Il est grand temps de retourner travailler. On espère que vous avez bien rechargé vos batteries pendant l’été et que vous avez fait le plein de belles découvertes culturelles. Voyages, lectures, festivals… Juillet et août sont des moments parfaits pour explorer de nouveaux territoires ! Faisons le bilan culturel de cet été 2024.
Deadpool & Wolverine, de Shawn Levy
Parmi les blockbusters de l’été, il était difficile de passer à côté de Deadpool & Wolverine, crossover entre deux franchises les plus plébiscitées par les fans de Marvel. Bien que j’adore généralement les films qui mettent en scène des X-Men, je dois dire que j’ai trouvé cet opus passablement débile, aussi bien sur le plan de scénario qu’au niveau des dialogues. Le seul aspect intéressant – ou plutôt divertissant, devrais-je dire – ce sont les nombreux caméos qui ponctuent l’action. Tout le reste est à jeter. Vite vu, vite oublié.
Emilia Pérez, de Jacques Audiard
Jacques Audiard aime bien aller là où on ne l’attend pas. Eh bien une comédie musicale américaine sur le thème de la transidentité, avec la méga-star Selena Gomez, je dois dire que je ne l’y attendais clairement pas ! Et pourtant… en mélangeant les registres et surtout en faisant appel à un quatuor d’actrices talentueuses, Jacques Audiard a une fois de plus remporté son pari. Découvrez les détails de notre critique dans cet article.
Hanuman, White Monkey (Théâtre Khon – Bangkok)
La Thaïlande est un pays qui a un rapport très particulier aux arts vivants. Pour les Thaïlandais, la culture traditionnelle occupe quasiment tout le champ culturel. Ainsi, les spectacles que l’on peut voir au Théâtre Royal de Bangkok sont souvent des pièces ou des ballets qui reprennent les légendes ancestrales, interprétés selon des règles et des codes transmis depuis des siècles. Musicalement et visuellement, ces spectacles sont un petit voyage dans le temps. Surprenant. Intéressant. Mais pas ouf.
Ponleu Samnang au Phare Circus (Siem Reap)
Cet été, j’ai eu l’occasion d’assister au spectacle Poleu Samnang au Phare Circus, qui raconte l’histoire émouvante d’une jeune orpheline recueillie par un vieil artiste après que ses parents ont été tués par les Khmers rouges. Avec lui, elle trouve une nouvelle famille et grandit au sein de la troupe de cirque, entourée de ses nouveaux compagnons.
Le Phare Circus est bien plus qu’un simple cirque de divertissement. Il s’agit d’un espace artistique profondément enraciné dans les réalités historiques et sociales du Cambodge. Ce cirque est le fruit d’une initiative visant à redonner espoir à la jeunesse cambodgienne, souvent issue de milieux défavorisés ou marqués par les traumatismes du passé. L’aventure a débuté dans les années 1990, lorsqu’un groupe de jeunes réfugiés et leurs enseignants ont fondé une école d’art pour exprimer leur douleur et leur résilience à travers la scène. Connaissant cette histoire, Ponleu Samnang prend une dimension presque autobiographique. Aujourd’hui, Phare Ponleu Selpak, l’association à l’origine du cirque, offre à ces jeunes artistes l’opportunité de transformer leur vie tout en racontant l’histoire de leur pays à travers leurs performances.
La séance, par le MégaSuperThéâtre
Du 29 au 31 août, le théâtre Jules Julien proposait la quatrième édition des Rassemblées, festival dédié à la jeune création théâtrale. Au programme des festivités : maquettes, premiers projets, spectacles, portés par une douzaine de compagnies émergentes. C’est dans ce cadre que je suis allé voir La Séance, spectacle de la compagnie MégaSuperThéâtre (que nous avions déjà rencontrée lors de notre nuit au Théâtre de la Cité).
La Séance, c’est une cérémonie qui invite les spectateurs à une opération de désenvoûtement de l’idéologie capitaliste dans laquelle nous sommes englués. Puisque le capitalisme a ingéré et imposé tous les outils du spectaculaire, il s’agit ici de se poser la question : comment faire ou ne pas faire spectacle aujourd’hui ? La Séance propose aussi rituels, parades, transes, offrandes et numéros : un guignol fatigué d’être raillé, un ventriloque déraciné, une maquilleuse qui prend le pouvoir, un clown assoiffé de justice… Foutraque à souhait !
Dans ce va et vient entre rituels et confidences, au sein de ce petit cirque humain se joue toute la fabrique théâtrale propre à la compagnie MégaSuperThéâtre depuis quelques années.
L’ensorcellement du monde, de Boris Cyrulnik
Comprendre quelle est notre place dans le vivant, comment nous en procédons et comment nous en émergeons : tel est l’enjeu de cet essai de Boris Cyrulnik qui prétend retracer la généalogie du monde humain. Touffu et un peu daté.
Le journal de mon père, de Jirô Taniguchi
Yoichi Yamashita retourne dans sa ville natale de nombreuses années après l’avoir quittée. Son père vient de mourir. Lors de la veillée funèbre arrosée au saké, son enfance refait surface : le divorce de ses parents, un incendie qui a ravagé sa ville en 1952, le fossé que Yoichi a lui-même peu à peu creusé entre lui et sa famille.
Les chapitres de cet album sont intimes, presque anecdotiques. À travers les récits de l’oncle Daisuke, c’est une vie simple qui nous est racontée, illustrée avec la poésie ordinaire du quotidien par Jirô Taniguchi qui s’est inspiré de sa propre enfance pour écrire Le Journal de mon père. Beaucoup d’émotions et de délicatesse infusent dans ces pages. Un beau récit d’enfance et de réconciliation.
Universal War One – tome 2 : Le fruit de la connaissance
Entre Saturne et Jupiter, au cœur des jeunes États les plus prospères de la Fédération des Terres Unies, la troisième flotte de l’United Earthes Force a accompli l’impossible : ouvrir un vortex dans le MUR (mystère planté dans le tome 1 de UW1). Mais l’escadrille Purgatory a payé de la vie d’un de ses pilotes cette première victoire. Une victoire ? Contre qui ? Ici commence la Première Guerre Universelle.
On apprend, dans ce tome 2, à faire un peu plus connaissance avec les personnages de l’escadrille Purgatory. Le mystère du MUR s’épaissit quant à lui de plus en plus (heureusement, il y a 6 tomes en tout pour aller au bout de cette intrigue se science-fiction).
Chantiers, je, de Dominique Blanc
Le parcours professionnel de la comédienne Dominique Blanc est au programme du baccalauréat en 2025. Nous l’avions rencontrée et interviewée à ce sujet il y a quelques mois (retrouvez cet entretien dans cet article). Depuis, elle a publié un ouvrage où elle retrace son parcours, de la découverte du théâtre dans son adolescence à aujourd’hui. Elle revient notamment sur 3 spectacles qui ont marqué sa carrière : Le Mariage de Figaro mis en scène par Jean-Pierre Vincent, Phèdre par Patrice Chéreau et Angels in America par Arnaud Desplechin.
Un témoignage très instructif et inspirant pour toutes celles et tous ceux qui veulent marcher dans ses pas.
Coups de pilon, de David Diop
Sur les conseils d’une très bonne amie, je me suis lancé dans la lecture de ce recueil poétique signé David Diop, auteur du vingtième siècle dans la veine de Léopold Senghor et Aimé Césaire, qui a donné ses lettres de noblesse au mouvement de la négritude. Je regrette de ne pas avoir connu les poèmes de David Diop plus tôt : c’est puissant, incisif, vif ! Un auteur que j’ai très envie de faire découvrir autour de moi !
Les vagues furieuses de la liberté
Vagues (in Coups de pilon)
Claquent claquent sur la Bête affolée
De l’esclave d’hier un combattant est né
Et le docker de Suez et le coolie d’Hanoï
Tous ceux qu’on intoxiqua de fatalité
Lancent leur chant immense au milieu des vagues
Les vagues furieuses de la liberté
Qui claquent sur la Bête affolée
Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais
Tout ne se passe pas comme prévu dans cette comédie prérévolutionnaire de Beaumarchais. Souvenez-vous, nous vous parlions déjà de cette folle journée il y a quelques années, lorsque la pièce était jouée au Parvis de Tarbes.
Phèdre, de Racine
Que ce soit la légendaire mise en scène de Patrice Chéreau ou la réécriture géniale de François Gremaud, j’adore véritablement la pièce Phèdre de Racine. Quintessence de la tragédie, perfection poétique et dramaturgique, tous les ingrédients sont réunis dans ce grand classique.
Angels in America, de Tony Kushner
J’avais adoré il y a plusieurs années l’adaptation en série TV de cette pièce de Tony Kushner. Les interprètes n’étaient pas étrangers au succès de cette adaptation : Al Pacino, Meryl Streep, Emma Thompson, Patrick Wilson, Mary-Louise Parker… les meilleurs avaient été rassemblés ! Je vous avais aussi parlé de sa version théâtrale, lorsque la pièce avait été jouée au Sorano en 2016.
La pièce nous parle de l’état du monde au début des années 1980, l’émergence du Sida, la guerre froide, la perte de repères et de valeurs à l’approche du nouveau millénaire… C’est foisonnant et génial. À lire ou à voir, si ce n’est déjà fait !
Et vous, qu’avez-vous vu et lu au cours de l’été 2024 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
