Je me suis pris une sacrée claque hier soir au théâtre en allant voir Esprits d’Anna Nozière et la POLKa. Une expérience collective qui se construit autour de 5 acteurs qui nous entraînent dans une réflexion bouleversante sur le deuil… Au bout de 5 minutes, j’étais à terre. Les trois amis qui m’ont accompagné pour ce spectacle ont eux aussi été attrapés par la puissance de ce spectacle.
Aux origines d’Esprits, un spectacle sur le deuil
Tout commence par un coup de fil. Alors que la compagnie s’apprêtait à écrire un spectacle qui devait s’intituler “Deuils” et se racontait des anecdotes sur des enterrements, l’un des comédiens a appris la mort de sa mère… Les anecdotes ont alors bifurqué et peu à peu le spectacle “Esprits” s’est fabriqué avec une autre énergie.
Chaque comédienne et chaque comédien est venu avec ses morts. Chacun raconte, à son tour, une disparition dans son entourage plus ou moins proche. Qui un oncle (Kate) ; qui une sœur (Jules) ; qui une mère (Leah) ; qui un père (Rainer)… Petit à petit, c’est tout une famille de disparus avec laquelle on fait connaissance et dont les acteurs nous parlent avec tendresse et nostalgie.
Chaque comédien reconstitue tour à tour le souvenir de ce mort et ses partenaires de jeu enfilent le costume et la peau de ces disparus. Rien de glauque dans ce projet, tout se construit avec délicatesse et poésie.
Une musique et des objets symboliques au service des souvenirs
Le spectacle égraine les souvenirs au rythme de musiques particulièrement nostalgiques. Comment ne pas être bouleversé quand Jules Benveniste prend sa guitare pour chanter avec Leah Lapiower une reprise inattendue de Bang Bang.
Françoise Hardy, Barbara, Charles Aznavour, David Bowie et bien d’autres ponctuent ce spectacle poignant…
Le moindre objet se charge également d’une incroyable force mémorielle. Quelle émotion quand Rainer met tout à coup le manteau et les lunettes de son père ; quand Leah joue avec une mouette en papier mâché qui lui rappelle les heures où sa mère, actrice, répétait Tchekhov…
Esprits fait indéniablement partie des spectacles les plus poignants de cette saison 2021-2022 et je ne saurais trop vous recommander d’aller le voir ! À Toulouse, il passe encore ce soir et demain soir (9 et 10 novembre) à 19h au Théâtre de la Cité. Si vous êtes dispo et dans les parages, allez le voir sans aucune hésitation !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.