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Dolce Agonia, Nancy Huston

by Julien

Dolce Agonia est le troisième roman de Nancy Huston que je lis, après le formidable Lignes de faille et le décevant Club des miracles relatifs. Il me fallait bien une troisième lecture pour savoir si oui ou non j’aimais cette romancière ! C’est pourquoi je me suis lancé dans ce récit, qui avait été publié en 2001 chez Acte Sud et fut récompensé par le prix Odyssée en 2002 au Québec.

 

dolce-agonia

 

En résumé : Thanksgiving de l’an 2000. Le romancier Sean Farrell a réuni chez lui une dizaine d’amis, voisins, anciennes compagnes pour le repas traditionnel. Tout le récit va donc se dérouler en huis-clos au fil des heures et des plats qui vont rythmer la soirée, de l’apéritif au digestif. Les conversations vont permettre de présenter tour à tour les personnages et de comprendre leur passé, leurs relations et leur psychologie. Ce récit est très souvent interrompu par de longues parenthèses (quasiment à chaque page du roman) qui permettent d’accéder aux arrière-pensées des personnages et à leurs souvenirs non-exprimés.

Ces chapitres qui racontent la soirée de Thanksgiving ne constituent que la moitié du roman. Un chapitre sur deux est une projection dans le futur (les prolepses). Le narrateur de ces chapitres n’est autre que Dieu en personne, qui observe ses créatures, les juge, et nous révèle le destin qu’il leur a réservé, en particulier l’instant de leur mort. Ainsi, chaque chapitre intermédiaire fait un focus sur la mort à venir d’un convive et permet de prendre du recul sur ses pensées et ses conversations de l’instant présent, teintant ainsi tout le récit d’une ironie féroce.

 

Mon avis : L’idée originale de ce récit, entre huis-clos et prolepses, m’a d’abord paru intéressante. Juger l’instant présent en connaissance des événements à venir permet de lui donner une toute autre dimension (grotesque ou tragique). Mais rapidement, la forme m’a perdu et m’a fait décrocher. L’utilisation de parenthèses pour les passages d’introspection, trop nombreuses à mon goût, hachent tellement le récit que c’est à n’y plus rien comprendre… La nébuleuse des personnages (ceux qui sont présents dans l’histoire, mais aussi ceux dont on parle dans les dialogues ou ceux auxquels on pense sans en parler) prend une telle ampleur que l’on finit presque par s’y perdre.

Enfin, je me suis interrogé sur la finalité d’un tel récit. Pourquoi Nancy Huston nous raconte-t-elle cette soirée ? Ces personnages ? Ces va-et-vient entre présent, passé et avenir ? En exergue du roman, le narrateur divin se justifie en invoquant la poésie de cette soirée ordinaire… Personnellement, je n’y ai pas été sensible.

 

En somme, ce roman de Nancy Huston est le deuxième à côté duquel je passe complètement. Et vous, avez-vous déjà lu Dolce Agonia ou d’autres romans de Nancy Huston ? Que pensez-vous de cette écrivaine, au talent décidément très inégal ?

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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1 comment

Camille 19 septembre 2016 - 11 h 42 min

Malgré ta déception, je suis curieuse de lire ce livre que je ne connaissais pas même de nom, mais dont l’idée me paraît très intéressante !

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