Le mois le plus court de l’année touche à sa fin, nous dressons le bilan culturel du mois de février avec du théâtre, de la danse, du piano et quelques lectures !
La fugue, de Thibaut Prigent
Ce que je retiendrai de La Fugue, c’est l’énergie dingue que Thibaut Prigent met dans son interprétation des 25 personnages de la pièce. Tantôt aviateur, vendeur de cuisines, directrice d’un centre de réhabilitation psychiatrique, oiseau, médecin, jeune femme hypersensible… il passe d’un rôle à l’autre en un clin d’œil et parvient à les faire exister sans utiliser le moindre accessoire ni élément de costume.
Les 70 minutes de ce spectacle sont un véritable marathon. Thibaut Prigent ne se contente pas de donner vie aux personnages qu’il a imaginés : il bruite, il mime, il nous fait imaginer les espaces, les véhicules, les machines, la météo, jusqu’à l’humidité de l’herbe verte… Parfois même, il chante !
Comédie – Wry Smile Dry Sob, de Samuel Beckett et Silvia Costa
La pièce est un diptique : d’abord la courte pièce de Beckett (15 minutes), puis un ballet de 40 minutes qui se veut la réminiscence de ce que les personnages viennent de raconter. Ballet de corps morcelés, Wry Smile Dry Sob est un tableau étrange à l’esthétique très prononcée qui rappelle par certains aspect le travail de Hans Bellmer et qui peut mettre certains spectateurs mal à l’aise ou au contraire fasciner.
The Normal Heart, de Larry Kramer mis en scène par Virginie de Clausade
Je ne vais pas souvent voir du théâtre “parisien”. Ici, la pièce parle de l’émergence du Sida dans l’Amérique des années 80. Un groupe d’activistes homosexuels tente d’alerter l’opinion publique, mais la maladie progresse tellement vite que la lutte semble pour certains perdue d’avance. À une époque où l’on ne savait pas encore quel était ce mal qui sévissait, ce “cancer gay” inspirait de nombreux fantasmes. Cette pièce est signée Larry Kramer, le fondateur d’Act Up, et est dans les grandes lignes d’inspiration autobiographique.
Martha Argerich et Sergei Babayan
Deux grand interprètes pianistes se sont donnés rendez-vous à la Halle aux Grains de Toulouse pour jouer ensemble le répertoire de Prokofiev et celui de Mozart. Ovation à la fin du spectacle. Pour ma part, je suis resté un peu en dehors à cause des arrangements qui m’ont semblé manquer de subtilité. Les concerts du mois de janvier (Kissin puis Grimaud) m’avaient davantage transporté.
Un jour ce sera vide, Hugo Lindenberg
Il est rare que je ne comprenne rien à un récit… mais là, je suis passé totalement à côté. Pourtant, Hugo Lindenberg a reçu le Prix Livre Inter 2021 pour Un jour ce sera vide, c’est donc qu’il y avait bien quelque chose à comprendre. Dans ce roman, le narrateur est un enfant qui nous raconte une amitié à la plage avec Baptiste, un petit garçon qui le fascine et en qui il voit une sorte d’alter ego idéal. Mais où tout cela nous mène-t-il ? C’est là qu’Hugo Lindenberg m’a perdu.
Les soixante-quinze feuillets et autres manuscrits inédits, Marcel Proust
Vraiment, si vous ne connaissez pas Á la recherche du temps perdu sur le bout des doigts, passez votre chemin. Ce livre est vraiment un recueil de texte décousus qui ne trouveront un écho que si vous savez de quoi on cause. Les 75 feuillets n’ont souvent ni début ni fin et ont été classés thématiquement en fonction des sujets qu’ils évoquent : « Une soirée à la campagne », « Le côté de Villebon et le côté de Meséglise », « Séjour au bord de la mer », « Jeunes filles », « Noms nobles » et « Venise ». Ils sont accompagnés d’autres manuscrits de Marcel Proust (88 pages) et surtout d’une longue notice, chronologie et notes de 157 pages ! Un ouvrage de spécialistes et pour les spécialistes, en somme.
Pour les amateurs des romans de Proust, il y a aussi l’expo qui lui est consacrée au musée Carnavalet dont nous vous avons parlé ici, avec une pointe de déception.
Et vous, qu’avez-vous lu et vu pendant le mois de février ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.