En février 2023, j’ai enfin remis les pieds au cinéma. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu plusieurs films (et des bons !) en salle. Bien sûr, je n’ai pas non plus perdu les bonnes habitudes avec le spectacle vivant : concert, humour, théâtre, opéra… et surtout le super festival de danse ICI&LÀ au cours duquel j’ai vu 3 pièces extraordinaires. C’est parti pour le bilan culturel du mois le plus court de l’année !
Babylon, de Damien Chazelle
Attention chef-d’œuvre ! Après les incroyables Whiplash, La La Land et First Man qui ont permis à Damien Chazelle de faire ses preuves, le réalisateur virtuose est de retour avec un film monstre : Babylon. La critique sur Culture déconfiture est divisée puisque selon moi c’est un film génial et selon Charlotte c’est un film de trop. Et vous, de quel côté vous rangez-vous ?
La Famille Asada, de Ryôta Nakano
C’est le film feel good du moment. En suivant la trajectoire artistique de Masashi Asada, le film fait surtout le portrait d’une famille haute en couleur dont la bonne humeur vous contaminera. Le film est rempli d’émotions de toutes sortes et parvient sans cesse à transformer les drames en espoirs. Si vous allez le voir à l’American Cosmograph, vous verrez en plus une super expo photo du vrai Masashi Asada. À ne pas rater, sans aucun doute !
The Fabelmans, de Steven Spielberg
Ce film est considéré comme le plus autobiographique de Steven Spielberg. Et on comprend vite pourquoi : il nous raconte la jeunesse d’un artiste de sa génération et la manière dont le cinéma est devenu toute sa vie. Ode au 7ème art, c’est un film maîtrisé et touchant.
Merci Francis ! par les Coquettes
Je connaissais peu les Coquettes : quelques interventions dans Télématin, des Reels sur Instagram… et c’est tout ! Leur spectacle Merci Francis ! est un festival de chansons caustiques, engagées et percutantes. Les Coquettes n’ont pas leur langue dans la poche et possèdent un véritable sens du swing. Ne manquez pas d’aller les voir si elles passent près de chez vous.
Encantado, par Lia Rodrigues
Ode à la vie, à l’émerveillement et aux pouvoirs de la nature, ce ballet imaginé par Lia Rodrigues est aussi un hommage aux peuples d’Amazonie qui subissent de plein fouet les conséquences de la politique écocide du Brésil. Dans le cadre du festival ICI&LÀ, cette pièce a été l’un des temps forts (et coloré) de ce mois de février.
Homo Sapiens (ou quand nous en aurons marre de l’art du mamihlapinatapai*), par Caroline Obin
Du théâtre clown, cela faisait longtemps que je n’en avais pas vu. Ce que j’ai aimé dans ce spectacle, c’est son pitch : d’où vient le premier clown ? Quel est le premier geste qui a fait rire l’humanité ? En nous montrant des clown des cavernes, Caroline Obin ressuscite une préhistoire loufoque où le langage n’existe pas encore mais où on sait déjà rire de tout. Un spectacle à voir en famille, qui convainc autant les grands que les petits.
*Mamihlapinatapai : mot des Yagans, peuple de la Grande île de Terre de feu. Il décrit un regard partagé entre deux personnes dont chacune espère que l’autre va prendre l’initiative de quelque chose, que les deux désirent mais qu’aucune n’ose avouer.
Paysages intérieurs, par Thierry Malandain et Carolyn Carlson
Les danseurs du Capitole recréent 3 ballets du vingtième siècle imaginés par Thierry Malandain et Carolyn Carlson. J’ai particulièrement aimé Nocturnes, sur la musique de Chopin, dans lequel les tableaux s’enchaînent comme par magie dans un mouvement de grâce absolue. Autre coup de cœur : If to leave is to remember qui retrace le déroulé d’une journée sur la musique enivrante de Philip Glass.
Larsen C, par Christos Papadopoulos
Comment imaginez-vous que danse la glace ? C’est bien une question que je ne m’étais jamais posée. Mais avec Larsen C, cette compagnie grecque imagine la fonte des icebergs dans une lumière crépusculaire et boréale. Une expérience intense avec des interprètes hors norme. J’ai été hypnotisé par la beauté de cette proposition !
Dafne, de Wolfgang Mitterer par Aurélien Bory
Comment mettre en scène un opéra quand les partitions ont été détruites il y a plusieurs siècles ? Dafne a été composé en 1627 par Heinrich Schütz mais il ne nous reste aujourd’hui que le livret de son auteur Martin Opitz. Qu’à cela ne tienne… le compositeur contemporain Wolfgang Mitterer s’est associé aux Cris de Paris pour recréer cet opéra, considéré comme étant le premier en langue allemande, et le faire renaître de ses cendres. Aurélien Bory s’est chargé de la mise en scène, avec une succession de tableaux marquants comme la victoire d’Apollon sur le monstre Python, ou la métamorphose de la nymphe Daphné qui cherche à échapper aux avances du dieu soleil. Une grande réussite où le classicisme fusionne avec la musique contemporaine !
Capital et idéologie, de Claire Alet et Benjamin Adam d’après le livre de Thomas Piketty
Je n’y connais rien en économie. C’est un fait établi. Pourtant, j’ai adoré lire cette BD de vulgarisation qui nous explique l’histoire du système économique français depuis la fin de l’Ancien Régime à nos jours. Claire Alet et Benjamin Adam se sont inspirés des théories de l’économiste Thomas Piketty pour raconter l’histoire d’une famille, génération après génération, et la manière dont son patrimoine s’est transmis et s’est transformé. Un livre très éclairant et à la portée de tous, même les néophytes comme moi.
La maison de Bernarda Alba, de Federico Garcia Lorca
Grand classique de la littérature espagnole, cette pièce nous raconte la tragique histoire de 5 sœurs tyrannisées par leur mère, Bernarda Alba. À la mort de son mari, cette dernière a imposé à ses filles un deuil de 8 ans. Seule l’aînée, issue d’un premier mariage, échappe à cette règle. Les quatre autres sœurs doivent rester à la maison, se couper de toute vie sociale et respecter un silence profond. Les rancunes et les jalousies grandissent au sein de la famille entre celles qui se soumettent à la tyrannie de Bernarda et celles qui résistent, éprises de liberté.
Federico Garcia Lorca n’a jamais su le succès que cette pièce avait connu par la suite, car il fut assassiné peu après l’avoir écrite dans le contexte de la dictature en Espagne. Cette pièce est devenue un classique, tant grâce à sa force tragique qu’à son écriture subtilement poétique.
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Bref, voilà un mois de févier bien rempli ! Et vous, qu’avez-vous vu et lu de beau ce mois-ci ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.