Recommandée par plusieurs personnes de mon entourage, It’s a Sin est une mini-série que j’ai regardée cette semaine grâce au replay de France 2. Cette série a un format comme je les aime : 5 épisodes seulement avec un début, un développement et une fin. Pour info, It’s a Sin a obtenu une note de 4,9/5 étoiles sur Google, c’est dire à quel point elle a su captiver, convaincre et émouvoir les spectateurs. Il faut pourtant préciser que le sujet n’est pas anodin. À l’instar des films Philadelphia, 120 battements par minute ou bien les pièces The Normal Heart et Angels in America, cette mini-série aborde le douloureux sujet du Sida dans l’Angleterre des années 1980. Préparez vos mouchoirs…
It’s a Sin, l’art de traiter d’un sujet sérieux avec légèreté
Au cœur de cette série, le sujet de l’épidémie du Sida est abordé avec une délicatesse surprenante. On suit au jour le jour une bande de copains (essentiellement des gays) qui vivent dans l’insouciance qui sied si bien aux gens de cet âge. Tous nés dans les années 60, ils sont dans la vingtaine quand l’épidémie de Sida éclate et commence à être médiatisée (notamment avec la mort de l’acteur américain Rock Hudson en 1985). Mais tout cela est encore nouveau et teinté de fausses croyances, de déni, d’homophobie… si bien que personne ne sait vraiment comment réagir quand les premiers cas apparaissent dans la communauté homosexuelle de Londres.
It’s a Sin nous fait suivre la bande de potes comme si on en faisait partie. Il y a d’abord Ritchie (Olly Alexander) qui est l’insouciance incarnée, Colin (Callum Scott Howells) le naïf introverti, Ash (Nathaniel Curtis) le beau-gosse, Roscoe (Omari Douglas) hanté par les croyances de sa famille d’origine nigériane, et Jill (Lydia West) la fille à pédés militante. Une ribambelle de personnages secondaires aussi hauts en couleur gravite autour de ces héros, comme le tailleur Henry Coltrane (Neil Patrick Harris, que j’avais adoré dans Uncoupled).
Malgré la gravité du thème, le récit parvient à alléger le poids de la narration en offrant une alternance de scènes joyeuses et de moments plus graves. D’ailleurs, si je vous dis que la série It’s a Sin a été écrite par Russell T Davis à qui l’on devait la cultissime série Queer as Folk entre 1999 & 2000, est-ce que ça vous étonne ?
Des souvenirs émouvants d’une période difficile
À travers les méandres de l’intrigue, se dessinent les souvenirs d’une période sombre et difficile qui a profondément marqué nos vies. Les émotions affleurent alors que nous revivons ces moments avec une intensité bouleversante. Cette réussite tient beaucoup aux comédiens, qui portent haut les personnages qu’ils incarnent. Comment ne pas être touché par la trajectoire de ces jeunes qui n’ont pas eu le droit de profiter jusqu’au bout de leur jeunesse et de leur insouciance ?
Bien sûr, pour celles et ceux qui connaissent un peu la culture queer, vous savez que les gays ont une volonté à toute épreuve et sont capables de transformer en fête même les pires drames. Ainsi, les combats les plus difficiles sont menés en musique, avec des arcs-en-ciel et toujours beaucoup de fierté (la saison 1 de Drag Race France en avait fait une très belle démonstration). Que ce soit la lutte contre l’homophobie ou celle contre la maladie, rien ne peut empêcher des gays de faire la fête tout en gardant la tête haute.
La BO de la série, remplie de tubes des années 80, est d’ailleurs un régal dans chaque scène : Duran Duran, Kate Bush, Joy Division, Kim Wilde, Queen, Wham!, Orchestral Manoeuvres in the Dark ou encore R.E.M… ils sont tous présents ! Le titre de la série est d’ailleurs une référence directe à une chanson des Pet Shop Boys, qui se passe de traduction.
L’insouciance et le courage face à l’adversité
It’s a Sin met donc en lumière l’insouciance de la jeunesse, qui brave les conventions pour se libérer, même au risque d’affronter une menace alors méconnue : le VIH. Cette jeunesse audacieuse défie les normes de la société, faisant face à une adversité terrifiante avec un courage inspirant. D’ailleurs, on reconnait parfaitement les décors et les personnages comme si on y était !
On ne peut donc que saluer l’initiative louable de France 2 d’avoir remis en lumière cette série sortie en 2021 sur Channel 4 en Angleterre et sur Canal Plus en France la même année. En s’emparant de sujets aussi cruciaux, ces chaînes démontrent ainsi leur engagement pour une lutte essentielle et rend en même temps un magnifique hommage aux milliers de victimes de cette épidémie, en leur restituant l’humanité et la beauté dont a trop voulu les priver dans les si difficiles années 80.
Bien que le Sida demeure encore aujourd’hui une réalité, il est réconfortant de constater les progrès accomplis dans sa prise en charge. It’s a Sin nous fait prendre la mesure de ces progrès, tant dans le regard que l’on porte sur les malades que celui porté sur les homosexuels de manière générale.
À travers le personnage de Jill – qui est l’un de ceux que j’ai préférés dans la série – It’s a Sin rend aussi hommage à toutes celles et tous ceux qui, par leur dévouement, contribuent à réconforter les malades et à faire avancer la recherche ou le regard de la société. Leurs efforts inlassables sont une source d’inspiration et de gratitude pour tous ceux touchés par la maladie.
En conclusion, cette série remarquable nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, il existe toujours une lueur d’espoir (ça, c’est un peu la leçon qu’on peut tirer de tous les récits gays, non ?). Elle nous invite à croire en la force de la résilience humaine et en notre capacité à surmonter les obstacles. Si vous n’avez pas encore vu It’s a Sin, profitez-en tant que la série est encore accessible gratuitement sur le replay de France télévision. C’est incontestablement un must see.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Merci pour ta critique, très clairement je regarde ! Surtout que Queer as folk <3 D'une manière différente, j'ai été tellement chamboulée par la saison 11 d'American Horror Story...