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Fort Alamo, de Fabrice Caro [CRITIQUE]

by Julien
Fort Alamo Fabrice Caro © Culture déconfiture

Quand on pense Fort Alamo, on imagine des cow-boys héroïques, des batailles épiques et des répliques dignes d’un western de Sergio Leone. Mais chez Fabrice Caro (ou Fabcaro pour les intimes), le siège est plus… intérieur. Publié en 2024, Fort Alamo n’est pas une aventure au grand air, mais une plongée hilarante et désespérée dans l’esprit d’un héros tragique malgré lui : Cyril, un type qui tente de survivre aux absurdités du quotidien avec une dignité… toute relative.

Fort Alamo : la tragédie du rien (et du presque tout)

Fabrice Caro maîtrise l’art de dépeindre le banal avec une finesse désarmante. Son personnage principal (qui ressemble quand même beaucoup à ceux que l’on a déjà rencontrés dans Le Discours ou Samouraï) est un professeur d’Histoire pris au piège entre un mois de décembre compliqué dans le lycée ou il travaille, la vente de la maison de feu sa mère et les préparatifs de Noël. Lorsqu’une série de morts se produisent dans son entourage immédiat, une atmosphère tragique et fantastique commence à planer au-dessus de lui. Et comme toujours avec les romans de Fabrice Caro, la tragédie n’est pas déprimante : elle est d’une drôlerie mordante. Chaque détail du quotidien devient un prétexte pour une réflexion absurde, mais tellement vraie.

En somme, Fort Alamo, c’est la comédie humaine avec un regard mi-désabusé, mi-fasciné sur le monde extérieur.

L’humour comme rempart ultime

Comme souvent chez Fabrice Caro, l’humour est une arme de défense massive. On le perçoit bien dans ses BD (Moon River, Formica, Moins qu’hier (plus que demain), Guacamole Vaudou, Zaï zaï zaï zaï ou L’Iris blanc – que j’ai beaucoup moins aimé) et on le retrouve bien entendu dans ses romans. Chaque phrase est une flèche décochée, chaque observation tombe juste, et on rit jaune, on rit fort, parfois même tout seul devant son livre. Mais derrière les blagues se cache une mélancolie douce-amère : celle d’une époque où même nos petites joies semblent devoir être justifiées.

Bien sûr, si vous avez déjà lu d’autres romans de Fabrice Caro, vous risquez d’y trouver un goût de resucée. C’est le même humour potache, le même sentiment de décallage, le même type de héros raté. C’est vite lu, ça ne demande pas d’effort particulier et ça permet de passer 2 heures pépouze à rire bêtement… Bref, le format parfait pour les afficionados du « pas prise de tête ».

Et toi, c’est quoi ton Fort Alamo ?

Ce que je retiens de ce roman, c’est qu’on a tous un Fort Alamo. Une pièce fermée, une bulle imaginaire où l’on s’enferme pour se protéger du bruit du monde, des deuils mal cicatrisés, des malentendus avec son frère, des coïncidences tragiques trop nombreuses pour n’être que des coïncidences…

Fabrice Caro nous rappelle avec tendresse et sarcasme que, parfois, tenir bon ne veut pas dire brandir une épée face à l’ennemi, mais juste réussir à finir une journée sans crise d’angoisse.


Alors, prêt à défendre ton Fort Alamo ?

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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