De retour avec un livre primé, décidément après La vraie vie d’Adeline Dieudonné je reste dans le thème 😉 Pour autant, L’ordre du jour d’Eric Vuillard, qui a reçu le prix Goncourt en 2017, est un roman qui n’a absolument rien à voir avec le précédent. Paru aux éditions Actes Sud, il s’agit d’un court récit historique retraçant les grands évènements des années 1930 qui conduisirent à l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne.
Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l’Assemblée : mais bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y aura plus de président, et, dans quelques années, il n’y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants
En 160 pages, Eric Vuillard revient sur le devenir de l’Autriche alors que le Troisième Reich et la folie du régime d’Hitler se mettent en place en Allemagne dès 1933. Des ententes entre industriels allemands pour soutenir financièrement le régime, sainte Économie capitaliste avant de regarder le fond de l’idéologie nationale-socialiste. La rencontre entre le chancelier autrichien Kurt Schuschnigg et Hitler en 1938, mascarade diplomatique qui va aboutir inexorablement à un Anschluss déroutant à lire. Le livre s’achève bien avant la guerre mondiale qui va suivre, et notre connaissance de l’Histoire fait le reste pour établir les connexions entre les coulisses qui viennent de nous être décrites et les faits dramatiques que tout le monde connait.
Je dois vous l’avouer : j’ai lu L’ordre du jour à une période où j’étais très fatiguée et clairement je n’ai pas su apprécier l’écriture d’Eric Vuillard à la hauteur de son art. Plus exigeante que ce que j’ai lu dernièrement, j’ai eu un peu de mal à aller au bout de ce récit pourtant extrêmement court. L’ordre du jour est cependant un récit puissant, très clair, dont la concision et la prise de recul dans les événements historiques et leur enchaînement presque anodins nous questionnent sur la façon dont l’Histoire bascule. Le diable se niche dans les détails… et L’ordre du jour en est une parfaite illustration. C’est vraiment un livre que je vous recommande de lire avec votre cerveau bien disponible pour en apprécier le contenu passionnant !
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