L’année 2022 a commencé assez richement sur le plan culturel. Entre les spectacles, les films et les lectures, on a eu une excellente entrée en matière. Pourvu que les 11 mois à venir soient à l’image de ce mois de janvier. C’est parti pour notre bilan culturel !
West Side Story, de Steven Spielberg
Peut-on refaire un chef-d’œuvre ? La réponse est incontestablement “oui” à bien regarder le travail effectué par Steven Spielberg avec West Side Story. En reprenant le grand classique de Broadway et en le réadaptant au cinéma 60 ans après Jerome Robins et Robert Wise, Spielberg prouve qu’aucun défi n’est irréalisable. Nous étions nombreux à aller voir ce film à reculons avec un fort a priori. Toutes les craintes ont été balayées par le casting magnifique, la musique savamment réinterprétée et la mise en scène brillantissime.
Don’t look up : déni cosmique, de Adam McKay
Charlotte vous a parlé de ce film avec enthousiasme ici. Pour ma part, j’ai regardé ce film comme une grosse farce. Les procédés ne sont pas très fins, mais la force de ce film est de faire porter un discours assez grossier par des interprètes prestigieux (Leonardo DiCaprio, Cate Blanchett, Meryl Streep, Jennifer Lawrence…) pour élever la comédie au-dessus de la simple blague potache. Ce n’est pas un grand film militant et engagé comme on a pu le lire parfois, mais c’est clairement une farce grinçante qui fonctionne du tonnerre.
Evgeny Kissin
Invité à la Halle aux Grains pour entendre ce grand interprète, nous avons passé une soirée délicieuse en compagnie de ce pianiste virtuose qui joua Beethoven, Chopin et Mozart… Une preuve que le public a été emballé : il y a eu 5 rappels ! Evgeny Kissin est indéniablement un musicien aussi généreux que talentueux.
La Misanthrope, d’après Molière par Francis Azéma
2022 est une année importante, le mois de janvier marquait les 400 ans de la naissance du grand dramaturge. Dans ce contexte, Francis Azéma nous a proposé une revisite de l’un de ses plus grands classiques en transposant au féminin Le Misanthrope. Ici, Alceste est une femme et Célimène un homme.
Alors que le théâtre de Molière est essentiellement masculin, la démonstration est faite que les grands rôles sont universels et peuvent être endossés par des femmes. En revanche, je n’ai pas trouvé que le propos de la pièce en était fondamentalement transformé. Pour Célimène, j’ai même trouvé que le personnage perdait un peu en consistance en étant masculinisé. Mais l’expérience était néanmoins très intéressante !
Hélène Grimaud
Quel beau concert ! Probablement le plus beau concert de piano que j’aie vu dans ma vie. Hélène Grimaud, après plusieurs reports de son concert pour des raisons sanitaires, a enfin pu jouer son programme à la Halle aux Grains. En l’occurrence, il s’agissait des pièces que l’on retrouve sur son album Memory : Silvestrov, Debussy, Satie et Chopin. Depuis, je le réécoute quotidiennement avec délectation et vous le recommande chaleureusement.
1984, par Xavier Coste
Encore une œuvre réputée inadaptable : 1984 ! Le chef-d’œuvre de George Orwell est transposé avec force par Xavier Coste en bande dessinée. C’est dense, mais l’univers visuel correspond parfaitement à ce que j’avais en tête en lisant le roman. L’adaptation fait inévitablement des coupes dans le récit mais a su conserver la substantifique moëlle de ce récit et l’enrichir par son graphisme et ses couleurs. Une BD idéale pour découvrir 1984 si vous ne connaissez pas cette histoire, ou la redécouvrir si vous l’aimez déjà !
Anéantir, de Michel Houellebecq
Charlotte vous avait parlé avec scepticisme du roman Sérotonine il y a quelques temps. C’est à mon tour de vous parler de Michel Houellebecq avec le roman qu’il a publié ce mois-ci : Anéantir. Mais contrairement à Charlotte, je n’ai absolument aucune réserve sur ce livre. Ce sont 730 pages qui m’ont totalement happé et dont j’ai apprécié chaque chapitre.
Le sujet pourtant n’est pas facile : la fin de vie, la préparation au deuil, les effets sur la famille et le couple… J’ai trouvé que chacune de ces questions était abordée avec beaucoup de justesse, de nuance, et un fort parti pris politique. Comme toujours, il m’a semblé que Houellebecq frappait fort et juste, sans se départir de son style plein de douceur.
J’avais déjà été convaincu par ses romans précédents, mais je dois dire qu’Anéantir fait désormais partie des romans que je préfère dans sa bibliographie. Et vous, avez-vous déjà lu des romans de Michel Houellebecq ? Qu’en pensez-vous ?
Et vous, votre mois de janvier, à quoi a-t-il ressemblé sur le plan culturel ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
Je me note quand même de lire Anéantir à l’occasion !