Voilà une drôle de pièce de théâtre… Après avoir écrit une “pièce noire”, Tous des vaincus, Olivier Py voulut s’essayer à la comédie avec Illusions comiques. Toute ressemblance avec une pièce de Corneille (L’illusion comique) n’est absolument pas fortuite, même si l’on retrouve surtout l’influence de Molière et son Impromptu de Versailles.
Une troupe de comédiens s’apprête à créer son nouveau spectacle, quand le poète (Olivier Py himself) est appelé par les plus hautes sphères de l’Etat pour sauver la République, le monde, l’univers ! grâce au théâtre et la puissance du poème dramaturgique ! Rien que ça ! Py s’imagine conseiller le ministre de la culture, le président de la République, le Pape et pourquoi pas Dieu en personne ! Avant que la roue ne tourne et que la pièce ne vire au pugilat.
Dans sa joyeuse troupe théâtrale, on retrouve Olivier Balazuc (dans le rôle d’Olivier Balazuc), Philippe Girard (dans le rôle de Philippe Girard), Elisabeth Mazev (dans le rôle d’Elisabeth Mazev) et Michel Fau (dans le rôle de Michel Fau). Les acteurs s’amusent à jouer leur propre rôle, avec ou sans complaisance.
La pièce devient tout à fait vertigineuse lorsque Michel Fau incarne la tante d’Olivier Py, Tante Geneviève, une vendeuse en confiseries qui décide du jour au lendemain de prendre des cours de théâtre. Elle décide alors, pour lui donner quelques leçons, de s’adresser à… Michel Fau !! Ainsi assistons-nous à un cours de théâtre donné par Michel Fau à une Tante Geneviève jouée par lui-même !! La situation est tordante et idéale pour dénoncer les illusions théâtrales qui sont le sujet central de cette pièce.
Car si Py a choisi “Illusions comiques” en guise de titre, c’est bien parce qu’il compte dénoncer toutes les formes d’illusions : illusions d’optique, illusions métaphysiques, mais aussi illusions perdues, politiques, théâtrales, etc.
Au-dessus de cette pièce flotte une ultime référence : le dramaturge Jean-Luc Lagarce, ami de Py à qui la pièce est dédiée. Dans la pièce, il n’est pas nommé explicitement, c’est “le poète mort trop tôt” et, au-delà d’un hommage, cela entraîne une réflexion sur le rapport du théâtre et de la poésie à la mort.
En dépit de ses qualités, on peut reprocher à la pièce de traîner en longueur, d’être trop bavarde, de dire aussi beaucoup d’âneries sur le théâtre (interminable scène finale où les acteurs récitent 100 définitions du théâtre plus crétines les unes que les autres). Illusions comiques ressemble à une longue déclaration d’amour au théâtre… et comme souvent en amour, on dit aussi beaucoup de conneries. Alors quand en plus on s’appelle Olivier Py, ça prend des proportions incommensurables.
Et vous, avez-vous lu ou vu Illusions comiques ? Qu’en avez-vous pensé ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.