Juste la fin du monde est actuellement au programme du Théâtre du Chien Blanc à Toulouse. La pièce écrite par Jean-Luc Lagarce, qui a récemment inspiré Xavier Dolan au cinéma, a été ici mise en scène par Jean-Luc Bibé et la compagnie De 9 à11. Je suis allé la voir jeudi soir, pour mon plus grand plaisir.
En résumé : Louis revient passer une journée dans sa famille après douze années d’absence, ponctuées par de rares et elliptiques cartes postales. Il retrouve alors sa mère, son frère Antoine, et sa sœur Suzanne ; et il fait la connaissance de Catherine, l’épouse de son frère qu’il n’avait jamais rencontrée. Mais comment rattraper le temps perdu après tant d’années ? Comment parler des choses importantes avec ceux qui sont devenus des inconnus ? Comment leur annoncer que cette visite est la dernière, car Louis va mourir ?
Mon avis : Il est difficile de voir cette pièce en 2017 après le succès phénoménal qu’a connu son adaptation cinématographique en 2016, sans être tenté de comparer leur mise en scène, leur atmosphère, la distribution. Contre toute attente, bien que j’aie adoré le film, la pièce et sa mise en scène minimaliste m’ont convaincu à 100% !
Première différence de taille : la simplicité de la mise en scène. Cinq acteurs, quatre chaises. Point. La dimension du Théâtre du Chien Blanc (pas plus d’une quarantaine de places) a participé à l’instauration d’une atmosphère intime et feutrée tout à fait propice. Les acteurs jouent à moins d’un mètre de vous ! Du côté de l’interprétation, la compagnie De 9 à 11 n’a pas pris le parti de l’hystérie, dessinant plutôt des personnages nuancés et presque familiers. Les acteurs m’ont particulièrement touché par la subtilité de leur interprétation et leurs maladresses.
En bref, l’expérience du film et celle de la pièce sont vraiment différentes. Inutile d’abuser des effets (de jeu, de mise en scène…) pour nous faire ressentir les tensions et les failles des personnages. Au contraire, il m’a semblé que l’évocation en creux permettait une identification plus intense et une meilleure résonance.
Et vous, avez-vous déjà vu Juste la fin du monde au théâtre ? Si ce n’est pas le cas, la pièce reste à l’affiche jusqu’au 28 janvier (mais pensez à réserver, les places sont comptées) !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.