Le mois le plus court de l’année est de retour. Cela ne nous a pas empêchés de bien nous éclater sur le plan culturel, avec théâtre, concert et lectures à gogo. C’est parti pour le deuxième bilan de l’année.
Le Triomphe de l’Amour, de Marivaux par Denis Podalydès : Une petite bicoque au milieu de la grande scène du Théâtre de la Cité : c’est le point de chute de l’héroïne de cette comédie de Marivaux, venue retrouver un prince en exil pour lui restituer son trône. Travestissement (social et sexuel) au programme de cette pièce en 3 actes, qui a ravi un public, largement composé d’adolescents. Comme souvent chez Marivaux, ce sont les valets que j’ai préférés, avec leur bon sens et leurs maladresses qui mettent à mal les stratégies et les scrupules des héros qui coupent les cheveux en quatre. Ce n’est pas la meilleure pièce de l’auteur, mais pour un 14 février, c’était certainement la pièce parfaitement désignée.
Les cuivres font leur cinéma, par l’ONCT : Petite formation pour cette Happy hour de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse qui, décidément, ne nous déçoit jamais. J’avais surtout choisi ce spectacle pour entendre la musique du Seigneur des Anneaux, mais j’ai finalement été surtout impressionné par Storm de Nicolas Chatenet, et ai eu un petit pincement au coeur lors du rappel dédié à Michel Legrand, qui venait juste de nous quitter. Bravo le Capitole, continuez dans cette voie de démocratisation de la musique, les hourras de la Halle aux Grains confirment que votre travail est apprécié à sa juste valeur !
Cinna, de Corneille : Tragédie ? Oui, mais qui finit bien ! Clémence, mariage et réconciliation après cinq actes de palabres invraisemblables. Ne vous demandez pas pourquoi Cinna n’est quasiment jamais joué au théâtre : ça cause, ça cause, mais il ne se passe rien sur le plateau.
Boris Godounov, de Pouchkine : C’est tout le contraire de Cinna… Quel rythme, quelle action, quelle rapidité dans les retournements des situations, des lieux, des époques ! Du théâtre presque épique, comme je l’aime, et que j’adorerais voir joué en spectacle tellement ça doit être extraordinaire. Pour résumer : le tsar Boris Godounov doit répondre de ses actes face à un peuple en crise, alors qu’un héritier légitime du pouvoir que l’on croyait mort refait surface et s’apprête fondre sur la Russie pour reprendre le trône. Un regard sur la politique qui fait froid dans le dos.
Le roi tué par un cochon, de Michel Pastoureau : Au douzième siècle, l’un des rois de France a connu un sort si honteux qu’il a été occulté des manuels d’Histoire ! Ce roi, c’est Philippe, fils de Louis VI le Gros, oublié au point qu’on ne lui a pas donné de numéro alors qu’il a été sacré entre les règnes de Philippe Ier (son grand-père) et Philippe II (son neveu). C’est parti pour 200 pages qui remettent en contexte une anecdote méconnue et pourtant passionnante !
Et vous, c’était comment ce petit mois de février, sur le plan culturel ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.