Dans la liste des séries regardées dernièrement sur Netflix, il faut que je vous parle de Ratched. L’effrayante, la terrifiante Ratched. J’ai été séduite dès la bande-annonce au look vintage en diable et à l’atmosphère inquiétante de psychiatrie obsolète. Genre très obsolète. Genre Creepy.
Nous sommes en 1947 en Californie du Nord. Un homme, Edmund Tolleson, vient d’être arrêté pour avoir assassiné sauvagement une confrérie de prêtres. Au même moment, Mildred Ratched, infirmière durant la seconde guerre mondiale, intrigue pour se faire recruter au sein de l’hôpital psychiatrique de Lucia, dirigé par le docteur Richard Hanover. Un hôpital à la pointe des dernières tendances pour soigner tout types de pathologies jugées comme instables à l’époque : schizophrénie, langueur, apathie, homosexualité… Bienvenue dans le monde de la psychiatrie d’après-guerre, celles aux thérapies douteuses – pour ne pas dire barbares -, qui se passent dans un monde étonnamment mondain d’un asile aux allures d’hôtel de luxe aux coloris pop. Les deux affaires vont se rejoindre sur fond de campagne électorale d’un gouverneur et de son expérimentée attachée de presse, Gwendolyn Briggs.
J’ai beaucoup aimé la forme de l’intrigue qui se révèle finalement bien plus complexe que ce que je pensais. L’anti-héroïne Ratched est une femme dont on perçoit vite la terrible noirceur et le véritable dessein, mais la série entière se construit sur une vision non-manichéenne des choses entre la “normalité” et l’”anormalité”, où le soignant et le soigné ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Donc oui, bien sûr Ratched n’est pas un personnage qui attire la sympathie, difficile de le nier : manipulation, duplicité, intrigues et meurtres au programme, rien que ça. Mais ses rares étincelles d’humanité questionnent justement la question de la monstruosité, comme au final le reste des personnages qui d’une manière plus ou moins (beaucoup moins !) subtiles nous parlent des limites de la marginalité au coeur de la société. L’atmosphère se veut oppressante tout au long des épisodes de cette première saison, et si les scènes gores ne sont pas cachées (au contraire, phobique de l’hémoglobine, abstenez-vous) elles ne sont paradoxalement pas celles qui font le plus frissonner. Le tout tourné dans un look très hitchcockien à l’esthétique impeccable. C’est clairement une série qui s’apprécie à tous les niveaux.
Ratched est portée par l’impériale Sarah Paulson, absolument impeccable dans le rôle de Mildred avec toutes ses ambiguïtés. Mais elle n’est pas la seule à être à la hauteur dans cette série dont le casting est, il faut bien le dire, impeccable ! La part belle est réservée aux femmes, qui portent véritablement toutes les idées de compétences (positives ou négatives, c’est discutable, parlons plutôt d’efficacité finalement 😉 ). Je pense bien entendu à Cynthia Nixon, l’inoubliable Miranda de Sex & the city, qui joue le personnage clef de Gwendolyn Briggs, contrepied étonnant à l’héroïne si sombre. L’infirmière en chef de l’hôpital de Lucia, la risible Betsy Bucket, plus étonnante qu’il n’y paraît à premier abord, et l’énigmatique Charlotte Wells ne sont pas en reste. Et vous me direz si vous reconnaissez l’immense star qui fait une apparition plus que remarquable, je dois vous dire que j’ai mis un moment à la remettre dans mon esprit et ça a été un grand “noooooon, c’est ouffff” dans ma tête car je l’ai enfin reconnue 😉
J’ai découvert avec cette série qu’en fait Ratched est un personnage littéraire, issu du fameux Vol au-dessus d’un nid de coucou de Ken Kesey et qui a donné naissance au non moins fameux film de Miloš Forman avec Louise Fletcher, Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle, et Jack Nicholson. La série se veut donc être un préquelle au roman, explorant la Ratched d’avant. Et ça… et bien ça m’a bien donné envie de rajouter ce roman iconique à ma longue PAL ! Peut-être même le film, c’est vous dire pour moi !
Une deuxième saison est prévue pour Ratched et là… je dois vous dire que je ne sais pas ce qu’il faut en penser. Car au-final, la seule chose qui m’a un peu étonné c’est le final, et je me demande vraiment ce que pourra donner cette suite. A voir !
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2 comments
Ils aiment bien faire des films et séries sur les origines des “méchants” ces dernières années… ici Ratched, récemment Norman Bates (de Psychose) et Maléfique, bientôt Cruella Denfer. Mais du coup ça enlève un peu de leur mystère, qui faisait aussi leur force.
Je ne sais pas si ça enlève du mystère ou si ça rajoute de la complexité ! Pourquoi les méchants sont méchants, ça reste LA question, et elle ne trouve pas de réponse précise