et que cette île volcanique qui m’a subjugué. Enfin, le film Near Death Experience de Gustave Kervern et Benoît Delépine dans lequel il campe le rôle principal fut mon préféré la même année.

Ses derniers romans (La carte et le territoire et Soumission) m’ont beaucoup moins séduit… Peut-être parce que l’anticipation y est à plus court terme et que ses échos à l’actualité immédiate me touchent moins. Sa poésie aussi me laisse de marbre (même si Voilà ce sera toi chanté par Jean-Louis Aubert sur les ondes FM me fait toujours un peu rire au quatrième degré).

L’exposition Rester vivant a produit le même plouf ! Houellebecq y expose des séries de photographies sobrement intitulées (Arrangements#00* ; Femmes#00* ; Inscriptions#00* ; Espagne#00* ; etc.) comme autant d’images mentales, sans le moindre cartel en guise d’explication ou de médiation. Représentant souvent des paysages ou des détails qui confinent à l’abstraction, difficile parfois de comprendre ce que ces images font les unes à côté des autres et quelles impressions elles sont supposées provoquer. En ce qui me concerne, elles n’ont rien produit du tout !

Plusieurs installations évoquent l’univers de La possibilité d’une île et sa vision nihiliste de l’avenir, en particulier l’œuvre Daniel & Esther représentant les héros du roman sous leur forme la plus élémentaire. C’est sans doute l’œuvre qui m’a le plus interpelé et intéressé dans cette exposition. L’Homme et la Femme y sont réduits aux éléments chimiques qui les composent.

Rester vivant Houellebecq

Daniel & Esther

 

Une autre salle est consacrée au tourisme de masse et m’a assez plu par le contracte de ses couleurs et son cynisme (le sol par exemple, jonché de set de tables vantant les produits régionaux) comme un hommage ou une déclaration d’amour à la France de Jean-Pierre Pernaut, mais franchement ça ne cassait pas trois pattes à un canard…

 

Rester vivant Houellebecq2

 

Les portraits de femmes enfin et toute la partie en forme de déclaration d’amour consacrée à son chien Clément (que l’on peut voir sur l’affiche de l’exposition) m’ont carrément laissé de marbre.

Bref, ce passage au Palais de Tokyo a été une grande déception. J’ai rarement vu une exposition qui produise sur moi si peu d’effet. Ici, je n’ai même pas eu de sensation de rejet comme ce fut le cas à Bilbao devant les installations de Louise Bourgeois ou à la Fondation Louis Vuitton face aux œuvres d’artistes chinois contemporains. Bref, je n’ai jamais eu moins la sensation d’être vivant…

Et vous, saurez-vous « rester vivant » après avoir vu l’exposition de Michel Houellebecq ?

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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2 comments

Pauline 1 juillet 2016 - 13 h 00 min

Moi j’ai trépassé !

Reply
BABIK 1 juillet 2016 - 16 h 29 min

Culture déconfiture je ne peux qu’être d’accord avec la déception suscitée par cette exposition et bien que n’étant pas un fan de Houellebecq (même si j’ai adoré Lanzarote ). Mais finalement que pouvions nous attendre de plus que d’un auteur qui essaie de trouver une source de beauté dans la masse et tout ce qu’elle produit… Si je devais résumer l’exposition rapidement, je dirais que c’est un éloge à la médiocrité de masse..

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