Cette semaine, le nouveau film de François Ozon sortira sur nos écrans. Il s’intitule Frantz et je l’ai vu en avant-première à Toulouse le mois dernier en présence de son réalisateur et de son acteur principal, Pierre Niney.
En résumé : 1919. Allemagne. Une jeune femme va fleurir la tombe de son fiancé Frantz, tué à la guerre. Mais en arrivant au cimetière, un inconnu est déjà là, pleurant le défunt. Cet homme, c’est Adrien, qui se présente comme un ami parisien de Frantz l’ayant connu lors de ses études. Or, ni sa fiancée Anna, ni le reste de sa famille n’ont jamais entendu parler de cet ami pourtant très proche. Quels liens unissaient réellement les deux hommes ? Tel est le mystère sur lequel repose ce long métrage, qui va de fausses pistes en révélations.
Mon avis : Si le scénario semble tenir la route sur le papier, le résultat sur l’écran est on-ne-peut-plus décevant. Le film est tourné partiellement en noir et blanc, sauf quelques scènes en couleur pour signaler un flash-back, une rêverie ou une vive émotion. A vrai dire, ce code n’est pas toujours respecté et n’est pas d’un grand intérêt (si ce n’est de donner à voir des images proches des archives que nous possédons de cette époque).
Le film est construit comme un diptyque assez lourdingue et plutôt lent, servi par des acteurs au talent inégal. Si la jeune Paula Beer (20 ans seulement !) campe une héroïne extrêmement sensible, juste, sobre et captivante, son partenaire Pierre Niney (selon moi surestimé par sa profession) nous ressert son imbuvable jeu excessif, impudique et ennuyeux. De la même manière, les personnages secondaires oscillent entre moments de grâce (la famille allemande) et amateurisme crasseux (la famille française). Mais à la vérité, seule Paula Beer tire tout à fait son épingle du jeu, et j’ai hâte de la redécouvrir prochainement dans un film enfin digne de son talent !
Frantz est une première vraie déception concernant le cinéma de François Ozon que j’apprécie d’ordinaire. Ici, le changement de style ne lui a absolument pas réussi malgré un scénario qui avait tout pour faire un grand film. Il s’agit à ce propos d’une adaptation d’une pièce de Maurice Rostand (le frère d’Edmond) écrite en 1930, déjà adaptée en 1932 par Ernst Lubitsch sous le titre Broken Lullaby. La réflexion sur le mensonge y est profonde et intéressante, encore aurait-il fallu mieux raconter l’histoire et interpréter les personnages… On salue tout de même la prise de risque.
Et vous, avez-vous déjà vu le film de Lubitsch ? Irez-vous voir ce remake de François Ozon ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.