L’année commence sous de bons auspices, avec quelques jolis spectacles vus et de belles lectures. Comme le veut la tradition, nous terminons donc ce mois de janvier par un petit bilan culturel. Et vous, qu’avez-vous vu et lu pour bien démarrer l’année 2024 ?
Le Songe, d’après William Shakespeare par Gwenaël Morin
J’entendais parler de Gwenaël Morin depuis plusieurs années mais n’avais pas encore eu l’occasion de voir l’un de ses spectacles. Les images qui m’étaient parvenues du Songe, sa dernière mise en scène inspirée de Shakespeare, ne m’avaient pas particulièrement séduit. Je suis donc allé voir cette pièce avec un enthousiasme très modéré et une curiosité certaine.
Finalement, j’ai A-DO-RÉ cette façon de revisiter Le Songe d’une nuit d’été avec quatre comédiens et un minimum de moyens (trois fois rien de costumes, de décors, d’effets techniques). Ce spectacle a su capter la quintessence du théâtre et donner à voir ce que j’aime le plus au théâtre : du jeu, du jeu et encore du jeu !
Pas de doute, désormais quand je verrai le nom de Gwenaël Morin dans une programmation, je ne laisserai pas passer l’occasion d’aller voir son travail !
Il n’y a pas de Ajar, de Delphine Horvilleur, par Johanna Nizard
J’ai adoré ce seul en scène dans lequel Johanna Nizard incarne le fils d’Émile Ajar, double fictif de Romain Gary. Ce drôle de mec nous raconte sa vie, ses doutes, les affres de l’identité et cette obsession moderne pour la définition du « moi ».
Nommée aux côtés de Mehdi Djaadi pour le Molière du meilleur seul·e en scène en 2023, Johanna Nizard, qui porte les mots de la rabbine Delphine Horvilleur, aurait parfaitement mérité la récompense ! Ces deux nominations prouvent en tous cas que les questions de l’identité et de l’appartenance religieuse sont bien au cœur des grandes préoccupations contemporaines.
La Haye, de Sasha Denisova par Galin Stoev
Le spectacle a été encensé par la critique. En effet, mettre en scène le procès fictif de Vladimir Poutine et de son entourage alors que la guerre en Ukraine sévit toujours et est loin de connaître son terme, c’est culotté. En revanche, qu’apprend-on de plus dans ce spectacle sur les mécanismes d’une dictature et les dessous d’une guerre ? Pas grand chose que l’on ne savait déjà…
J’ai suivi le spectacle sans m’ennuyer mais je suis ressorti avec le sentiment de ne pas avoir entendu un grand texte, ni vu une grande proposition scénique… Bref, je ne me suis pas du tout retrouvé dans les excellentes critiques qui ont fleuri ici et là et ont salué le caractère exceptionnel de ce spectacle.
Fuites d’encre, de Bertrand Mathieux
Excellent raconteur d’histoires, Bertrand Mathieux est de retour avec un deuxième recueil de nouvelles. Comme à son habitude, il crée des univers à la fois réalistes et mystérieux, dans lesquels les sentiments, les souvenirs et les pensées entrent en confusion. J’ai adoré cette écriture qui nous embarque dès les premiers mots et cette vérité dans la réflexion. Un auteur à suivre, donc !
Fables, livres VIII et IX de La Fontaine
Classique entre les classiques, La Fontaine est un auteur dont on ne se lasse jamais de relire les Fables. Dans les livres VIII et IX, le fabuliste continue de nous régaler de ses vers espiègles et piquants. Ce sont des livres que j’ai d’ailleurs faits lire à des adolescents cette année, et ils ont adoré à quel point les morales de La Fontaine entrent en résonnance avec l’époque contemporaine, les grandes préoccupations de notre temps et combien la satire sociale est encore très juste… Voilà pourquoi, selon moi, La Fontaine est un intemporel qu’il faut toujours garder à portée de main !
Voilà pour ce petit bilan de janvier. Ça commence gentiment, mais je ne doute pas que les 11 prochains mois de 2024 seront à la hauteur de cette promesse de début d’année. Et vous, quels sont vos projets culturels pour les mois à venir ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.