Dune. Un roman culte de la SF, de surcroît le plus lu au monde ! Charlotte nous en parlait ici-même en 2014, alors qu’elle avait lu le premier tome – sobrement intitulé Dune – et sa suite, Le Messie de Dune.
Si la saga a déjà connu plusieurs adaptations en long-métrage ou en série de téléfilms (très loin de faire l’unanimité), il en est une qui est mythique entre toutes : celle du franco-chilien Alejandro Jodorowsky en 1975. Il s’agit probablement du film de SF le plus ambitieux de tous les temps, mais c’est surtout un film qui est entré dans l’Histoire… pour n’avoir jamais été tourné ! De quoi cristalliser moult fantasmes / regrets / espoirs (rayez les mentions inutiles).
Si la légende de ce non-film est connue, c’est la première fois qu’un documentaire projeté dans nos salles de cinéma est consacré à sa genèse. A la manière de Lost in la Mancha (le documentaire sur le tournage impossible de L’homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam), le cinéaste et ses collaborateurs reviennent sur les nombreux obstacles qui ont rendu ce passionnant projet irréalisable.
Pour vous donner une petite idée de ce que le film promettait, voici quelques éléments qui vont vous mettre l’eau à la bouche : imaginez Salvador Dali en Empereur de la galaxie (et Amanda Lear en princesse), Orson Welles en baron Harkonnen gargantuesque ou Mike Jagger en Feyd-Rautha Harkonnen… Le tout sur une musique de Pink Floyd et Magma, et un univers visuel issu de la collaboration de Moebius, Dan O’Bannon et H.R. Giger (les papas d’Alien, oui oui rien que ça !!!). L’ambition d’une telle réunion de talents : donner le jour à un film-prophète, une révolution cinématographique qui offrirait au spectateur l’expérience de toutes les drogues au cours d’un très-long métrage (d’une durée de 12 à 20 heures) !
On est deux ans avant Star Wars, épisode 4 de Georges Lucas et quatre ans avant le Huitième passager de Ridley Scott ! Et pourtant tout est déjà là, en gestation dans le projet de Dune : les combats futuristes à l’épée, les batailles cosmiques, les monstres psychédéliques et terrifiants… Bien que le film de Jodorowsky n’existe pas, le cinéma de SF semble tout lui devoir (car s’il ne fut jamais fixé sur pellicule, les storyboards et tous les croquis de préparation, eux, ont bien existé et circulé à Hollywood).
Ce qu’il y a de génial dans Jodorowsky’s Dune, c’est que malgré l’échec et malgré l’inaboutissement, le documentaire ne s’achève pas sur une note amère ! Fort de son optimisme, Jodorowsky nous rappelle que ce qui compte dans un projet, ce sont les rencontres qu’il déclenche et les espoirs fous qu’il génère (et qu’importe l’aboutissement, le projet reste une aventure intéressante en soi).
Si vous ne connaissiez pas Jodorowsky et son mythique projet d’adaptation de Dune, je vous recommande d’aller dans les salles voir ce reportage passionnant ou bien de vous tourner vers la géniale saga de bandes-dessinées dont il est l’auteur en collaboration avec Juan Gimenez : La Caste des Méta-Barons. Beaucoup des idées nées lors du projet Dune ont fini par trouver une autre forme de concrétisation dans ce chef-d’œuvre de la BD qui est, selon moi, l’une des meilleures dans le genre !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
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Dis donc, tu me donnes envie de voir ce documentaire !