Le mois le plus court de l’année touche à sa fin. Néanmoins, on n’a pas chômé : avec 7 films, 6 spectacles et 10 lectures, le mois de février a été productif (et réjouissant) sur le plan culturel. Et vous, qu’avez-vous vu et lu ce mois-ci ? C’est parti pour le bilan culturel du mois de février 2025.
God save the Tuche, de Jean-Paul Rouve
C’est le carton du moment, et pourtant, Dieu sait que c’est vraiment nul ! Autant le premier opus des Tuche m’avait beaucoup fait rire, autant ses suites sont des navets dont God Save the Tuche est probablement le pire. Malheureusement, le film caracole en tête du box-office, il y a fort à parier qu’il y aura encore d’autres suites…
L’amour ouf, de Gilles Lellouche
C’est le film le plus nommé aux Césars cette année. Bizarre, parce que franchement ça n’a rien de transcendant. Et c’est très long pour ne pas raconter grand chose…
Nosferatu, de Robert Eggers
J’ai adoré ce remake. Robert Eggers ne se contente pas de refaire le même film que Murnau ou Herzog, mais de raconter sa propre histoire, en mettant au centre le personnage de la jeune fille, incarnée pour l’occasion par la très convaincante Lily-Rose Depp. Pour lui donner la réplique, Bill Skasgård dans le rôle du vampire est le digne héritier de Max Schreck (1922) et Klaus Kinski (1979) et parvient à réinventer un personnage pourtant inoubliable dans ses incarnations précédentes.
La mise en scène est sublime et j’ai vraiment été scotché par la photographie. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi léché et ça fait du bien.
Alien : Romulus, de Fede Álvarez
Franchement, je m’attendais à pire. Vous savez que je suis un grand fan de la saga Alien, mais les derniers opus (Prometheus et Covenant) étaient franchement très, très nuls. Romulus renoue avec l’esprit des premiers films. D’ailleurs, son intrigue se déroule en 2142, soit une vingtaine d’années après Le huitième passager.
La créature finale n’est pas sans rappeler le newborn d’Alien, la résurrection qui avait déjà été tant décrié à l’époque. J’avoue que je me serais bien passé de cette ultime séquence. En revanche, j’ai beaucoup aimé la place qui est donnée aux facehuggers dans cet épisode. De vraies petites saloperies qui attaquent en meute !
Wicked, de Jon Chu
Là aussi, je m’attendais très franchement à pire. Bon, ce n’est pas le film du siècle, mais dans le genre niaiserie, c’est quand même mieux que l’infâme Barbie dont on nous avait bassiné les oreilles il y a quelques temps.
En revanche, c’est quoi cette mode d’expliquer que les méchants des films sont en fait les véritables victimes ? Depuis Maléfique et Cruella (pour n’en citer que deux), ça n’arrête pas… C’est quoi le projet ensuite ? Un biopic sur les nazis afin de faire pleurer dans les chaumières ?
Et sinon, c’est possible de refaire des métrages raisonnables, genre 1h30 ? Parce que là, ça commence à faire un peu long pour rien raconter…
Le Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre de la Patellière & Matthieu Delporte
Alexandre Dumas, fournisseur intarissable de scénarios de films d’aventure. Après les adaptations des Trois mousquetaires, c’est au tour du Comte de Monte-Cristo de subir un petit lifting. C’est bien fait, les images et le jeu sont tout à fait honorables (même si je ne suis pas fan du tout de Pierre Niney, mais passons…). En revanche, je n’ai trouvé aucune émotion, et ça c’est dommage. Parce que quand je regarde un film, c’est principalement ce que je recherche. Et là, peanut.
The Substance, de Coralie Fargeat
Coralie Fargeat revisite Le Portrait de Dorian Gray de manière très réussie avec ce film à la fois hideux et sublime, qui flirte avec les influences de Cronenberg, Lynch et Aronofsky. La première heure est particulièrement réussie. La mise en scène et la photographie sont vraiment captivantes, même si les scènes sont franchement répugnantes. L’interprétation est également à saluer. Demi Moore n’a pas peur de jouer avec son image d’actrice vieillissante et se livre sans pudeur.
La dernière heure m’a paru un peu plus bâclée (tant en ce qui concerne le scénario que la mise en scène), mais c’est dans l’ensemble un film qui fera date dans ma vie de cinéphile.
Bate Fado, de Jonas&Lander
Ce spectacle m’a rappelé mes étés au Portugal. Ici, le fado n’est pas qu’un chant, c’est aussi une danse. Du moins, c’est le projet quasi archéologique de Jonas&Lander, qui ont essayé de reconstituer ce à quoi devait ressembler le fado batido, la danse qui accompagnait historiquement le fado, jusqu’à ce que celui-ci disparaisse totalement de la mémoire collective. Probablement l’un des meilleurs spectacles de la saison !
La nuit de lève, de Mélissa Zehner & les Palpitantes
Les Palpitantes tentent ici de donner la parole aux victimes d’incestes et de comprendre les mécanismes et surtout les conséquences de ces événements traumatisants. Étonnamment, avec un sujet pareil, elles parviennent aussi à nous faire rire et à toujours tirer le spectateur du côté de la vie et de la résilience. Un beau projet !
Ahouvi, de Yuval Rozman
C’est le raté de la saison… L’idée n’est pas mauvaise : faire l’autopsie d’un couple, comprendre comment tout a pu se finir si mal alors que tout semblait avoir bien commencé. Mais voilà, toutes les scènes sont trop longues, les dialogues tournent à vide (la scène du vidéo-projecteur, au secours…). Dommage, on sent que ça part d’une bonne intention, mais c’est un flop.
Le Jeu du Boulevard, par l’Atelier de la Gare
Quel plaisir de voir qu’une compagnie amateur peut remplir un théâtre comme le Théâtre du Pavé de Toulouse ! Le succès était au rendez-vous pour cette nouvelle édition des Théâtres d’Hivers, notamment lorsque l’Atelier de la Gare a joué Le Jeu du Boulevard (un tricotage de scènes tirées des classiques du vaudeville, de Labiche à Feydeau, en passant par Courteline).
Extra Life, de Gisèle Vienne
Décidément, l’inceste inspire les artistes contemporaines. Après La nuit se lève, c’est Gisèle Vienne qui s’est attaquée au sujet, avec Adèle Haenel dans le rôle principal de cette pièce chorégraphiée, inscrite dans le festival Ici&Là. Visuellement, Extra Life fait vraiment très fort. On oublie qu’on est au théâtre, tant on est immergé par des images d’une beauté sombre.
Le Cercle des poètes disparus, de Tom Schulman par Olivier Solivérès
Molière de la meilleure pièce l’an dernier ? Il faut croire que ceux qui votent ne vont jamais au théâtre car l’adaptation est honnête, certes, mais elle manque cruellement de mordant. C’est sage. Trop sage. Pour une pièce qui invite au carpe diem, on a l’impression que l’équipe est un peu passée à côté du message… Faire du théâtre bourgeois quand la pièce invite à la rébellion, c’est un comble !
Corto Maltese, la ligne de vie, de Juan Díaz Canales & Rubén Pellejero
Chaque année, Juan Díaz Canales & Rubén Pellejero sortent une nouvelle aventure de Corto Maltese. Les deux auteurs sont vraiment de très dignes héritiers d’Hugo Pratt, à qui ils font honneur depuis maintenant 5 albums. Cette fois, le marin part pour le Mexique où les christeros (des révoltés catholiques qui se battent contre le gouvernement républicain et ses nouvelles lois anticléricales) ont besoin de son aide. Il recroise à cette occasion la route d’anciennes connaissances : l’irlandaise Banshee et le redoutable Raspoutine – toujours là où on ne l’attend pas.
L’appel de la forêt, de Jack London
J’avais été déçu par Martin Eden, eh bien me voici réconcilié avec Jack London grâce à L’appel de la forêt, une magnifique ode à la nature. Pas seulement celle des arbres et des végétaux, mais surtout celle qui est profondément enfouie en nous, celle qui nous rappelle qu’une bête ancestrale sommeille au fond de nous, et qu’il ne lui faudrait pas beaucoup pour resurgir et renouer avec ses véritables instincts. Attention, le récit est violent !
The Nice House on the Lake, tome 1, de James Tynion IV & Álvaro Martínez Bueno
Qui saura comprendre pourquoi Walter a invité 10 amis à passer l’été au bord d’un lac dans le nord du Wisconsin… Lorsque les convives découvrent la « jolie maison au bord du lac », ils peinent d’abord à croire que c’est réel tant le cadre est parfait. Mais bientôt, le cadeau se transforme en piège qui se referme inexorablement sur tous les invités. Après tout, Walter ne leur a-t-il pas demandé depuis des années : « Tu l’imagines comment, toi, la fin du monde ? »
The Nice House on the Lake, tome 2, de James Tynion IV & Álvaro Martínez Bueno
Le tome 2 tient toutes les promesses faites dans le tome 1. La BD est stupéfiante par son graphisme absolument magnifique mais aussi son scénario très bien ficelé. Pour moi, la question reste entière : est-ce que j’aurais aimé avoir un ami comme Walter ?
On ira voir la mer demain. Ou dimanche. de Marie-Cécile Fourès
Adapté de sa propre pièce Libre(s), ce roman est un dialogue entre une mère et son fils. Après des années d’incarcération puis d’hospitalisation, comment rouvrir un dialogue et rafistoler une relation fissurée par les secrets et la violence ?
Une plaisanterie, d’Anton Tchekhov
J’adore Tchekhov au théâtre, mais l’auteur russe a plus d’une corde à son arc. Je me suis régalé en lisant cette nouvelle cruelle dans laquelle un jeune homme joue avec les sentiments d’une femme grâce à une petite phrase susurrée dans l’air du vent. Je pense que lorsque je referai de la luge dans ma vie, je repenserai à cette Plaisanterie cruelle.
Le Corps de ma langue, d’Alba Le Brun
Impossible de vous parler de ce roman d’Alba Le Brun puisqu’il n’a pas encore été publié (son éditrice m’a demandé de faire partie d’un petit groupe de bêta-lecteurs). Mais promis, dès qu’il le sera, je vous en parlerai en détail car j’ai adoré !
Pour un oui ou pour un non, de Nathalie Sarraute
C’est un classique. Dans ce huis clos, un homme rend visite à un autre homme. Ils ont été amis pendant très longtemps, mais si le premier rend visite au second c’est qu’ils se sont éloignés, brouillés peut-être par quelque chose qui a distendu leur amitié de sorte que, si rien n’arrive, ils cesseront de se voir. La question que le visiteur se pose et pose à son ami c’est « pourquoi ? ». Celui qui a pris de la distance sait ce qui s’est passé mais il refuse de parler…
Souvenez-vous, je vous avais déjà parlé de ce chef-d’œuvre lorsque je l’avais vu au Théâtre du Grand Rond en 2016 (retrouvez l’article ici).
Art, de Yasmina Réza
Quand je ne vais pas théâtre, je lis des pièces. Ou plutôt, je relis. Art est un classique de Yasmina Réza. Une brouille entre trois amis sur fond de marché de l’art contemporain. Peut-on raisonnablement dépenser une fortune pour un tableau entièrement blanc ? C’est tout le sujet de cette dispute.
Souvenez-vous, je vous avais déjà parlé de cette pièce (revisitée par TgSTAN) lorsque je l’avais vu au Théâtre Garonne en 2017 (retrouvez l’article ici).
Le dieu du carnage, de Yasmina Réza
On continue avec Yasmina Réza en relisant Le dieu du carnage, cette dispute mémorable entre deux couples. Alors que leurs enfants se sont battus, les parents décident de régler la situation intelligemment, entre adultes bien éduqués. Évidemment, ça dégénère (et c’est ça qui est bon !).
Et vous, qu’avez-vous vu et lu ce mois-ci ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Mais quelle activité culturelle ce mois ci !!!