Hier soir, j’ai été invitée par le théâtre du Capitole à assister à la répétition générale du ballet de Kader Belarbi, La Bête et la Belle, qui se joue d’aujourd’hui à dimanche.
Avant la représentation, nous avons eu l’occasion de discuter rapidement avec Christophe Ghristi et Kader Belarbi, directeur artistique et directeur de la danse du Théâtre du Capitole, du spectacle et des dernières actualités du Théâtre du Capitole. Julien avait déjà croisé le chemin du chorégraphe l’année dernière avant le cycle Dawson, Forsythe & Godani, mais pour ma part c’était une première. Il est toujours fascinant d’entendre un artiste parler de son oeuvre, et de sa mission au sein d’un établissement. Nous avons notamment parlé du retour du statut d’étoiles dans le ballet, Julie Charlet, Natalia de Froberville, David Galstyan et Ramoro Gomez Samon étant officiellement sacrés ce soir à l’issue de la première représentation.
La Bête et la Belle est un ballet de Kader Belarbi librement inspiré du conte bien connu, mais la subtile inversion dans le titre vous mettra sur la voie de l’ambition de l’artiste pour ce spectacle. C’est la Bête qui est la star du spectacle, pas le personnage en lui-même mais son animalité, ainsi que celle de la Belle qui se dévoile petit à petit. Kader Belarbi nous a présenté les deux actes de son ballet, la rêverie de la Belle qui quitte l’enfance à la découverte des premiers émois, de la sensualité et de la sexualité, puis celle de la Bête traquée. Après un tour en coulisses pour voir les préparatifs, place au spectacle !
Premier tableau, la Belle rêve dans sa chambre, s’enfouit sous une montagne de doudous qui tombe de son armoire de petite fille et la Bête apparaît… Que vous dire ? Quel choc avec ce premier tableau ! Je ne connais que peu le ballet contemporain, et là autant vous dire que j’ai pris en pleine face cette création. On plonge rapidement dans un univers fantasmagorique, extrêmement étrange, sexuel et dérangeant. Des danseurs aux costumes d’animaux tous plus bizarres les uns que les autres, une danse lascive et animale, un accompagnement musical étrange, un Elvis arrivant sur une trompe en exhibant une banane capillaire surdimensionné et un cache-sexe en coquillage argenté (oui oui !)… N’en jetez plus, l’image du ballet contemporain un peu WTF, un peu porno, est bien là. Et passé l’étonnement, je me suis surprise à être totalement scotchée. Il y a un côté malaisant qui est fascinant, l’impression de songe mi-rêve mi-cauchemar est là et le talent des danseurs porte ce discours affirmé. La bizarrerie se révèle autour de la Bête et la Belle et nous entraîne avec elle. Bizarre, osé, séduisant.
Début du second tableau, on part sur le rêve de la Bête, sur l’idée d’une chasse à courre. La danse débute d’une manière plus “classique” que le premier tableau (notez les guillemets sur le “classique”, on est loin de Giselle et des tutus 😉 ), puis d’un coup le corps de ballet arrive sur scène à 4 pattes, en costumes de chien, et là on bascule dans l’animalité brute. Ma culture chorégraphique est très limitée, mais cela m’a immédiatement renvoyé au fameux ballet L’après-midi d’un faune de Nijinski que j’avais un tout petit peu étudié il y a fort longtemps. Il y a une sensualité très naturelle qui ressort, accentuée par l’impression de nudité des danseurs. C’est du mouvement brut, animal, gracieux. On a une forme de tendresse, de poésie, très différente du premier tableau mais qui se développe paradoxalement grâce à ce premier acte. Il y a notamment une scène sous un filet impressionnante. Un très beau moment de danse.
Bref, vous l’aurez compris, cette Bête et sa Belle de Kader Belarbi m’a séduit, m’a fait découvrir le ballet sous un jour nouveau, même si je ne m’attendais pas du tout à cela ! Hâte de voir quelle surprise me réserve mon prochain spectacle de danse 😉
© David Herrero
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2 comments
Ca semble super !!! J’aurais aimé être à tes côtés pour voir ce ballet ! Vivement le prochain où nous irons ensemble, ton compte rendu donne très envie d’y aller !
Franchement c’était une très belle découverte !