Avec 10 spectacles et 2 lectures, l’année 2025 a plutôt bien commencé. C’est parti pour le bilan culturel du mois de janvier.
Cosmos, de Kevin Keiss & Maëlle Poésy
Très beau spectacle sur les Mercury 13, un groupe de femmes formées au USA pour devenir astronautes. La pièce mêle récits, chants, danse, voltige… bref, une proposition hybride comme on les aime, sur un sujet peu connu.
Women in Troy as told by our mothers, de Tiago Rodrigues par Tood Paard
Le rapport des femmes à la guerre, c’est ce que raconte cette Iliade réécrite du point de vue des personnages féminins. Je n’ai pas été particulièrement charmé par cette mise en scène statique et cette scénographie un peu moche, mais comme toujours avec Rodrigues, le texte est beau et c’est ce qui permet qu’on reste accroché, c’est déjà ça.
Trois petits cochons, les monstres courent toujours, de Marion Pellissier
Quel bordel ! La proposition est sympa par endroits, mais à force de ruptures dans le rythme et dans la narration, la pièce finit par donner l’impression de durer 4h30 (pour 1h45 réelles). Le thème est original : deux sœurs et un frère (trois petits cochons) poursuivis par un cannibale (le loup) qui terrorisa jadis leurs parents. Les scènes de tension sont très réussies, mais dans l’ensemble, l’essai n’est pas transformé. Dommage.
20 000 lieues sous les mers, de Christian Hecq et Valérie Lesort
Spectacle pour enfants assez gentil. Ça ne pousse pas loin la comprenette et sur le plan des marionnettes (toutes les créatures marines), on a déjà vu des spectacles bien plus impressionnants. Néanmoins, la magie opère dans cette adaptation très simplifiée du chef-d’œuvre de Jules Verne.
Je préfère regarder par la fenêtre, de Lucie Lataste
Bam ! À chaque fois que le Théâtre de la Cité ouvre ses portes au théâtre en LSF, ça fait mouche ! Dans Je préfère regarder par la fenêtre, le spectacle n’est pas simplement doublé, il est réellement bilingue. Les personnages s’expriment en LSF et les pensées de l’héroïne sont portées par une voix off. Deux manières de raconter la même histoire. C’est assez fascinant. De plus, la scénographie et la lumière sont magnifiques.
Orphée aux Enfers, de Jacques Offenbach par Olivier Py
Laissez le cerveau à la maison et venez rire, Orphée aux Enfers est une farce dans la plus grande tradition. Métamorphoses, adultères, chansons potaches, french cancan, tout est fait pour passer une bonne soirée et oublier pendant 2h40 les marasmes du quotidien. Et ça fonctionne !
Caligula, d’Albert Camus par Jonathan Capdevielle
Quand on va voir un spectacle de Jonathan Capdevielle, on sait que ça ne va pas être consensuel. Comme à son habitude, il convoque le mauvais goût, la gène et la provocation. Lorsque nous avions vu Adishatz en 2018, une partie du public avait quitté la salle au bout de 10 minutes. Rebelotte avec Caligula. Esthétique queer décadente, jeu d’acteur·ices faux, marionnette avec les couilles d’un comédien, scènes qui se jouent derrière le décor… Bizarrement, tout cela fonctionne dans l’univers absurde et nihiliste de Caligula, mais c’est pour un public très averti.
Notable : la présence de Dimitri Doré dans la distribution, vu dans Wozzeck de Michel Fau à l’Opéra du Capitole et dans Pleure pas Gabriel au cinéma.
La réunification des deux Corées, de Joël Pommerat
Cela faisait plusieurs années que je voulais voir La Réunification des deux Corées, spectacle dans lequel Joël Pommerat explore à travers une vingtaine de saynètes des situations de couple. Drôles, inquiétantes, émouvantes, poétiques… Toutes les scènes font mouche. La lumière sculpte l’espace avec précision et magie. Un spectacle que je suis ravi d’avoir vu.
Scoop : on me dit dans l’oreillette que le spectacle pourrait être de retour à Toulouse pour la saison 2025-2026 d’un grand théâtre. Restez sur le qui-vive, les places pourraient s’écouler comme des petits pains…
Olympe de Gouges, la parole décapitée, de Dominique Bru
Dominique Bru continue sa tournée des lycées pour parler d’Olympe de Gouges, autrice inscrite au programme du bac de français. La comédienne incarne l’intellectuelle et révolutionnaire lors de son procès en 1793, suite auquel elle sera décapitée.
Pour celles et ceux que le sujet intéresse, Dominique Bru jouera ce spectacle le vendredi 7 mars 2025 aux Archives départementales de la Haute-Garonne (11, boulevard Griffoul-Dorval) dans le cadre de la semaine pour l’Égalité et des Droits des Femmes.
Okina, de Maxime Kurvers
Après Quatre questions à Yoshi Oïda que nous avions vu en septembre 2024, Maxime Kurvers était de retour ce mois-ci au Théâtre Garonne avec la comédienne japonaise Yuri Itabashi pour parler d’Okina, une pièce de nō qui ne peut être jouée que par des hommes.
Dans la méthode, ce spectacle m’a beaucoup fait penser aux pièces de François Gremaud (Phèdre !, Giselle…, Carmen., Allegretto, Aller sans savoir où) dans lesquelles on nous parle d’un classique sous forme de conférence théâtralisée, et ce faisant, on finit par nous faire voir un autre spectacle. Ainsi, après avoir vu Okina de Maxime Kurvers, vous n’aurez pas réellement assisté à un Okina de nō (c’est à dire un rituel shintoïste fortement codifié), mais vous en aurez un peu saisi l’essence. Malin.
Fort Alamo, de Fabrice Caro
Un anti-héros, comme toujours avec Fabrice Caro, se rend compte un beau jour que les gens qui l’irritent meurent. Il n’y a pas d’explication rationnelle, et pour Cyril, le personnage principal de Fort Alamo, finit par être convaincu que c’est son irritation qui tue les êtres qui l’exaspèrent. Ajoutez à cela la vente difficile de la maison de sa mère dont il ne parvient pas à faire le deuil, et vous aurez une œuvre qui flirte aussi bien avec la drôlerie que la mélancolie. Vite lu, pas ouf, mais un moment agréable de lecture et de divertissement.
Une chambre à soi, Virginia Woolf
Dans cet essai devenu célèbre, Virginia Woolf tente de comprendre pourquoi les femmes sont si peu représentées dans les domaines de l’art, de la production littéraire, philosophique et intellectuelle. Elle décortique alors comment les conditions matérielles, les stéréotypes et les préjugés ont empêché les femmes de s’illustrer dans ces domaines et comment l’humanité s’est privée pendant des siècles de la contribution de 50% de l’humanité.
Et vous, qu’avez-vous vu et lu d’intéressant pendant le mois de janvier ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.