C’est un événement ! Pour la rentrée théâtrale, le Théâtre du Grand Rond donne carte blanche à Denis Rey jusqu’au 10 septembre. Il jouera successivement deux de ses spectacles phares de ces dernières années : Gros-Câlin et L’Angoisse du roi Salomon, deux textes formidables écrits par Romain Gary.
Ces spectacles, nous les avions vus lors de leur création au Théâtre du Pavé en 2019 et 2022. On avait été emballé !
Gros-Câlin, un python s’invite au Théâtre du Grand Rond
Jusqu’au 3 septembre, c’est Gros-Câlin qui est à l’affiche.
Gros-Câlin, c’est l’histoire d’une cohabitation étonnante. Celle de Monsieur Cousin et de son python prénommé… Gros-Câlin. Gros-Câlin c’est l’histoire d’une tendresse à combler, d’un Paris trop grand pour un statisticien trop timide. Gros-Câlin, c’est le récit labyrinthique d’une solitude, l’histoire d’un homme qui se débat dans une vie qu’il voudrait joyeuse. Au plateau, Denis Rey accompagné d’une simple chaise, nous embarque magistralement dans cette histoire émouvante et terriblement humaine.
Théâtre du Grand Rond
Avec seulement une chaise comme décor et accessoire, Denis Rey fait vivre tous les personnages et principalement ce Monsieur Cousin, un homme lunaire et pathétiquement seul. Quelle idée d’avoir pris pour animal de compagnie un python ? Y a-t-il un animal qui soit moins chaleureux ? Telles sont les questions récurrentes auxquelles Monsieur Cousin devra répondre à chaque nouvelle rencontre (un prêtre, un commissaire de police, des voisins, des collègues, etc.). Mais évidemment, les réactions de Monsieur Cousin sont toujours complètement inattendues et nous font tordre de rire (un peu comme son python, en fait !).
Si vous aimez l’écriture de Romain Gary, vous aller adorer l’ironie mordante de cette comédie (qu’il avait signée à l’époque du nom d’Émile Ajar).
L’Angoisse du roi Salomon, à partir du 6 septembre
Créé plus récemment, ce deuxième seul en scène sera à l’affiche du 6 au 10 septembre.
Le jour où Jean voit monter dans son taxi, Salomon Rubinstein, le Roi du pantalon, une étonnante aventure commence. On croise la grande Cora Lamenaire, ancienne chanteuse réaliste, une douce libraire, un concierge un tantinet rugueux, mais aussi un Américain pointilleux… L’Angoisse du Roi Salomon n’est pas la suite de Gros-Câlin, même si on peut y voir un écho non dissimulé. La langue de Gary et la poésie qui s’en dégage sont un vrai régal pour nos oreilles et on ne se lasse décidément pas de l’incroyable performance de Denis Rey.
Théâtre du Grand Rond
Le décor est minimaliste également dans cette deuxième pièce : un porte manteaux et une chaise à roulettes sont les seuls accessoires en place. Cela suffit pourtant à Denis Rey pour incarner tour à tour chacun des protagonistes de cette histoire tendre et drôle.
Je me laisse penser par les personnages, je me laisse hypnotiser par eux, dans cette fringale que j’ai de vivre une multiplicité de vies différentes – les plus différentes possibles. C’est un processus de mimétisme qui est au fond celui d’un acteur… Je pense d’ailleurs que tout romancier est un auteur-acteur.
Romain Gary, La Nuit sera calme
On retrouve dans cette histoire tout l’humour de Romain Gary. C’est souvent mordant, mais cela fait toujours mouche. J’étais présent à la première du spectacle lorsqu’il fut créé au Théâtre du Pavé au printemps dernier et les rires fusaient, car il faut bien dire que cette galerie de personnages est truculente.
Comme dans Gros-Câlin, on ressent dans L’Angoisse du roi Salomon cet espèce de décalage entre les personnages incarnés par Denis Rey et le monde dans lequel ils vivent. Un peu comme s’ils étaient toujours à côté de leurs pompes. Mais c’est peut-être ce qui les aide à vivre et à supporter ce que le réel a d’intolérable.
Alors, quelle pièce de Romain Gary avec Denis Rey irez-vous voir au Théâtre du Grand Rond ? Gros-Câlin ? Ou bien L’Angoisse du roi Salomon ? Ou pourquoi pas les deux ? On vous recommande d’ailleurs un bon plan : une place achetée pour Gros-Câlin vous donne accès au Tarif Réduit pour L’Angoisse du roi Salomon sur présentation de votre première place en billetterie. Ce serait dommage de laisser passer ça, non ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.