Mais quelle merveilleuse idée que ce spectacle pour finir l’année au Capitole ! Feux d’artifice est indéniablement l’une des meilleures soirées que j’ai passées avec le Ballet de l’Opéra National de Toulouse. Trois chorégraphes du XXe siècle sont mis à l’honneur : Serge Lifar, Jiří Kylián & Jerome Robbins, sur les musiques d’Édouard Lalo, Mozart et Chopin. Bref, que du bonheur en perspective !
Des feux d’artifice dansés
Ce spectacle est un véritable crescendo de virtuosité et de bonne humeur ! Le premier ballet, Suite en Blanc, est le plus académique ainsi qu’une véritable démonstration de savoir-faire technique. Pendant 45 minutes, les tableaux s’enchaînent, alternant solos, pas de deux, de trois, de cinq. On assiste véritablement à un spectacle de danse classique avec tout ce que cela convoque de stéréotypes : tutus romantiques, tutus à l’italienne, hommes en collants… Tout en reprenant les codes de la danse classique, le chorégraphe Serge Lifar les a revisités et détournés pour en faire « une suite de numéros dansants, de véritables petites études techniques, de raccourcis chorégraphiques totalement indépendants les uns des autres, dépourvus de tout lien d’action ».
Contrairement à Giselle ou au Lac des Cygnes, il n’y a ni personnages ni argument dans cette Suite en Blanc. Simplement le plaisir de la danse réduit à sa forme la plus essentielle. Le solo de l’Étoile Natalia de Froberville est, à ce titre, particulièrement impressionnant.
Sechs Tänze, un XVIIIe siècle totalement déjanté
Le deuxième ballet – Sechs Tänze – est clairement celui que j’ai préféré. Sur six Danses allemandes de Mozart, huit danseurs grimés à la mode du XVIIIe siècle interprètent un ballet complètement burlesque et déjanté. Impossible de ne pas y retrouver le second degré que l’on apprécie tant chez les danseurs des Ballets Trockadero de Monte-Carlo.
Si vous aimez les spectacles qui ne se prennent pas au sérieux mais qui ne lésinent pas sur la qualité, vous allez adorer ces Six Danses imaginées par le chorégraphe Jiří Kylián. J’ai largement préféré ce ballet à No More Play (du même chorégraphe) que le Ballet du Capitole a dansé récemment dans le spectacle Noir et Blanc. Sechs Tanze, ce sont 15 minutes de rire et de pure délectation. Tout ce dont on a besoin en cette période de fêtes !
The Concert en guise de bouquet final
J’avais vraiment hâte de découvrir le dernier ballet de la soirée, car il est signé Jerome Robbins, qui est l’un de mes chorégraphes préférés. Je sais qu’il est aussi le vôtre et que vous avez adoré les tableaux de West Side Story, dont il a été le premier chorégraphe (sur scène et au cinéma). Eh oui, je vous connais par cœur !
The Concert est, comme Sechs Tänze, un ballet burlesque. Alors que le pianiste Yannaël Quenel interprète quelques célèbres morceaux de Chopin, les danseurs exécutent des pitreries, à la frontière de la danse et de la pantomime. Est-ce vraiment de la danse ? Sommes-nous au théâtre ? Un peu des deux… Et là encore, c’est à mourir de rire. Je ne savais pas que les danseurs du Capitole avaient un tel talent pour l’interprétation !
Feux d’artifice est un programme parfait pour finir l’année et à savourer en famille. Ne manquez pas d’aller applaudir les danseurs du Capitole ; le spectacle reste à l’affiche jusqu’au 31 décembre à 20 heures (et à 15 heures les 23, 27 et 31).
Photo de couverture : Sechs Tänze © David Herrero
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.