Pour le premier Happy Hour de 2024, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse a innové en proposant un concert uniquement interprété par les percussionnistes. Xylophones, tambours, caisses, gongs, maracas, tambourins, vibraphones et j’en passe… Toute la famille des percussions était sur scène pour un spectacle d’1h30, en rythme et en bonne humeur.
Un concert 100% percussions, une nouveauté qui a su séduire !
Les percussions sont des instruments qui accompagnent l’orchestre mais qui sont rarement mis au premier plan. D’ailleurs, il suffit de regarder l’agencement des instruments sur une scène lors d’un concert : les percussions sont toujours en dernière ligne. Il n’y a guère que le Boléro de Ravel où la percussion ait le premier rôle. Pourtant, les percussions peuvent tout jouer, si l’on se donne la peine de retranscrire pour elles les partitions et autres symphonies.
Les percussions offrent une vaste palette sonore allant des tambours aux marimbas en passant par les cymbales et les xylophones. Chaque instrument offre une texture sonore distinctive, permettant une exploration musicale riche et variée, et c’est précisément ce que les musiciens ont voulu montrer avec ce programme éclectique où furent convoqués les grands compositeurs du siècle dernier et d’aujourd’hui : Maurice Ravel, Jason Treuting, Philip Glass, John Psathas, Elliot Cole, Thierry de Mey et Arturo Márquez.
Avec leurs sonorités riches et diversifiées, les percussions sont le cœur battant de l’orchestre. Sous la direction d’Aurélien Hadyniak, timbales, castagnettes, grosses caisses, vibraphones, marimbas et triangles quittent le fond de la scène et nous enchantent dans des arrangements d’œuvres […] ou encore des compositions contemporaines qui témoignent de l’immense palette de couleur de cette grande famille, très attachante !
Programme du concert “Happy Hour avec les percussions”
Une telle programmation 100% percussions était inédite dans l’histoire de l’orchestre et cette initiative fait extrêmement plaisir : d’ailleurs, il ne restait plus une seule place de libre pour ce concert à la Halle aux Grains, preuve que ce programme a suscité un véritable engouement !
Christophe Dewarumez au meilleur de sa forme
En maître de cérémonie, Christophe Dewarumez – percussionniste historique de l’ONCT depuis 1985 – a animé la soirée avec la gouaille et l’humour qu’on lui connaît ! Quel plaisir de l’écouter nous raconter les anecdotes de l’orchestre et les subtilités de sa famille d’instruments.
Pour l’occasion, il était entouré des percussionnistes actuels de l’Orchestre du Capitole ainsi que de nombreux amis venus en renfort, soit 15 musiciens simultanément sur scène. Pour mettre en valeur ces nombreux instruments et les faire résonner dans la Halle aux Grains, on ne pouvait rêver mieux !
L’hommage rendu à Michel Plasson – chef historique de l’Orchestre, irremplaçable dans les cœurs des Toulousains – et aux anciens percussionnistes de l’ONCT (comme Bernard Sabatini, invité momentanément sur le devant de la scène) nous a forcément rappelé les grandes heures de l’orchestre avec un petit pincement au cœur…
Philip Glass et Thierry de Mey, mes coups de cœur
Les percussionnistes sont souvent des virtuoses capables de jouer une grande variété d’instruments. Le spectacle d’un seul musicien passant d’un tambour à une cloche tubulaire peut être fascinant à regarder. Dans un tel concert, l’aspect visuel est souvent aussi captivant que l’aspect auditif. À ce titre, j’ai particulièrement aimé découvrir Silence must be de Thierry de Mey, un concerto pour chef d’orchestre interprété magistralement par Aurélien Hadyniak. Face au public, dans un silence quasi religieux, le maestro exécute les mouvements de la partition pendant 6 minutes hypnotiques. Je n’avais jamais entendu un silence aussi musical !
L’autre moment que j’ai adoré dans ce concert, c’est lorsque 4 musiciennes ont interprété Japura River de Philip Glass avec des récipients remplis d’eau… Je n’avais jamais entendu ces sonorités dans les concerts auxquels j’avais assisté par le passé. C’est vraiment onirique.
Avec cet Happy Hour, les percussionnistes de l’ONCT ont prouvé que, malgré l’absence d’instruments mélodiques traditionnels, ils peuvent exprimer une large gamme d’émotions, allant de la joie & la célébration à la mélancolie & la contemplation. En somme, ces incroyables musiciens nous ont offert une expérience musicale inédite et délicieuse, qui a ravi nos sens et su élargir notre horizon musical.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.