Joël Dicker. L’auteur à la mode qu’il faut lire depuis quelques années. Et je me suis plutôt bien acquittée de cette tâche étant donné que je vous ai chroniqué ici son premier grand succès, La vérité sur l’affaire Harry Québert, ainsi que les suivants Le livre des Baltimore et La disparition de Stéphanie Maileg. C’était donc assez évident que je lise L’énigme de la chambre 622 dès que possible et que je vous en parle !
L’énigme de la chambre 622 : rien qu’au titre, on sait. Nous sommes donc sur une enquête policière, à travers un double récit. Notre premier personnage est Joël lui-même, rien que ça, qui suite à une rencontre fortuite pendant ses vacances dans un hôtel de son beau pays se retrouve à remonter le fil d’une enquête irrésolue. La vraie histoire c’est donc le retour sur un meurtre qui a eu lieu dans cet hôtel, le Palace Verbier, quelques années auparavant lors d’une grande soirée de la banque Ebezner. On suit donc en parallèle l’avancée des découvertes de Joël et sa compagne, ainsi que ses longues digressions sur son éditeur récemment disparu Bernard de Fallois, et surtout les intrigues au sein de la banque. Les protagonistes principaux sont Macaire Ebezner, l’héritier légitime de la banque, et sa femme Anastasia, le banquier talentueux Lev Levovitch, un homme d’affaire russe très mystérieux Ternogol.
Dès le début de la lecture de L’énigme de la chambre 622 de Joël Dicker, on sait qu’un meurtre a eu lieu et qu’on est donc face à un “whodunit” qui devrait nous tenir en haleine 😉 l’auteur est connu pour que ses romans soient des véritables “page-turners” et celui-ci ne fait pas exception à la règle pour tout ce qui concerne l’énigme autour de la banque Ebezner. Si le dénouement est trop long dans ses rebondissements (un peu la sensation que j’avais déjà eu dans La vérité sur l’affaire Harry Québert), tout le travail autour du meurtre et des longues années qui l’ont précédé est tout à fait captivant. Les va-et-vient entre les différentes époques est brillamment mené, et nous apporte des précisions touches par touches qui nous donnent encore et toujours envie d’en savoir plus sur l’origine et le destin des personnages. Si certains sont parfois un peu “grossiers” dans leurs portraits et motivations, l’ensemble fonctionne bien. Macaire Ebezner notamment est parfaitement incarné, un personnage ni héroïque ni minable qui ancre plus profondément l’histoire dans la réalité. Bref, une histoire fantaisiste, un peu outrée dans son dénouement, mais extrêmement prenante !
A côté de ça, le double récit. “L’Auteur” donc, mise en abyme du “vrai auteur lui-même” et sa compagne fantoche qui ne sert à a-bso-lu-ment rien. Pourtant ce procédé double récit m’avait séduit dans La vérité sur l’affaire Harry Québert, il apportait un vrai plus au roman, mais là… Je l’ai senti comme un prétexte d’écriture totalement inutile, avec une fin qu’on voit venir à 100 km. Pour le coup, les chapitres qui lui sont consacrés sont introduits aux forceps et n’ont d’intérêts que pour les rares éléments qu’ils apportent à l’enquête. Tout le reste, et surtout les apartés consacrés à son éditeur Bernard de Fallois (qui semblent relayer des faits tout à fait réels) sont inutiles, rendant ce double récit déjà peu crédible encore plus laborieux. Je ne sais pas s’il y a du second degré dans la manière dont Joël Dicker se décrit, en tout cas je ne l’ai pas perçu, et donc sa propre mise en avant du lui-même “Écrivain” (avec un grand É) transpire l’égo de l’auteur à succès dans sa petite sphère parisienne, arrosé au champagne et vivant une vie de luxe en attendant de vendre ses droits au ciné (mais avec l’angoisse du prochain roman quand même, la figure tourmentée de l’artiste qui se plonge complètement dans l’écriture du roman jusqu’à en devenir asocial, toussa toussa). Bref, une lecture qui selon ses chapitres m’a enthousiasmé et profondément ennuyé. Bizarre.
Je dois vous dire que je suis perplexe sur Joël Dicker. Vraiment. Vous le savez déjà, j’avais eu un coup de mou à la lecture de La disparition de Stéphanie Maileg, et mon sentiment s’est confirmé quand j’ai refermé L’énigme de la chambre 622. Si je reconnais à cet auteur un talent absolument indéniable pour créer des intrigues dont on veut absolument connaître la fin, je ne retrouve absolument pas la magie et la profondeur du Livre des Baltimore qui est de loin à mon avis son meilleur roman. Cela fait donc 2 romans que je ne comprends pas pourquoi cet auteur se cantonne à des énigmes policières en tant qu’intrigues principales, car pour moi clairement il peut faire totalement autre chose. C’est ce qui m’avait tant plu dans Le livre des Baltimore où “le Drame” est un support secondaire qui sert de prétexte à explorer la psychée des protagonistes d’une manière incroyable. Et d’un autre côté, L’énigme de la chambre 622 aurait TELLEMENT gagné à n’être QUE un roman policier vu l’inutilité du double récit… Bref. Perplexe je vous disais.
Vous avez lu L’énigme de la chambre 622 de Joël Dicker ? Vous en avez pensé quoi ? J’attends avec impatience votre avis !
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