Get out est un film américain qui est sur nos écrans depuis plus d’un mois et qui ne quitte pas l’affiche. Voici d’emblée le premier argument qui permet d’affirmer sa qualité. Et ce n’est pas la moindre. Même si tout ne m’a pas séduit dans ce film inclassable, je peux dire que je suis ressorti de la séance avec une excellente impression, et le sentiment d’avoir vu pour une fois un film vraiment original.
Si l’on cherche à le catégoriser dans un genre, on se rend vite compte que l’affaire est délicate. Le film démarre comme une comédie romantique, dérape dans le thriller psychologique pour finir dans le gore absolu. Bizarrement, le mélange des trois fonctionne assez bien, même si c’est la partie centrale qui, selon moi, est la meilleure.
Pour résumer l’intrigue sans trop en dévoiler, il s’agit de l’histoire de Chris, un photographe afro-américain, qui va rencontrer pour la première fois la famille de sa petite-amie Rose (famille bourgeoise et blanche) dans leur villa reculée. Si les parents de Rose font tout pour que Chris se sente bien, le malaise s’insinue néanmoins en constatant que cette famille blanche a à son service deux domestiques noirs : le jardinier et la cuisinière. Bref, cette famille serait-elle plus raciste qu’elle ne le prétend ? Lorsque le lendemain une grande réception est organisée avec tous les amis de la famille, l’inquiétude de Chris devient de plus en plus prégnante, au rythme des petits incidents, des regards et des remarques maladroites.
Contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou là, il ne s’agit pas d’un film sur le racisme à proprement parler… On pourrait presque dire que c’est le contraire, encore que la meilleure façon de comprendre, c’est voir le film ! La toute première séquence du film, d’ailleurs, propose une fausse piste qui donne le ton !
Personnellement, je trouve que les deux premiers tiers du film sont les meilleurs, tant que l’on est dans le point de vue de Chris et que l’on hésite, voire que l’on ne comprend pas les intentions des personnages (notamment les domestiques, géniaux dans leur genre) et que l’on s’interroge sur son degré de paranoïa. La dernière partie est elle aussi jouissive dans son genre, mais n’est pas aussi intense psychologiquement. Cela dit, la spectatrice assise à côté de moi a été hyper-réceptive et réactive : âmes sensibles, s’abstenir !
Il existe par ailleurs une fin alternative au film déjà trouvable sur le net (plus cynique que la version que vous verrez en salle) et qui est à mon avis plus intéressante sur le plan réflexif et concernant la satire sociale et morale. Mais je préfère vous laisser vous faire votre propre avis.
Bref, si vous voulez être agréablement surpris (et un peu effrayés), je vous recommande vivement d’aller voir ce film dont vous croirez rapidement avoir tout compris, et puis non ! Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si ce film est déjà le deuxième film d’horreur le plus rentable des Etats-Unis. Ensuite, n’hésitez pas à revenir nous dire ici si vous avez été séduits… ou glacés d’effroi.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Je viens de le regarder ce soir ! J’ai vraiment bien aimé, je dois dire que le côté totalement WTF de la dernière partie c’est un grand oui pour ma part ! Je pars en quête de la fin alternative font tu parles, ça m’intrigue fortement
Oui, quand j’y repense, je me dis que c’était vraiment un très bon film ! Globalement, la filmographie de Jordan Peele me plaît beaucoup. C’est un réalisateur que je continue de suivre à chaque film.